Fumer tue, le monde tue, je me tue.

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Se détruire. Il y a tellement de façons différentes de le faire. Une façon que j’aime beaucoup, c’est la discrète, la plus subtile mais la plus vicieuse. Celle que l’on ne voit pas. Celle qui émane de l’intérieur de soi. Celle que l’on s’inflige facilement parce que justement, on ne la voit pas. Mais on la sent, sans cesse. On sait que c’est mal, on sait que l’on finira, tôt ou tard, par le payer. On le sait et pourtant… on le fait quand même. On fume une, deux, trois cigarettes. On fume, un, deux, trois joints. On boit un, deux, trois verres. On mange à s’en rendre malade, à s’en faire vomir chaque jour. On refuse de s’alimenter sous prétexte que cela fait « grossir ». On se drogue. On se fait des poussées d’adrénalines régulièrement et on aime sentir notre petit cœur fragile battre à nous en déchirer le thorax. Je vais m’arrêter ici, si vous me le permettez. Je pourrais évidemment continuer, indéfiniment. Vous le savez autant que moi…

On aime cette destruction, parce qu’elle ne nous fait pas peur. Invisible à l’œil nu pendant une certaine période qui parfois, peut durer longtemps. On commence à en avoir peur quand notre corps lui, en a marre, et réagit. « Un cancer ? Combien de temps, Docteur… ». Lorsque notre visage n’est plus qu’une épave, des traits tirés, des joues creuses. Quand on se rend compte que nous sommes essoufflés juste en soulevant notre bras. Quand on a mal, mal à l’intérieur, dans nos entrailles, à notre estomac, à notre foie. Quand on n’est plus capable de tenir debout, quand nous n’avons plus assez de force. Quand notre cœur ne sait plus comment battre correctement. Quand il lâche, tout simplement.

Alors, nous y voilà. Cette question qu’on se pose tous : pourquoi on ne s’arrête jamais à temps ? Et on en vient à la deuxième : pourquoi on continue malgré les préventions, malgré ce que l’on en sait de tout cela ?

L’entêtement, la connerie, l’inconscience ? Un peu de tout, un peu de chaque. Un peu de rien. Un peu de l’être humain.

Et puis, il y a la casse physique. Celle que l’on voit, celle que tout le monde peut voir. Celle que l’on peut juger à souhait, si facilement, avec un seul regard posé. Et peut-être que dans le fond, c’est celle qui fait le plus mal des deux. Elle est directe, elle n’est pas douce. La douleur est imminente. Tranchante. Sans retour. Il faut l’assumer, cette destruction. Il faut l’apprivoiser, il ne faut pas avoir peur du regard des autres. Il en faut beaucoup pour s’en détacher. Des tonnes de dévastations intérieures pour oublier à quel point elle fait du bien.

Se détruire, c’est ce que nous faisons chaque jour. C’est quelque chose d’inévitable. C’est quelque chose d’humain. C’est en moi, en vous, en eux. C’est plus marqué chez certaines personnes, moins chez d’autres.

Et je ne vous ai même pas parlé de l’anéantissement psychologique… parce que c’est sans doute la pire destruction. Elle est meurtrière. Elle tue. Oui, elle tue…

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