GOURMANDISE

marguerite

Je suis là, assise, impatiente de le découvrir, de le voir, le sentir, le goûter. Comment sera-t-il présenté ? De quoi aura-t-il l’air ? Comment sera-t-il mis en scène ? Pourvu qu’il me surprenne, m’étonne, me ravisse, me rende heureuse. Pourvu qu’il me laisse un délicieux souvenir, que je m’en souvienne encore en me couchant ce soir.  Qu’elle est longue cette attente ! Il sait se faire désirer ! Plus j’attends, plus je doute. N’aurais-je pas dû choisir l’autre ? Il semblait très appétissant aussi, aie ! Quel supplice, peut-être me suis-je trompé ? Ce serait trop bête. J’ai vraiment envie profiter de cette soirée, de me régaler. Je suis là essentiellement pour ça.

Puis, tout à coup, au loin je le devine, c’est le mien, le voilà qui arrive à la main du porteur de bonnes nouvelles.

« Pour vous, Madame, prenez garde c’est très chaud. »

« Merci bien »

Il est là devant moi, il sent déjà délicieusement bon avant même que je ne le goûte. Mon plat. Mon mets. Il  repose  avec grâce au centre d’une assiette elle-même très chic. Attention, le contenant est presque aussi important que le contenu. La présentation est digne du fait d’un artiste, elle mériterait une photo, au moins dans ma mémoire visuelle. Ses accompagnements le protègent, l’entourent mais bientôt ils ne feront plus qu’un entre mes dents. Même les couleurs sont choisies avec subtilité. 

Je n’en peux plus d’attendre, mon conjoint est servi lui aussi, enfin. Un bon repas se doit d’être partagé. Je me lance, j’attaque.  Non. Rien de rien. Non. Je ne regrette rien. J’ai fait le bon choix. C’est exquis ! Sublime ! Hum ! Quel délice ! Déguster un bon plat est un pur plaisir. D’autant plus intense qu’il est éphémère, d’où la nécessité de savourer chaque bouchée avec délicatesse, douceur et patience. Se laisser aller. Quand les arômes exaltent les papilles, c’est le bonheur. Ca y est je suis heureuse, ou encore plus qu’avant de commencer à manger. Lorsque les saveurs sont nouvelles, le plaisir est encore meilleur. Si la découverte est succulente, alors elle relève de la féerie. Puis le repas atteint son apogée s’il est accompagné d’un grand cru au bouquet capiteux.

Conseil de fin gourmet : Toujours finir par le meilleur morceau, et bien le laisser fondre sur la langue, ainsi il reste en bouche plus longtemps, son goût sera alors le dernier à disparaître. Il laissera un doux souvenir qui mérite de fermer les yeux quelques secondes pour encore mieux l’apprécier.

Pour moi, un bon repas est un véritable cadeau (non pas du ciel, comme certains le disent naïvement…) mais un cadeau qui me fait réellement chaud au cœur quand on me l’offre. Peu de d’autres choses me font autant plaisir. A bon entendeur…Je me délecte déjà du prochain...

Signaler ce texte