Germain, épisode 4.

Germain se demandait souvent comment se finirait sa vie. Est ce que ce jour là ce sera la nuit ? Ou bien un crépuscule ? Sera t-il seul ou mal accompagné ? Entendra t-on de la musique, ou bien un animal hurlant, des cloches ou un bébé qui rigole ?

Il se disait qu'un truc qu'on appelle le repos eternel ne pouvait pas être totalement mauvais...

Le troisième demi fut englouti aussi rapidement que les deux premiers et Germain sous les chauds rayons du soleil de printemps commençait à mijoter derriere la vitre du bistrot. Une compagnie de grains de sel de cacahuètes avait envahit son coude droit et semblait fossilisée dans le cuir noir de son blouson. Les tapes et les caresses appuyées sur la peau de vache ne parvenaient pas à décoller le moindre grain et une grande lassitude s'abbatit alors sur le buveur. Germain tourna le regard vers le journal qui traînait sur le comptoir, le prit et commença la lecture de son horoscope: " Travail, vous ferez preuve d'une audace exceptionnelle en public/Santé, cuisinez sans beurre/Amour, ce n'est pas encore pour. .."

-Monsieur Lamplette? 

Germain releva la tête, la tourna sur la gauche et regretta aussitôt d'avoir trop bu, de transpirer et d'avoir posé ses coudes sur le zinc. 

Une sublime poupée noire le scrutait avec un merveilleux sourire et de grands yeux gris clair. Le clignement de paupières qui suivit décupla sa sudation en même temps qu'un vertige brutal le projetta au sol. 

-Monsieur Lamplette? 

Germain se réveilla au milieu de la salle, surplombé par des visages rougeauds qui l'observaient goguenard. Elle, elle était toujours là, aussi belle. Sa sueur avait séchée et il avait pissé dans son froc. 

Les ambulanciers entrèrent dans le bistrot et après l'avoir ramassé convoyèrent Germain à l'hôpital Lariboisière oú il fut admis à 18h30.

A 21h04, le médecin de garde, monsieur Ewala signa le certificat de décès.

À suivre..