Frankie'snot dead

themariarosariaworld

Neurasthénie.

La nuit Frankie souffre. Frankie souffre affreusement.
Ses douleurs se réveillent à la même heure. Il aspire l'air puissamment pour nourrir son souffle. Ses mains humides s'agrippent aux draps usés.
Frankie endure  une piètre vie depuis trop longtemps. Il le dit. Le croit. Rien ne va. Jamais. Ses liaisons spirituelles mouvementées. Son métier déplaisant. Son triste appartement. Une famille fantôme.
Les chiens bâtards assument leur mélancolie et les crapauds s'agitent dans les campagnes lointaines. Merveilles de la nature.
Frankie sanglote quand il égare son parapluie. Quand la radio grésille. Quand Hugues va au bistrot sans lui. Quand il n'y a plus de pain au maïs chez le boulanger. La faute à qui ? Frankie souffre terriblement. Tout le temps. Les jours fériés. Les jours en i. Les nuits.
Frankie n'aime pas janvier. Ni novembre. Sale jeudi. Il n'aime que son Dieu quand à genou il prie. Plus fort que lui. Chez Frankie, l'odeur de renfermé repousse les rats d'hôtel. Les stores baissés font pourtant de l'ombre aux souris. Frankie veut souvent s'en aller. Partir pour s'apaiser. Tirer sa révérence. Mourir. Une drôle d'idée. Se pendre ou s'éjecter ? Ingurgiter des billes. Lacérer sa déveine. Respirer un gaz d'échappement. Il réfléchit. Pense. Ressasse. Rumine.
- Allo Nina ? Je veux mourir…
- T'en es sûr ?
- Oui.
- T'as vu l'heure ?
- J'ai mal Nina…
- Demain si tu veux on ira au marché. Ou alors boire des bières à la Brasserie de la gare. Manger des poulpes au bord de mer. Au pavillon d'oncologie. A l'asile de nuit. Faire des brasses coulées à la piscine Grouchy. Voir ma mère au cimetière. Mater les filles du Peepshow. Danser un tango à L'Eldorado.
Frankie est mort une nuit de plus. L'enfer commence toujours au Paradis. Le matin, le jet brûlant des douches réchauffe les nuques endolories.

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