FEU
sistaj
Aujourd'hui encore, je transgresse ma promesse d'éviter toute ivresse.
Comblée par la solitude, j'abreuve ma soif sur un banc,
Loin des regards méprisants.
Je vis dans l'opprobre.
Est-ce ma faute si je ne puis rester sobre ?
Tandis que je m'ENLIVRE,
J'entends au loin résonner la clameur d'une cohue.
Ce TOHU-BOHU me dégrise.
Prise par un élan de curiosité, je tends l'oreille.
Une voix s'élève dans ce CHARIVARI.
« Qu'attend-on donc ? Brûlons-les à brûle-pourpoint ! Point de pilons ! De la poussière !»
Cette cacophonie orale m'exaspère.
Une farandole de FARIBOLES me transperce les tympans.
Je dissimule mon ouvrage enivrant au fond de ma besace
Et me dirige en ZIG ZAGANT vers ce rassemblement.
Une foule dense déboule.
OUF ! Elle manque de me faire chuter.
Sur un char, un orateur prolixe, à la propagande prolifique,
Tient le rôle d'AMBIANCEUR.
Cet HURLUBERLU hurle sous les huées de rares contestataires,
Répète à TIRE-LARIGOT ce slogan effarant :
« Qu'attend-on donc ? Brûlons-les à brûle-pourpoint ! Point de pilons ! De la poussière !»
Eberluée par ce spectacle énigmatique,
Je découvre une fumée noire qui s'élève au loin.
Est-ce un carnaval ?
Est-ce Caramantran qui brûle sur la place publique ?
Pourtant, point de danseurs, point de musique.
Je me laisse portée par le flot de ces manifestants
Guidés par ce leader TIMBRE.
Notre progression est endiguée par un incommensurable brasier.
Livrés à la vindicte, des milliers de livres sont condamnés au bûcher.
Terrorisée, les poings serrés, j'assiste impuissante à un autodafé !
Je sers le sac qui protège ma liberté de conscience,
Ce roman qui se dit science-fiction : FAHRENHEIT 451.