Farewell kiss

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"Before I slit your throat, I'll give you a kiss," [he] said softly. "You'll find out exactly how much better I am at giving farewell kisses." (Auteur inconnu)

  Il t'observe, de ce regard qui te fait sentir comme une gazelle face à un fauve. Un fauve cruel, qui aime jouer avec la nourriture avant de la déguster.
   Il te regarde avancer vers lui d'une démarche lente, ses yeux gris suivant la courbe de ton corps, le déhanchement de ton bassin, comme assistant à un spectacle suffisamment distrayant pour retenir son attention. Son éternel sourire flotte sur ses lèvres ; ce sourire qui n'en est pas tout à fait un, qui semble être là uniquement pour empêcher son visage de se transformer en masque de glace. Ce sourire, celui où la commissure de ses lèvres se redresse du côté gauche, d'à peine quelques millimètres- pas suffisamment pour que l'on puisse l'attribuer à une réelle joie, mais trop pour être un simple sourire poli. Ce sourire qui creuse une adorable fossette sur sa joue, lui donnant un air d'ange gardien. Ce sourire destiné à tromper les plus naïfs, mais qui, pour toi, n'a aucun secret.

  Tu n'es qu'à quelques centimètres de lui, à présent. Ses mains sont plongées dans les poches de son jean, et il ne semble pas vouloir les en sortir. À présent, il ne t'observe plus comme une proie, un repas pour lequel il doit se battre. Ses yeux gris montrent qu'il te considère déjà attrapée. Tu sais ce qui est à venir avant qu'il n'ait sorti sa main de sa poche.

  Tu le sens passer ses longs doigts sur ta hanche, te rapprocher de lui d'un geste nonchalant. Sa main remonte vers le milieu de ton dos, tu es collée à son torse, vos souffles se mêlent et il ne paraît pas s'en soucier. Tu plonges tes iris dans les siennes, tu lui montres que tu es loin d'être dominée, que tu sais parfaitement que sa chemise blanche sera sous peu tâchée de sang. Ton sang. Tu lui prouves qu'il ne te fait pas peur. Qu'il a beau te considérer comme un vulgaire jouet, il ne pourra pas t'empêcher de prendre part au jeu.

  Et il sait tout ça. Vous vous connaissez suffisamment pour qu'un regard vous permette de vous comprendre. Votre relation n'a jamais été des plus simples, mais c'est ce qui la rendait spéciale.


" Tu as droit à un baiser ", te dit-il de sa voix suave, sa voix de prédateur. " Le dernier. "


Ses lèvres s'emparent des tiennes, entament une danse endiablée. Le baiser a un goût âcre, un goût de larmes et de désolation, de sang et d'enfer. Il reflète sa vraie nature - un démon sous des airs d'ange. Peur de personnes auraient apprécié, mais tu en fais partie. L'une de tes mains est passée sur sa nuque, jouant avec ses mèches, tandis que la seconde s'est posée sur sa hanche. La sienne est toujours dans le creux de ton dos, t'interdisant de t'éloigner.

  Et tout à coup, c'est fini, il se détache et tu sais que l'heure est venue. Tu laisses ta main s'attarder sur les muscles de sa nuque, son épaule. Sans te quitter des yeux, il tend son bras vers la table de nuit, et, d'un geste lent, saisit le couteau posé là. Un beau couteau, doté d'une lame aussi longue et mince que tranchante.

  Avec des gestes toujours aussi langoureux, il passe le côté lisse sur ta tempe, le fait caresser le coin de tes yeux, le laisse glisser contre ta joue, puis ton menton, ton cou... Ses yeux se font songeurs et suivent le trajet de la lame, son sourire se fane.

  Tu poses ta main sur sa joue, caressant sa lèvre inférieure du bout de ton pouce. Lorsqu'il lève les yeux vers toi, tui lui renvoies un air de défi, sachant pertinemment qu'il te fera payer cet élan de folie.

  Il tourne lentement le couteau dans sa main. Ce n'est plus le côté lisse qui laisse une sensation de fraîcheur sur ta peau.

  Vous vous dévisagez un instant.


  La dernière chose que tu vois, c'est le reflet carmin, dans le gris de ses yeux.

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