Haut-de-forme, paillettes et sabres d’abordage : Alice Cooper !

Clément Thiery

Paris, un 8 novembre 2011…

Il est déjà 20h45 ; une foule hétéroclite prend son mal en patience dans la fosse du Zénith, un gobelet de bière trop cher entre les doigts. 21h. Coup de tonnerre, le rideau est arraché. Perché en chaire, un Vincent Furnier en archevêque rock’n’roll cuir et paillettes sonne le Te Deum de la grande messe électrique avec "The Black Widow". Les hits pêchus s’enchaînent, puisant tantôt dans les coffres vintage ("I’m Eighteen", "Under My Wheels", "No More Mr. Nice Guy"), tantôt dans le répertoire le plus récent de M. Cooper ("Wicked Young Man", "I’ll Bite Your Face Off"). Les refrains sont efficaces et faciles à retenir, et la foule, bon public, hurle et en redemande. De part et d’autre du temple de l’Horreur érigé sur scène, les colonnes d’amplis font écho à la sauvage clameur et pulsent les complaintes viciées du charmeur de serpents. Le maître chanteur partage l’ovation avec ses disciples, qui une tellurique blondinette portant guitare et minijupe, qui un colosse tatoué baladant avec allégresse ses gros doigts sur une basse.

Lorsque se taisent les guitares, lorsqu’éructe la foule possédée, un même rituel immuable : le frontman sanguinolent est happé par la pénombre du backstage pour en revenir grimé, arborant ici un Perfecto de strass, là un katana ou un boa constrictor. Alice Cooper mène une fanfare toxique tambour battant ; Vincent Furnier en théâtralise chaque décibel, livrant un show granguignolesque qui combine rhétorique de l’hémoglobine et couillue verve hard-rock. Chaise électrique fumante, Frankenstein géant, poupée sexy désossée à coup de boots, photographe occis… Un Alice Cooper guillotiné finit par retrouver sa tête à temps pour un dantesque final. Avant "Elected" et un rappel unanime, c’est "School’s Out" en forme d’hommage incandescent au Floyd de "Another Brick In The Wall Part 2" que scande une bataillon de cordes vocales en cadence avec une armée de pieds. En marinière, M. Cooper brandit un drapeau tricolore démesuré, lance un "merci Paris" puis s’en retourne égorger des poulets dans l’Arizona.

Clément THIERY

8/11/11

21/11/11

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