Femina V3.0

mike-november

Les hommes ont perdu la guerre des sexes.

Les hommes ont perdu la guerre des sexes...

Cela peut paraître aberrant quand, de partout, l'on nous vante les méfaits de la domination masculine comme on vend un mauvais paquet de cigarette. Tu sais, en te faisant saliver à l'idée d'être mortel, à risquer dans la brume le terrible cancer ou l’affreuse impuissance, qui pour une poignée de chavirés semble être devenue l’incarnation même du réel. Contemplant le naufrage, la clope au bec, je relâche un souffle triomphant de mes poumons héroïques.

Dans le crépuscule du désir, il y a un consommateur avachie qui se tient en Dieu pour défier la vie. Il titube, ivre de perte, dans son phantasme puéril d'absolue romanesque. Cette roulette russe de pacotille, si grotesque soit elle, n'en fait pas moins frémir de plaisir les mandibules de mon inconscient. Triompher de la mort, on a jamais trouvé mieux pour vendre de la merde. Tel est l'effroyable message publicitaire qui nous pousse, comme des enfants, à demander poliment et chaque semaine de quoi s'écorcher les bronches.

Que pèse le réel face à ce phantasme masochiste qui nous ramène à la vitesse de la lumière vers la genèse du monde ? Que dal ! L'immortalité, quelle puanteur, j'en ai la nausée.

J'aurais voulu pousser le vice jusqu'au vertige libidinal de tout perdre pour une bouffé de blonde ou de brune, dans le réconfort âpre de ma féminité mentholée. Mais je n'ai pas assez d'espoir pour me foutre, lascive, un peu de poudre au poumon.

Alors ils se montent de partout des comités anti-tabac, on exhibe les malades comme des lépreux, on fait rugir la cigarette comme un lion en cage, mais dans le fond, qui cela effraye t-il encore ? N'est ce pas la réminiscence d'une antique crainte ? D'un désir passif qui refait surface ? N'est ce pas l'immense preuve d'un spectacle grotesque qui complote contre nos vies en nous ramenant fébrile vers la prison de nos enfances ?

Des enfants voilà tout... Emplie de morale et de sacrée, ils transgressent une frontière factice mise en place pour les piéger. En constante régression, dans l'angoisse permanente, ils se retrouvent soudainement dotés du feu sacré qui les sécurise et remplie le creux de leurs âmes fugitives .

Si je mélange les clopes avec les femmes, c'est tout d'abord parce que j'ai bon goût. C'est ensuite parce qu'elles incarnent, du bout de leurs seins, un haut lieu de l'oralité. C'est enfin parce que l'homme qui a fait fumer les femmes, Edward Bernays, s'est appuyé sur le féminisme pour y parvenir. Détournant leurs revendications véritables, les poussant aux confins d'un conflit stérile, il leur a vendu une émancipation de pacotille, au carnaval des hystériques.

Dans les rues de New York, les sublimes créatures de l'Easter Parade ne fumaient plus, elles laissaient se consumer la flamme de la liberté au bout de leurs doigts élancés.

Il faut dire qu'à l'époque ce n'était pas si bien vu que ça de s'en griller une quand on avait un vagin. Dieu merci, les publicitaires philanthropes de Lucky Strike ont mis faim à cette terrible injustice. Tss... La révolte manipulée à des fins commerciales, c'est vraiment le sacerdoce de la société.

Cette révolution nicotine aussi subversive que les immondes patchs qu'elles se collent à même leur nudité existentielle trouvait sa victoire dans la réaction des puritains. S'alimentant eux mêmes dans de narcissiques égrégores, ne parvenant à réaliser le clivage, ni la facticité de leur lutte, les voilà perdus dans une guerre absurde, à mener une bataille qu'ils avaient déjà gagnée.

Bernays, vieux filou polymorphe, ne te voilà tu pas en train de replanter le totem en feu dans le noir de nos crânes ? Nous penses-tu aveugle pour ne pas voir refleurir l’archaïque sur les chars de la modernité ? Voilà donc tout l'essence de l'empire ? Ego Mamon croulant sous l'illusion d'une technologie rutilante, suintante de vestiges qui crient famine ?

La véritable révolution aura été de transformer les femmes en consommatrices. De les détourner du foyer pour former des républicains dans les écoles. Indépendantes dans le discours de la machine à plastiquer les gens, son masochisme subtil s'écartelait en fait dans les conduits d'une dépendance secrète et indéfectible envers le système, rentrant par la même en compétition avec ceux qui partageaient leur lit pour l'apanage d'un sein phantasmatique. Voilà pour ce qui en est de votre sentiment révolutionnaire. Tout juste de la morale et de la culpabilité retournée contre vous.Vous pensiez défier l'autorité, vous ne faisiez que la flatter... Mettez du gazon dans la tête des gens, il y en aura toujours pour croire qu'ils sont libres...

Bernays aura réussit ce hold-up magistral, ce coup de maître contre l'humanité que fut de retourner les femmes contre la féminité.

Sirène sidaïque sifflant une mélodie trompeuse à l'oreille des aphrodites, les voilà cédant, s'aidant même à se franchir les limites érogènes. S'affranchissant de tout, sauf du superflue, leur liberté semble se résumer à devenir un homme... Quelle tristesse !

Cette féminité parlons en ! Qu'a t elle de si terrible ? De si inacceptable ? Qu'à t elle qui mérite qu'on la cache, qu'on la renie, qu'on nous la montre sous des formes trompeuses ?

La vérité est que les femmes ont toujours dépassées les hommes. Dès le départ notre sort était jeté, Eurydices noctolantes, au bon vouloir du creux de leurs Abysses. Notre salut, de part notre cécité ombilical, dépendait de leur folie toute entière. Quelle blessure narcissique ! Je comprends Orphée aux portes du monde, incapable de continuer sans se retourner pour soutenir l'effroyable absence. C'est cette colère que je vois ressortir en phantasme machiste, inversant le sens des dépendances et des soumissions.

C'est une chose troublante que de porter un monde en soi... Les hommes en sont dépourvus. Que peuvent-ils comprendre ? Le matriarcat est originaire ! En remontant le fil des archaïsmes on se retrouve dans un temps si ancien, où l'ignorance des sexes était telle, que tout portait à croire que les femmes auto-engendrait l'humanité. C'est pour dire !

Alors, pour ne pas périr, les hommes ont élaboré un fétiche venant combler leur manque, un artifice complexe redorant leur nudité barbare. Ce lieu c'est la société...

Ainsi, non content de devoir naître malgré soi, il faut encore accoucher de sois même dans la vie des hommes. Et n'en déplaise à la morale et à la sacro-sainte égalité : j'affirme ici qu'il faut une matrice et un lieu pour s'en défaire. Et que ce lieu ne peut être que masculin. De là vient l'équilibre qui naît des contraires.

Aujourd'hui, ce lieu n'existe plus, Il a été comblé pour nous faire évoluer dans une sorte de psychose permanente, où chaque homme reste en lien. De mon bureau je regarde le monde tourner sur circuit bouclé sans liquide amniotique.

Je ne me reconnais pas dans cette image d'un passif que tout est passé dessus et qui suppute en silence son sacrifice tel le corps érotisé du Christ sur la croix. S'il fait encore bander une parcelle du monde, l'on entend pourtant une voie qui s'égosille et affirme : Le Christ est mort pour ses propres péchés, par pour les nôtres. Il représente avec vérité l'enfant pervers sacrifié sur l'autel de son propre masochisme.

Si tous se battent aujourd'hui pour le statut de victime, c'est parce qu'ils ont bien compris que c'est toujours le masochiste qui contrôle et détermine par son inconscient les aléas ( ou aller à ) de ce que vous appelez histoire, hasard, ou kairos.

C'est la grande illusion ! Le monde est Héraclitement « cent » dessus-dessous. Le fort est le faible, sans effort, le jour et la nuit ne s'opposent plus, ils se rassemblent, la mer se permet la permanente permutation, emprisonnant nos âmes dans un tourbillon sans fin. Tout fou le camp dirait Lacan !

Est ce que cette femme que l'on nous vend est autre chose qu'un phantasme vaporeux ? Tu sais un de ceux qui te ronge très tard le soir, comme une immense maladie.

Oui, pourtant j'ai vu les photos, j'ai entendu ces mots terribles... comme j'ai entendu ce que cachait vos douces mélodies, vos refrains légers... Tout ça s'est gravé dans ma tête comme le chant du fou à crépuscule. Les hommes ne sont pas des guerriers, ils ne resteront que des enfants, rois d'un monde qu'il ne comprennent pas et qui les dépasse entièrement. Alors ils jouent, vous comprenez, ils inventent des lois, ils créent des commissions, des institutions, ils se prennent pour des dieux invincibles, des immort-elles... Et pourtant, à l’abri des regards, presque en secret, il trouve le réconfort aux creux des femmes dont ils s’éprennent

Les hommes ne sont véritablement beaux que dans ce chemin sacré, qui les mènent dans le secret de vos bras. Alors mesdames, soyez gentilles, laissez les hommes croire, car sans cela ils ne sont rien, et sans vous ils sont perdus. Ils ne sont plus frêres ou sœur, ils ne sont plus rien. Il sont seul dans le noir.

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