Hier
writiingchloe
Ce matin, en me levant, je repasse la journée d'hier en revue dans ma tête, ce n'était pas facile, mais au moins tout cela est derrière moi, je respire enfin, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé, ça fais du bien.
Je passe la porte de ma chambre, dis bonjour à mon chat comme tous les matins, lui aussi paraît apaisé.
Il ronronne.
Beaucoup.
Puis il retourne se coucher sur son coussin préféré, le rose près de mon propre fauteuil à droite de la grande fenêtre. Je passe la porte de la cuisine.
Je prends une tasse, allume ma cafetière, écoute le bruit insupportable qu'elle fait depuis maintenant 45 ans en broyant les grains qu'elle contient pour libéré le précieux liquide foncé qu'elles contiennent. Je prend ma tasse, marche jusqu'au salon, m'assoit sur mon fauteuil à côté de mon chat et de ma fenêtre.
Il me regarde.
Je le regarde.
Je souffle.
Je tourne ma tête vers la fenêtre. L'herbe est si verte au-dehors, je ne l'avais jamais remarqué. Qu'est-ce que le levé de soleil est beau ce matin, c'est étonnant. Et cette forêt parait si verdoyante, si vivante. Tout paraît changé. Il n'y a peut-être pas que moi qui ait changé depuis hier. Ou peut-être mon œil plus libre peut enfin voir le monde correctement.
Des oies volent au-dessus du lac en bas de ma petite colline. Elles aussi sont libres aujourd'hui. Une larme roule sur ma joue. Libre enfin.
Je vois en bas de mon petit chemin un chat traverser la route. Il saute sur le muret de mes voisins. Ah mes voisins, c'est eux qui m'ont véritablement aidé à tenir le coup pendant mon calvaire. Mais tout ça est derrière moi maintenant. Il passe près du figuier de madame Bernard, il commence à fleurir. Enfin, on ne l'attendait plus. Il passe devant les parterres de monsieur Lequier, c'est moi ou ils n'ont jamais été aussi beaux ? Non ça doit sûrement être ma nouvelle vision du monde. Décidément, j'aime beaucoup ça. Je ne pensais pas m'habituer si vite à vivre sans hier.
Le soleil est levé à présent, il illumine tout mon village. Les petites maisons brillent sous sa lumière. Je souffle. C'est si beau.
Puis mon regard est attiré par le cimetière en face. Je souris. Je vois une petite tombe, seule, sans aucune fleur sur le dessus.
Je souris.
En effet, je suis vraiment bien mieux sans hier à présent.