Glauque.

etreinte

Je sens son pied effleurer le mien et caresser ma cheville. Je le vois dans ses yeux et à sa posture : ça l'excite. Avant, il avait au moins la prudence de le faire en privé, mais ce soir il le fait sous les yeux de tout le monde et personne ne le remarque.
Il n'y a que lui et moi qui savons. Le pire, c'est qu'il continue de parler normalement à ses interlocuteurs autour de la table. Il parle de politique, de réfugiés, débat sur son boulot et sur le prix du gasoil en France sans arrêter la danse sensuelle de son pied qui frotte contre mon mollet.
Il tartine du foie gras sur un pain toasté et ses bruits de mastication sont couverts par l'animation du repas. Tout le monde a l'air heureux. Aussi, personne ne remarque qu'il replace souvent son pénis en érection inconfortable dans son pantalon trop serré. Et les petits regards et sourires qu'il m'adresse le confirment. Il n'a plus besoin de parler pour m'ordonner de me laisser faire.
Il rapproche sa chaise de la table et frôle maintenant mes genoux, serrés. Si je parle, il me tue. Je le sais. Même ici entouré de monde. Il a déjà un couteau en main. Alors je ne bouge pas. Je suis terrifiée. Je suis faible. J'essaie de faire semblant qu'il ne se passe rien, que tout ça n'est qu'un cauchemar, mais je ne trompe personne. Mes deux frères, mes tantes, mes parents et même mes petits neveux remarquent que je tire une gueule d'enterrement. D'ailleurs, je n'ai même pas touché à mon plat, et pourtant c'est Noël.
J'avais souhaité si fort cette année que mon oncle cesse de me violer dès qu'il en a l'occasion.
Le père Noël ne m'a pas écouté. Je n'ai pas dû être assez sage. Alors je serre les dents et essaie de ne pas vomir au contact du pied de mon tonton contre mes collants.
Je ne veux pas gâcher le 24 décembre de tout le monde.

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