Féminocratie
Anne Sophie Nédélec
Synopsis
En 1968, dans un petit village du Larzac, les femmes truquent les élections pour s’emparer de la mairie et révolutionner le fonctionnement de la commune. S’inspirant du modèle hippie, elles fondent une société qui se veut juste et libre. Mais ce n’est pas du goût de tous…
Vers 420 av JC, Aristophane écrivait L’Assemblée des femmes, une comédie dans laquelle les femmes prenaient le pouvoir à Athènes pour fonder une société reposant sur la communauté des êtres et des biens. Transposée en 1968, une telle situation trouve un écho particulièrement sensible, exposé dans Féminocratie.
Distribution
MARTINE : paysanne, épouse de Roger. La meneuse, grande gueule, autoritaire.
CHRISTINE : paysanne, épouse de Robert. Moqueuse.
FRANCOISE-MARIE : aristocrate, épouse de Jean-François. Ne supporte plus son mari.
MONIQUE : enthousiaste, un peu nymphomane.
CATHERINE : un peu bobonne. Suit les autres, mais sans véritable conviction. A chaque fois qu’elle ouvre la bouche, tout le monde la regarde d’un air affligé.
NATHALIE : très jeune, coquette. Drague Daniel.
ROGER : paysan, mari de Martine. Pleutre, songe avant tout à son bien être.
ROBERT : paysan, mari de Christine. Le pendant de Roger.
GEORGES : tenancier de bar, marié deux fois, ses femmes l’ont quitté. Un peu crado, lourd, mais se croit très séduisant. Misogyne.
JEAN-FRANCOIS : aristocrate, mari de Françoise-Marie. Réactionnaire vieille France. Hautain et supérieur.
DANIEL : très jeune, beau gosse. Songe avant tout à draguer, en particulier Nathalie.
ORAGE MAITRISE : américain, prophète hippie.
Décor : L’action se passe dans un petit village du Larzac. Le décor représente une place de village. D’un côté, la mairie, de l’autre, le café de Georges.
Durée : 1h15
Texte déposé à la SACD
EXTRAIT :
PROLOGUE
Une place de village avec un café et sa terrasse. Partout, des affiches électorales pour « Martine » et la liste des femmes.
Martine entre sur scène. Elle semble inquiète et ne cesse de regarder autour d’elle. Tout à coup, on entend un hurlement de loup.
Martine, inquiète : Qu’est-ce que c’est que ça ?
Nouveau hurlement, puis Christine entre.
Christine : Alors, qu’est-ce que tu attends pour me répondre ?
Martine : Christine ?! C’était toi, ce hurlement ?
Christine : Ben, oui. J’ai suivi le code prévu.
Martine : On avait dit le chien, pas le loup ! Un loup dans notre région et à notre époque, ce n’est pas du tout crédible.
Christine : Désolée ; j’avais dû mal comprendre.
Martine : Sinon, ça a marché ?
Christine : Tu parles ! Du gâteau ! Une bonne dose de calmant pour jument en chaleur, et il était parti, le Robert !
Martine, riant : Achevés, nos bonshommes ! Carpette !
Christine : Attends, on ne sait pas quels sont les effets secondaires sur l’homme !
Martine : Houla ! Tu as raison…
Christine : Si ça se trouve, on va avoir droit à une explosion d’hormones ! Tous aux abris !
Martine : T’inquiète ! Ce qu’ils vont découvrir ce soir va les refroidir pour un moment !
Christine : J’ai hâte de voir leurs têtes !
Martine : Qu’est-ce qu’elles fabriquent les autres ? Pourvu que ça ait marché…
Christine : T’en fais pas… Tu vas l’avoir ton siège de maire.
Martine : « Mairesse » !!! Pour une femme, j’exige qu’on dise « mairesse » ! N’oublie pas qu’on entre dans une nouvelle ère, une ère où les femmes auront enfin leur place dans la marche de la société !
Christine : Oui, oui... mais je ne suis pas encore tout à fait au point avec les nouvelles appellations.
Martine : Il faut te mettre ça dans la tête, au plus vite ! On doit absolument être crédibles auprès de tous ces machos qui dirigent notre village actuellement !
On entend un hululement de chouette.
Martine : C’est quoi, ça ?
Christine : Une chouette.
Martine : Une chouette qui hulule le matin ?!
Nouveau hululement.
Martine : Bizarre…
Elles écoutent. Nouveaux hululements plus rapprochés.
Christine : C’est pas très naturel, tout ça…
Nouveau hululement. Puis Monique et Catherine entrent.
Monique : Ben alors ? Vous répondez, oui ou non ?
Christine : Monique ?! C’était quoi ce hululement ?
Monique : Le code ! A ton avis ? Tu crois que je m’amuse à faire la chouette pour le plaisir ?
Christine : On avait dit le chien, pas la chouette ! Il faudrait écouter, de temps en temps !
Monique : Ah ! J’avais mal compris. Tu aurais pu me le dire, Catherine.
Catherine : Je n’étais pas sûre…
Christine : Si personne ne fait attention, on est bien parties !
Martine : Eh ! N’en fais pas trop, quand même !
Christine : C’est rien, je m’amusais…
Monique : Comment ça ?
Christine : Rien, rien…
Monique, exaltée : Enfin, c’est fantastique ! On va les avoir ces ringards, on va gagner, c’est certain. J’en ai pas dormi de la nuit.
Catherine : Quand même, ce n’est pas très honnête, cette conspiration.
Christine : Si on attend de tout faire dans la légalité, on n’est pas prêtes de l’avoir, la mairie !
Martine, à Catherine : Bon, tu nous suis, ou pas ?
Catherine : Oui, oui, mais quand même…
On entend un cri d’oiseau.
Martine : Encore une qui n’a rien compris !
Catherine : Non, là, c’est un vrai oiseau. Il était perché sur le toit du café.
Monique : Et sinon, « Doudou » dort bien ?
Catherine : Oui, mais ça n’a pas été facile, vu comment il est méfiant. Enfin, le tranquillisant pour jument est très efficace !
Monique : Fallait ça pour calmer ses ardeurs !
Catherine : Tu es bien placée pour le savoir, non ?
Martine : Qu’est-ce que tu insinues ?
Catherine : Que cette fille a dragué mon Paulo, y’a pas si longtemps de ça !
Christine : C’est vrai, Monique ?
Monique : Tu parles, un naze comme lui, je préfère oublier !
Catherine : Vous voyez, elle ne le nie pas !
Monique : C’est pour te faire enrager. Tu peux le garder ton Paulo !
Christine : C’est vrai ça. Je me demande vraiment comment tu peux supporter un bourrin pareil !
Catherine : Le tien n’est pas mal non plus !
Christine : Oh !
Martine : Attendez ! Ne vous disputez pas. Notre machination doit nous permettre de faire changer les choses. Alors, restons solidaires ! Notre modèle, c’est Paris. Là-bas, c’est la révolution. Les femmes sont en train de montrer l’exemple pour que les idées évoluent. A nous de tout prendre en mains ici.
Encore des cris d’oiseau, très mal imités, cette fois. Ils vont s’intensifier au cours de la conversation.
Christine : Ca ressemble à tout sauf à un cri d’oiseau… C’en est encore une qui s’est gourée de code !
Monique : Remarque, moi, j’étais persuadée que c’était la chouette.
Martine : Mais non ! On avait dit que la chouette, c’était pas crédible. (A Christine :) Comme le loup, d’ailleurs !
Christine : Avec le loup, j’étais plus proche du chien qu’elles avec leurs oiseaux.
Monique : On avait d’abord parlé des oiseaux, c’est pour ça qu’on s’est embrouillées !
Catherine : D’ailleurs, moi, j’étais restée sur les oiseaux, mais je ne savais plus lequel.
Martine : Eh ! On ne va pas ergoter la-dessus pendant des heures !
Françoise-Marie entre.
Françoise-Marie : Bon, vous allez me répondre, oui ou non ?
Catherine : Oh ! Bonjour, madame la baronne.
Martine : Ah ! Pas de ça entre nous ! Elle s’appelle Françoise-Marie et on se tutoie.
Catherine : Oui, oui, bien sûr. C’est l’habitude.
Françoise-Marie : Ca a été dur, mais me voici enfin ! Vive le traitement pour jument en chaleur !
Martine : Bien, je récapitule : nous avons le droit de vote, mais pas la majorité. Si nous ne prenons pas les choses en main, nous n’aurons jamais le pouvoir et rien ne changera. Aujourd’hui, sans le vote des hommes, notre liste va passer !
Toutes : Ouais !
Martine : Donc : nos maris…
Monique : Moi, j’en ai pas encore, mais je participe au combat ! Et d’ailleurs, j’en veux pas de mari. Toujours la même tête en face de soi, les mêmes mots, le même souffle, les soirées qui se ressemblent toutes… Je veux être LIBRE !
Martine : Avec moi comme mairesse, tu pourras faire comme tu l’entends, sans avoir à supporter le jugement de la société.
Christine : Oui, être libre de faire de la politique, d’exprimer mes idées, d’aller travailler dans un bureau…
Martine : … et d’être payée autant qu’un homme !
Christine : …de faire des enfants quand je veux…
Monique : … et comme je veux !
Françoise-Marie : Si seulement je pouvais me débarrasser de mon mari ! Il m’empêche littéralement de vivre !
Catherine : Vous ne croyez pas que vous y allez un peu fort ?
Monique : Catherine, il te fait donc si peur ton bonhomme ?
Catherine : Non, enfin… C’est mon homme quoi, on est mariés…
Christine : Ne me fais pas croire que tu aimes un type pareil. Si au moins, il te montrait un minimum de respect !
Martine : Il faut échapper à nos carcans, aux serments vieux d’il y a dix ans !
Françoise-Marie : Oh oui ! Je veux vivre au jour le jour…
Christine : Ca va vous changer, Madame la Baronne. (Regard noir de Martine) Euh, je veux dire… te changer, Françoise-Marie.
Monique : Aimer qui je veux, quand je veux, et tant mieux si ça change tous les jours !
Christine : Ouiiii ! Tous avec Martine !
Martine : Bref, je récapitule : nos maris ont absorbé un calmant pour jument qui doit les plonger dans un profond sommeil jusqu’à ce soir. J’espère que vous avez toutes dissimulé leurs vêtements pour qu’ils ne puissent pas sortir avant notre retour.
Toutes : C’est fait !
Christine : A nous les urnes, à eux, le monde des rêves !
Françoise-Marie : On va écraser la liste de mon mari, ça lui fera les pieds !
Martine : Attention ! Ne nous laissons pas dominer par nos petites querelles personnelles. N’oublions pas que nous devons viser le bien de la commune entière !
Monique : Ouiiii ! Tous avec Martine !
Martine : La société est en marche vers l’avenir. Plus rien ne va ; les choses doivent changer ! Nous avons les idées, il faut les appliquer !
Catherine : Oui, mais quelles idées, précisément ?
Toutes la regardent en soupirant.
Martine : Ben… le bonheur pour tous, moins de travail, vivre en harmonie avec la nature… Euh… Regardez ce qui se passe à Paris : la révolte gronde. C’est bien le signe que les choses doivent changer ! (Elle s’emballe dans son discours enthousiaste :) A nous d’être dans la même dynamique ! Nous devons détruire ce qui ne fonctionne pas pour installer une ère nouvelle…
Monique : Et si on allait voter ?
Martine : D’accord ! Allons ! En route pour les urnes !
Nathalie entre en courant.
Nathalie : Attendez-moi !
Christine : Mais c’est la petite Nathalie !
Nathalie : Maman ne voulait pas que je vienne, mais j’ai réussi à lui fausser compagnie !
Monique : Elle est mineure, elle ne va pas nous servir à grand chose !
Nathalie : Je ne peux pas encore voter, mais je veux participer à votre combat de libération des femmes.
Martine : Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Il y a mille et unes manières de se lancer dans la lutte !
Christine, ironique, à Catherine : Avec enthousiasme et détermination.
Elles sortent toutes. Noir.
Radio, off : …et à Marvilly-les-Hameaux, c’est la liste féministe menée par Martine Roche qui l’a emporté avec un taux record d’absentéisme puisque seulement 30% de la population s’est déplacé…
ACTE 1
Scène 1
Le soir. La place est vide. Roger entre. Il se dissimule autant qu’il le peut parce qu’il porte une robe.
Roger : Martine ! Martine ! Où es-tu passée, ma chérie ? (Silence. Il reprend, mielleux :) Martine ? Ma puce ? Ma petite femme adorée que j’aime… (Furieux, pour lui-même :) Si jamais je t’attrape, tu vas prendre la raclée de ta vie !
Robert entre.
Robert : Christine ! Christine ? Où es-tu passée, ma chérie ? (Il voit Roger, qu’il ne reconnaît pas) Oups ! Hum… (Avec une voix de fausset :) Bonjour, madame.
Roger, avec une voix de fausset : Bonjour, madame.
Ils se font des mines gênées jusqu’à ce que Robert reconnaisse Roger.
Robert : Eh mais… Ca alors ! Roger, c’est toi ?
Roger : Hein ! Vous devez faire erreur, madame, je… (Il reconnaît Robert) Robert ?! Qu’est-ce que tu fabriques habillé comme ça ?
Robert : Moi ? Mais rien du tout… je lance une nouvelle mode. Ça fait fureur à Paris !
Roger : Tu te moques de moi ? Je sais qu’il s’en passe des choses, à Paris. C’est une vraie révolution. Mais là, ce sont les vêtements de ta femme que tu portes, je les reconnais bien. Et je ne pense pas qu’ils soient particulièrement à la mode, même à Paris !
Robert : Ouais, bon. Voilà. Christine a disparu, et mes vêtements aussi.
Roger : Disparu ! Et tu sais où ?
Robert : A ton avis ? Si je te dis qu’elle a disparu, c’est que je ne sais pas où elle est !
Roger, avec un sourire ironique : Hum, hum…
Robert : Quoi !? « Hum, hum… » ???
Roger : Rien, rien…
Robert : Ben si, dis ce que tu as sur le cœur au lieu d’afficher ce petit sourire ironique ridicule !
Roger : Tu veux savoir ? Eh ben je pense que tu l’es…
Robert, menaçant : Quoi ! Répète-le si tu l’oses !
Roger : Mais non, je blague. Je savais que ça te ferait bondir. Rassure-toi, on est dans la même galère. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé. Je ne me souviens plus de rien après mon café ce matin. J’allais traire les bêtes, mais je crois bien que je ne suis pas allé au-delà du seuil de la porte… et je me suis réveillé tout nu dans mon lit !
Robert : Pareil !
Georges entre. Roger et Robert se mettent dans l’ombre.
Georges : Bonjour, mesdames.
Roger et Robert : Bonjour, monsieur.
Georges, mielleux : Je ne crois pas vous connaître. A qui ai-je l’honneur ?
Robert : Euh… Roberte et Raymonde.
Georges : Puis-je vous offrir quelque chose ?
Roger : Non, non. Je vous remercie. Nous avons à faire. (Il entraîne Robert)
Georges, dragueur : Allons, vous avez bien cinq minutes pour prendre un verre avec moi.
Robert : Sans façons, monsieur.
Georges : Allez, les poulettes… (Il leur met une main aux fesses)
Roger : Ca va pas, non ! (Il le gifle)
Georges, les reconnaissant : Eh mais… Roger ! Robert ! Qu’est-ce que vous faites dans cette tenue ?
Roger : On essaie la nouvelle mode de Paris !
Georges : La nouvelle mode de Paris !? Eh ben, excusez-moi de vous le dire, mais vous êtes parfaitement ridicules ! (Roger et Robert s’approchent de lui, menaçants) Attendez, hein ! Le prenez pas mal. Si vous avez tourné jaquette, moi, je m’en fiche, c’est votre problème…
Roger, menaçant : Qu’est-ce que tu dis ?
Georges : Rien, rien, te fâche pas… Mais je me pose des questions, moi !
Robert : Tout ceci est totalement indépendant de notre volonté !
Georges, dubitatif : Vous dites ce que vous voulez, hein !
Roger : Il nous croit pas ; je rêve, il nous croit pas ! Je vais le tuer !
Georges : Calmez-vous… J’ai rien dit… Enfin, quand même, c’est pas une excuse. Vous auriez pu aller voter !
Roger : Zut ! C’est vrai. Avec tout ça, on a manqué l’heure du vote !
Robert : Tu n’aurais pas vu nos femmes ?
Georges : Vos femmes ?
Roger : Oui, nos femmes : Martine et Christine.
Georges : Oui, ben oui.
Robert : Quoi ?
Georges : Je voulais dire que je savais bien qu’elles s’appelaient Martine et Christine. J’étais à vos mariages quand même. J’ai même offert la tournée au café !
Roger : Oui, bon, alors ? Elles sont où ?
Georges : Elles sont à…
Scène 2
Jean-François entre. Lui aussi est habillé en femme, mais dans un autre genre : jupe droite et col claudine.
Jean-François, avec une voix de fausset : Bonjour, mesdames, monsieur. Euh… Vous n’auriez pas vu Madame la Baronne Françoise-Marie de la Pommeraye ?
Roger : Vous fatiguez pas, monsieur le Baron. On vous a reconnu.
Jean-François : Comment ? Mais, non, je…
Georges : C’est pas vrai ! Lui aussi ?
Jean-François : Bon, j’avoue. Oui, j’ai mis les vêtements de ma femme. Mais vous aussi, à ce que je vois.
Robert : On n’a pas vraiment eu le choix.
Georges : Ma parole ! Ce serait-y contagieux ?
Jean-François : Vous allez peut-être pouvoir m’aider…
Georges : En attendant, vous ne voudriez pas vous éloigner un peu. Ça fait mauvais genre, devant mon café.
Roger : Dis-donc, tu veux tâter de nos poings ?
Georges : Ouais ; vos poings de gonzesse ! (Minaudant :) Ouh, la, la, j’ai peur ! (Roger et Robert s’approchent en relevant leurs manches) D’accord, les filles, j’ai rien dit !
Roger : Comment tu nous a appelés, là ?
Georges, inquiet : Rien, je rigolais…
Robert : Ferme-là, plutôt.
Jean-François : Hum ! Messieurs. Excusez-moi, mais n’auriez-vous pas vu mon épouse ?
Georges : C’est à dire que…
Roger : On cherche déjà les nôtres, monsieur le Baron, alors la vôtre…
Jean-François : Mes vêtements ont disparu, ma femme a disparu… Je n’y comprends plus rien. Vous n’auriez pas une tenue décente à me prêter. Je voudrais aller voir les résultats des élections à la mairie.
Georges : Eh bien…
Robert : Oh, ne vous en faites pas, monsieur le Baron. C’est sûr, c’est votre liste qui est passée, comme d’habitude.
Jean-François : J’espère bien. Il ne manquerait plus que j’aie été battu par cette bande de féministes dégénérées ! … Enfin, je ne veux pas vous blesser, Roger, mais votre femme est la meneuse, quand même…
Roger : Oh, mais vous avez parfaitement raison, monsieur le Baron. Je lui ai dit, à la Martine, que c’était n’importe quoi. Mais qu’est-ce que vous voulez, c’est une femme. Et quand les femmes ont une chose en tête…
Georges : … elles l’ont pas ailleurs. (Rire salace) D’ailleurs…
Tous : Georges, tais-toi !
Jean-François : Néanmoins, je pense que vous devriez quand même faire la police chez vous. Et vous aussi, Robert. On dit que votre femme Christine est l’une des plus ferventes supporters de Martine Roche.
Robert : C’est exact, monsieur le Baron. Mais comme l’a dit le Roger, quand les femmes ont quelque chose en tête !
Georges : … elles l’ont pas aill…
Roger et Robert : Georges, ta gueule !
Georges : D’accord, j’ai rien dit. N’empêche, monsieur le Baron, que votre femme, elle est dans le coup !
Jean-François : Oh, elle a bien soulevé deux ou trois idées révolutionnaires au cours des derniers dîners, mais je l’ai vite remise en place !
Georges : Vous devriez aller à la mairie, vous pourriez avoir des surprises.
Roger : Quoi ! Tu es au courant de quelque chose ?
Georges : Oui, mais vous ne me laissez pas en placer une.
Robert : Ben, alors vas-y. Accouche !
Georges : J’ai passé la journée à la mairie, histoire de rameuter du monde pour les inciter à boire un coup au café après le résultat des élections… Je vous attendais pour discuter un brin auprès des urnes. Mais j’ai pratiquement pas vu un bonhomme de la journée ! Et là, je vous retrouve dans les vêtements de vos femmes. Vous m’avouerez qu’il y a de quoi se poser des questions !
Roger : Bon, et alors ?
Georges : Oh, remarquez, moi, je n’étais pas mal. Les femmes sont venues en nombre, vous savez comme elles ont du mal à résister à mon charme…
Jean-François : Et… ?
Scène 3
Daniel déboule en trombe sur son vélo.
Daniel, hurlant : La liste de Martine Roche a gagné haut la main !
Roger, Robert et Jean-François : Quoi ??!!
Georges : J’allais le dire…
Roger, fier : Ouais, normal. C’est ma femme. Elle a un sacré caractère !
Robert : T’es pas un peu fou ! T’aurais pas voté pour elle ?
Roger, gêné : Non, bien sûr. (Gonflé d’orgueil) Enfin quand même… quelle sacrée bonne femme !
Jean-François : Vous avez vu les idées qu’elle prône ?
Daniel : Qu’est-ce qui vous est arrivé, les gars ?
Georges : Laisse tomber, c’est des tafiotes !
Roger : Georges, ferme-là.
Robert : T’as jamais rien compris aux femmes…
Georges : Tu rigoles ! J’ai largement plus d’expérience que vous ! J’en ai eu deux, moi.
Roger : C’est ce qu’on dit : t’en as eu deux, et t’as pas su les garder !
Georges : Evidemment ! Parce que moi et la fidélité… Elles se pressent toutes à mes pieds. Je n’ai que l’embarras du choix ! J’aurais tort de m’en priver et de n’en vouloir qu’une !
Jean-François : Ecoutez, Georges, vos histoires de cœur…
Georges : Mais, monsieur le Baron, c’est eux qui…
Jean-François, à Daniel : Dites-moi, petit…
Daniel : Eh, je suis pas « petit ». J’aurai bientôt le droit de vote!
Jean-François : Dommage que vous ne l’ayez pas déjà. Je suis persuadé que vous auriez voté pour moi, n’est-ce pas ?
Daniel : Pour sûr, monsieur le Baron… Vous, vous êtes un homme. Des femmes, en politique, on n’a jamais vu ça !
Jean-François : Elles vont nous mener à la ruine, c’est sûr !
Daniel : En tout cas, elles sont un paquet à militer là-bas ! Beaucoup de choses vont changer, apparemment…
Jean-François : C’est de la folie ! De la folie furieuse !!! Comment ai-je pu être battu ?
Georges : Si tous les hommes étaient allés voter plutôt que de se conter fleurette avec les robes de leurs femmes !
Daniel : Eh, moi, je suis un mec, un vrai ! Mais…
Roger : Toi, tais-toi. T’es hors-jeu, t’es mineur !
Robert : Attends d’avoir tes vingt-et-un ans pour dire quoi que ce soit !
Daniel : Okay les gars, restez cool…
Georges : Et puis, arrête avec ton langage stupide. Tout le monde veut faire américain, maintenant, et on ne comprend plus rien !
Jean-François : Et dites-moi, jeune homme, vous n’auriez pas vu ma femme, dans le lot ?
Daniel : Je ne sais pas trop, monsieur le Baron. Je suis passé en coup de vent. Et puis j’étais tellement abasourdi que j’ai foncé sur mon biclou pour vous apporter la nouvelle.
Georges : Moi je sais.
Jean-François : Eh bien, pourquoi vous ne le dites pas, Georges ?
Georges : Personne ne me laisse la parole ! Et pourtant, j’en sais des choses. J’ai passé la journée auprès des urnes. Et je peux vous dire que j’en ai entendu des vertes et des pas mures ! D’ailleurs…
Jean-François, excédé : Ecoutez, Georges, je ne vous demande qu’une chose : est-ce que vous avez vu ma femme ? Ma femme, la baronne de la Pommeraye, Françoise-Marie, Berthe, Aliénor, née Perthus de Villemomble, présidente de l’amicale des anciennes élèves du collège Blanche de Saint-Martin, vice-présidente de la Fédération de Bridge du Larzac…
Roger : Sa femme, quoi !
Georges : Ben oui, qu’elle y était. Et je peux vous dire que c’est une acharnée ! Soit dit en passant, monsieur le Baron, vous devriez peut-être faire la police aussi chez vous !
Jean-François : Bon, écoutez, Georges : ce qui se passe chez moi ne regarde que moi !
Georges : Moi, je disais ça comme ça, parce que votre femme…
Roger : Bon, Georges, ça va. Si encore tu y connaissais quelque chose, aux femmes !
Georges : Mais je m’y connais ! J’en ai eu deux !
Daniel : On le saura !
Jean-François : Georges, je ne vous demande qu’une chose : pourriez-vous me passer un pantalon et une chemise ?
Georges : C’est à dire que… ce sera pas du beau linge comme vous, monsieur le Baron.
Scène 4
Christine entre.
Robert : Christine ! Viens donc voir un peu par là…
Georges : Oulà, ça sent le roussi…
Roger : Ca va chauffer…
Christine : Qu’est-ce qu’il y a donc, mon mari adoré ?
Daniel : Eh, Georges ! Tu nous offres la tournée ?
Georges : Je vous offre le siège, vous payez les boissons !
Daniel, entre ses dents : Radin !
Roger et Daniel s’installent à la terrasse du café tandis que Georges va chercher des bières. Ils suivent la conversation de Robert et Christine avec un grand intérêt.
Robert : Où étais-tu passée, toute la journée ?
Christine : J’ai fait mon devoir de citoyenne, mon petit homme. Je suis restée à la mairie pour aider aux urnes puis au dépouillement.
Robert : Et qu’est-ce que tu as fait de moi pendant ce temps là ?
Christine : Mais rien du tout. Tu t’es mis à ronfler comme un bébé, au point que je n’ai pas osé te tirer d’un si bon somme !
Robert : Arrête de te moquer de moi.
Christine : Eh ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Moi, je suis irréprochable vis-à-vis de la nation, tandis que toi… Alors ne me donne pas de leçons, s’il te plait !
Robert, entre ses dents : Ca, tu vas me le payer ! (Haut :) Où sont passés mes vêtements ?
Christine : Tu dormais si bien que j’ai décidé de faire la grande lessive de printemps, et j’ai tout mis à tremper.
Robert : Tout !? Mais qu’est-ce qui t’a pris ? Il faut bien que je m’habille !
Christine : Tu n’as qu’à emprunter des vêtements à ton copain Roger !
Robert : Apparemment, sa femme a eu la même idée que toi, et il n’a plus rien à se mettre, lui non plus.
Christine : Ecoute, mon chéri, je suis très occupée en ce moment, alors j’aimerais que tu me laisses vaquer à mes charges de première adjointe au maire.
Robert, la singeant : « …que tu me laisses vaquer à mes charges de… » (Il s’arrête net) « de première adjointe au maire ». C’est nouveau ça !
Christine : Eh oui. Je suis première adjointe au maire. J’espère que tu es fier de ta femme !
Robert : Wouah ! Pour sûr, mon amour !
Jean-François : Robert ! Vous vous rendez compte de ce que vous dites !
Robert : Hein ! Ah oui… Non, Christine, non. Je ne suis pas fier du tout. J’ai honte de toi. Soutenir une liste misérable, sans vrai programme politique… Alors que celle de monsieur le Baron…
Christine : Celle de « monsieur le Baron » ! Tu parles ! Regarde-le !
Jean-François : Vous savez à qui vous parlez ? Je suis le Baron Jean-François de la Pommeraye, quinzième du nom, maire de Marvilly-les-Hameaux, commandeur de la Légion d’Honneur, et…
Robert : Ah ! Tu vois !
Christine : Mais qu’est-ce que vous avez tous à faire la révérence à des titres qui sonnent creux, qui n’ont plus aucun sens de nos jours ! Comment voulez-vous qu’un type qui n’a jamais rien fait de ses dix doigts soit crédible ?
Jean-François : Madame ! Je ne vous permets pas !
Christine, pouffant de rire en montrant la tenue de Jean-François : Mais regardez-vous ! Quel sérieux ! Ah ça ! Quel sérieux !
Jean-François : Mais…
Christine : Bref ! Oublions ça. J’ai du travail. Je suis venue vous dire que la nouvelle équipe municipale a décidé d’offrir une tournée générale en l’honneur de notre victoire !
Georges, ravi, qui commence à s’affairer : Parfait, parfait. Venez toutes. Finalement, il a du bon, ce parti !
Roger : Tu n’as pas honte, Georges ! Tu pactises avec l’ennemi !
Georges : Tant que l’ennemi paye, ça me va ! Surtout si c’est une bande de femelles enthousiastes qui débarque, hé hé !
Christine : Ça a lieu à la mairie.
Georges : Comment ?!
Christine : Ne t’inquiète pas, Georges. Martine veut encourager le commerce. Alors on va passer devant ton café pour rassembler tout le monde.
Georges : Trop aimable !
Jean-François : Je préfère m’en aller ! Vous venez ?
Daniel : Ben… Si toutes les femmes rappliquent, y peut y avoir de l’ambiance…
Roger, peu convaincu : Moi, je voudrais passer un savon à ma femme…
Scène 5
Les femmes entrent, portant Martine en triomphe.
Les femmes : On a gagné ! On a gagné ! On a gagné !
Jean-François, courant après sa femme : Madame la Baronne ! Vous n’avez pas honte ? Françoise-Marie ! Tenez votre rang !
Françoise-Marie : Fichez-moi la paix, Jean-François ! (Il l’agrippe) Lâchez-moi, espèce de satyre !
Jean-François : Qu’avez-vous fait de mes vêtements ?
Françoise-Marie : Mais rien du tout ! Demandez donc aux domestiques !
Jean-François : Les domestiques n’ont rien à voir là-dedans. Je sais que c’est vous qui avez manigancé tout ça. J’exige…
Françoise-Marie : Vous n’exigez rien du tout ! Au cas où vous l’ignoreriez, je vous apprends que vous parlez à une conseillère municipale.
Jean-François : Vous ! Conseillère municipale ! Vous n’y entendez goutte en matière politique.
Françoise-Marie : Erreur ! Je m’y connais en politique… sauf que je ne partage pas les mêmes idées que vous, c’est tout.
Au fond, Daniel drague Nathalie.
Roger : Martine ! J’aimerais savoir ce qui m’est arrivé, et ce que sont devenus mes vêtements.
Martine : Ah ! Mais je n’en sais rien, mon pauvre ami ! Avec mes nouvelles charges, j’ai autre chose à faire ! Des discours, des…
Roger : Franchement, Martine, tu parles trop ! Tu me fais passer pour qui, là ?
Martine : Tu m’ennuies, Roger. (Menaçante :) Et depuis quand tu me donnes des ordres ?
Roger, lâche : Te fâche pas… (La prenant à part :) Ecoute, c’est très bien pour nos affaires que tu deviennes maire. Tu vas pouvoir nous faire avoir des prix sur les terres, et tout ça... Mais n’en fais pas trop non plus !
Martine, fort : C’est une tentative de corruption, ça ! Non, mon petit père. (A l’attention de Jean-François:) Je suis honnête, moi ! Et j’ai bien l’intention de remettre de l’ordre dans les finances de la commune.
Jean-François : Comment !? Ces insinuations…
Roger, vexé : Elle est impossible !
Monique : Bon, c’est pas le tout, les filles, mais moi, j’ai soif !
Jean-François : Attendez ! Je ne suis pas du tout d’accord. Et je n’ai absolument pas l’intention d’accepter cette équipe municipale !
Françoise-Marie : Vous serez bien obligé, mon cher.
Christine : Les urnes ont parlé.
Jean-François : Parlons-en ! Comment expliquez-vous qu’aucun homme ne soit allé voter ?
Martine : Mais je ne l’explique pas. C’est un fait !
Georges : Eh ! Moi, j’y suis allé !
Jean-François : Je parlais des hommes mariés…
Roger : Y’a de la magouille dans tout ça…
Catherine : Bon, on a un peu…
Monique, menaçante : On a un peu quoi ?
Catherine : Rien, rien…
Roger : Moi, je voudrais bien savoir ce que vous proposez.
Jean-François : Et moi, je ne veux rien savoir du tout. Je refuse de suivre cette équipe de femelles incapables, qui…
Françoise-Marie : Taisez-vous, mon pauvre ami ! Vous êtes lamentable.
Jean-François, surexcité : Je refuse et tous les hommes avec moi. Nous disons NON au conseil municipal des femmes !
Robert : Enfin, on peut peut-être…
Jean-François : Nous disons NON…
Georges : Ca dépend… si elles me font faire des affaires…
Jean-François : Je refuse de vivre dans une commune dirigée par des femmes incultes…
Roger, toujours vexé : Bien dit !
Daniel : Si elles nous laissent faire la fête…
Jean-François : Nous, les hommes, nous allons déposer un recours en Conseil d’Etat. Mais en attendant, nous allons bloquer le village. Nous pouvons bien vivre sans vous, et…
Martine : C’est ça, partez tous !
Catherine : Ben quand même… Comment il va faire, mon Paulo, sans moi…
Nathalie : Il va apprendre à faire la cuisine tout seul, ça ne lui fera pas de mal !
Robert : Christine, ma chérie, je suis dans un dilemme épouvantable…
Christine : A toi de voir, mon amour. (Aguicheuse :) Je vais avoir peur, la nuit, sans toi.
Jean-François : Messieurs, je compte sur vous pour construire une barricade ici même. Qu’elles gardent la mairie, puisqu’elles y tiennent tant !
Roger : Tant qu’on conserve le café…
Georges : Eh attendez, j’ai peut-être mon mot à dire…
Roger : Tu as vu comment elles nous parlent ! Et leurs airs supérieurs !
Jean-François : Pas question d’accepter la dictature de ces créatures.
Martine : Créature toi-même !
Roger, à Robert : Et toi, tu ne vas pas te laisser mener par le bout du nez par ta femme !
Robert : Non, bien sûr, mais…
Daniel : Chacun son quartier !
Martine, ironique : Les femmes à la mairie et les hommes au café !
Françoise-Marie : Tant que le mien est hors de ma vue, tout va bien !
Les hommes prennent des caisses qui traînent devant le café pour faire une barricade. Jean-François surveille les opérations sans mettre la main à la pâte.
Christine : Des barricades, comme à Paris !
Monique : Tout de même, on pourrait les faire venir de temps en temps…
Martine : Pas question tant qu’ils n’auront pas reconnu notre victoire aux élections !
Nathalie : Mais pour certains, c’est peut-être un peu dur, non ?
Christine : Il faut être ferme !
Catherine : Ah, la la ! Qu’est-ce que mon homme va me mettre quand je vais rentrer à la maison !
Martine : Mais rien du tout ! Je vais instaurer un arrêté municipal contre le despotisme domestique masculin.
Nathalie : Euh… Ça veut dire quoi, ça ?
Catherine : Et ça changera quoi, quand mon homme voudra m’allonger une avoine ?
Martine : Vous voulez faire évoluer les choses, oui ou non ?
Monique, avec plein de sous-entendus : Oui, mais bon… Il y a bien une chose pour laquelle les hommes sont irremplaçables… Et ce serait dommage de s’en priver.
Martine : Il y a un temps pour tout. Pour le moment, l’heure est au combat !
Monique : C’est dur, quand même…
Martine : Allons, un peu de fermeté, que diable !
Jean-François : Regardez-les ! C’est déjà l’anarchie !
Martine : Montrons un front uni face à la dictature masculine !
Monique, lyrique : Oui… mais je croyais que c’était la libération des femmes, qu’on pourrait faire ce qu’on voulait de notre corps et…
Martine : Plus tard, plus tard.
Christine : Nous n’en sommes qu’à la première phase de notre combat !
Catherine : D’ailleurs…
Monique : D’ailleurs quoi, rabat-joie ?
Catherine, vexée : Rien !
Nathalie : Ben si, dis-le.
Catherine : Je trouve qu’on manque de références dans notre combat.
Martine : Elle n’a pas tort.
Nathalie : Il faudrait s’inspirer de ce qui se passe à Paris. Ou mieux encore, en Amérique !
Monique : Oh, oui, l’Amérique !
Martine : Eh bien, je crois que la commune va financer un petit séjour en Amérique pour notre envoyée spéciale Monique.
Monique : Ouiiii !!!
Nathalie : Pourquoi elle ?
Martine : Avec pour charge de nous ramener…
Monique : Des hommes, y’a des hommes superbes là-bas, il paraît…
Martine : … des idées, un mode de vie… enfin, ce qui se fait de mieux.
Monique : Des Texans, avec des bras musclés…
Nathalie : Je peux y aller, moi aussi ? (Daniel relève la tête, très inquiet)
Christine : Je te rappelle que tu es mineure.
Martine : De plus, je crois qu’il sera un peu difficile pour la commune de financer un second billet. Monique s’en sortira très bien toute seule.
La lumière descend doucement.
Monique : Oui ! L’Amérique !
Jean-François : On ne se laissera pas faire !!!
Noir.
Radio, off : …et c’est un peu la révolution à Marvilly-les-Hameaux. Les femmes ont pris la mairie, mais les hommes, menés par l’ancien maire, le Baron Jean-François de la Pommeraye, ont décidé de déposer un recours en Conseil d’Etat. En attendant, ils ont installé des barricades. C’est le chaos dans le village où…