Réveil
maelle-thma
Tu as l'air si seule, si triste, je n'arrive pas à détourner les yeux. Tu es trop absorbée par le monde. Je vois à quel point ça t'effraie, ça te ronge de l'intérieur. Peu importe ce que tu fais, tu te sens toujours aussi seule, aussi démunie face à toi-même. J'aimerais pouvoir te montrer que la vie est importante, qu'il y a énormément de chose à découvrir, de magnifiques paysages à contempler, des personnes incroyables que tu vas rencontrer au fil de ton voyage. Mais tu t'en fiche, n'est-ce pas ? Ce que je te dis n'a aucune importance pour toi. Tu préfères rêver nuit et jour d'un monde, qui, malheureusement n'existe pas. À quoi ressemble-t-il ? Est-ce que comme toi, il est tortueux ?
Je pense au contraire qu'il est sans soucis. Quand je te vois j'imagine un monde calme, où la douceur règne. Où il n'y aucune raison de ne pas aller bien, tout va pour le mieux. Peut-être, est-il constitué de vaste plaine, de forêt à perte de vue, aussi luxuriante que ton cœur. Ou bien il n'y a que des Océans, sans houle, sans courant, juste le bruit des vagues qui s'étalent sur les plages chaudes. Je comprends ton apaisement dans ce monde, dans ton monde. Il y fait doux. Mais c'est dangereux d'y rester trop longtemps, tu en es consciente, pas vrai ? À force d'y aller et de rester pendant des heures là-bas, ton réveil n'en est que plus douloureux. Ça en devient un supplice de te réveiller, et de retrouver cette dure réalité. C'est comme si on t'enlevait une partie de toi, à force ce que tu ressens s'amenuise, il ne reste que des particules volatiles que tu ne peux récupérer. La seule chose dont tu as envie, c'est de rester dans ton lit et de ne rien faire. Juste fermer les yeux, ne pas s'endormir pour ne pas être déçue du réveil et profiter des sensations que ton corps éprouve. Les draps t'enveloppent dans une chaleur réconfortante, ton pied en-dehors quant à lui ressent la fraîcheur du matin, ou du soir, tu ne sais plus vraiment, mais peu importe, il fait bon et c'est tout ce qui compte. Au loin, tu peux entendre des voix, la télé, le parquet qui grince, mais peut-être que tout ce que tu entends ou ressens n'existe pas, tout à un goût d'irréel en ce moment. Ça ne peut pas être le manque de sommeil, alors pourquoi ce sentiment ?
Tu te sens à nouveau seule, n'est-ce pas ? Comment décrire cette sensation de vide ? C'est compliqué, car pour toi, elle a toujours été là, elle t'accompagne depuis tellement longtemps. Quand tu dois faire un choix, elle te regarde, quand tu dois te motiver pour sortir, elle te regarde aussi. Elle pourrait te dire de rester dans ce lit confortable, de ne pas faire de choix. Mais elle ne te dit rien, elle est toujours silencieuse, tout ce qu'elle fait, c'est t'observer. Un peu comme un fantôme qui regarde le propre vide de son existence passée. Elle est dans cette maison à te regarder vivre, les jours passent et rien ne change elle est bloquée dans cette maison, dans cette pièce où tu dors, elle est en toi. Car oui cette solitude est ton fantôme. Tu ne la vois pas, mais tu la sens.
Tu peux à nouveau fermer les yeux, je ne te dirais rien.
Quelques fois, mais très rarement, quand le soleil décline et que la lune se montre, tu ouvres tes volets et ta fenêtre pour observer au dehors. C'est magnifique. Le ciel n'est pas encore tout à fait plongé dans l'obscurité, tu aperçois au loin la silhouette des arbres et des petites maisons. Tu serais presque tentée d'aller faire une balade, mais la peur est trop présente pour pouvoir y faire abstraction, alors tu contemples juste le ciel, tu respires la fraîcheur qui s'immisce petit à petit dans ta chambre. Tu es restée peut-être une heure ou deux, et tu as fini par refermer ta fenêtre, mais en laissant cette fois-ci tes volets ouverts. La lune est sans doute trop belle. Et puis tu t'endors, tu rêves d'histoire fantastique ou toi seule est l'héroïne, et tu repenses à elle, mais ça, tu arrêtes vite d'y penser, à quoi bon se faire mal encore et encore si on ne peut changer le passé .
Deviens fantôme et laisse toi bercer par le néant.