Funérailles juvéniles

Cela fait des mois que j'essaye d'écrire, mais rien ne sort . Que je me retrouve face à un écran ou du papier, c'est pareil, ce blocage vicieux qui fait macérer mes sentiments et mes pensées, les réprime et les anesthésient. La raison de ce mutisme intérieur c'est que je n'ai plus aucunes certitudes sur rien, je ne m'exprime désormais que par des bribes de phrases insignifiantes qui me mettent à l'abri de tout positionnement, que ce soit sur l'amour, l'argent, le travail, la vie.. Je ne veux rien dire, je ne pense rien, je ne fais qu'observer. Tu m'as connu idéaliste et rêveuse, têtue et révoltée, me voilà tellement différente maintenant, j'assiste à l'enterrement des mes croyances juvéniles, je suis aux premières loges, impuissante et résignée. Qu'est ce que je peux y faire ? On ne ressuscite ni les gens, ni les convictions une fois qu'elles sont mortes. Alors je continue d'avancer, incertaine mais sereine, car maintenant je sais que je ne sais rien, je sais que mes certitudes d'aujourd'hui peuvent devenir mes erreurs de demain, je sais que rien n'est noir ou blanc, et ca m'apaise. Pour apprendre il faut prendre des risques, partir et se nourrir des rencontres, des gens souvent plus agés qui, eux, ont vécu, sont tombés, se sont relevés ou sont restés à terre, peu importe l'histoire, écouter ces gens qui vous parlent avec sincérité et bienveillance. Eviter les gens qui cherchent à vous convaincre de telle ou telle chose, ceux qui voudraient vous imposer leur vérité absolue, ceux la n'essayent qu'en fait de se persuader eux mêmes que leur idées sont les meilleures. Ces convainqueurs, sont en réalité les plus paumés, il peut s'agir de tout genre de personnes.

Il y a en ce moment un engouement sur le développement personnel et la pensée positive, apprendre à gerer ses emotions, voir le côté positif dans toutes sortes de situations, même les pires. Je pense que c'est faux, quand un malheur arrive, que quelque chose nous fait mal c'est bien mieux de laisser s'installer la tristesse ou/et la colère plutôt que de chercher a la camoufler avec une fausse joie. C'est impossible de toujours aller bien, a moins d'être hermétique à tout, ce qui est encore plus triste selon moi. Accepter la douleur et surtout accepter le changement qu'elle opère en vous, on est plus pareil après un deuil, une maladie ou une rupture, cela change en vous beaucoup de chose, votre comportement, votre vision de la vie ou encore votre personnalité. L'acceptation est la clef, accepter ses faiblesses et ses défauts est déjà un grand pas, non vers le bonheur, mais vers la sérénité.