High

sesortirlesdoigtsducoeur

"Qui te dit que ce n'est pas toi qui vas rencontrer quelqu'un d'autre et me quitter pour cette personne ?"

"Qui te dit que ce n'est pas toi qui vas rencontrer quelqu'un d'autre et me quitter pour cette personne ?"

Il est vrai que je ne connaîtrai peut-être jamais plus ce que l'on ressent lors des prémices d'un tout nouveau couple : l'excitation de la nouveauté, les questionnements existentiels survoltés et le nœud dans l'estomac en attendant un message. Mais si l'on y regarde de plus près, il y aura un jour ou l'autre toujours quelqu'un pour entrer dans ma vie voulant m'envoyer un shot du complexe mélange d'adrénaline et de dopamine. Car oui, il ne s'agit au départ que de simples procédés chimiques dans le cerveau. Mais est-ce réellement ça l'important ? Obtenir une dose supplémentaire pour se sentir vivants ? Serions-nous dans ces nouvelles générations tous des camés des sensations ? Nos récepteurs d'hormones du plaisir sont-ils tous tellement surexploités avec le sucre, les séries regardées à la chaîne, les voyages et les jeux-vidéo que nous avons sans cesse besoin d'un tout nouveau high sentimental ? Ne pouvons-nous vraiment pas supporter de ne pas planer sans arrêt ? Pourquoi allons-nous toujours vers le plus simple et en devenons-nous addicts ? Pourquoi toujours courir à la recherche de quelque chose que l'on a déjà devant les yeux ?

Croyons-nous réellement que notre cerveau est toujours fiable et pragmatique ? Non, il est simplement entraîné pour essayer d'obtenir ce qui le stimule au plus vite, tout en ayant le moins d'efforts à fournir. Nous avons tous déjà plongé notre cuillère dans un dessert un soir, alors que vous n'avions absolument plus faim, j'en suis certaine. Cela veut-il dire qu'il faut chaque jour prendre un nouveau dessert et se rendre malades ? Il semble certes parfois plus simple d'aller vers quelqu'un d'autre, où la découverte, l'interdit et le fantasme sont à leur paroxysme, pour tenter de satisfaire ce que notre tête réclame. Mais n'est-ce pas comme un pot de glace, simplement céder à une pulsion primaire grotesque ? 

Ce que l'on possède est bien plus inestimable si l'on doit se battre pour le garder. L'adrénaline engendrée par la peur de perdre ce que l'on a de plus précieux est amplement suffisante. Un feu vif est un danger qui nous brûle pour nous laisser des cicatrices, avant de s'éteindre et nous laisser mourir de froid en éparpillant ses cendres. Alors pourquoi irais-je le préférer à un foyer crépitant et réconfortant qui pourrait durer l'éternité tant qu'il est alimenté ? Ne pas désirer plus que ce que l'on a déjà dans le cœur n'est pas une tare ou une erreur ; il s'agit simplement de savoir discerner que tout ce que l'on espère au fond de nous est en fait déjà nôtre. Il faut arrêter de courir, et se rendre compte que l'amour n'est pas un résultat à obtenir mais quelque chose que l'on choisit et qui se construit. Arrêter de rêver à des idéaux de perfection modelés par l'imaginaire et qui n'existent nulle part, et s'apercevoir que tout ce qui compte est ce qui est parfait pour nous. La personne qui met en avant nos qualités, nous fait nous sentir épanouis et heureux, compris et écoutés, aimés pour de vrai.

Oui, il est plus difficile de prendre du recul sur sa propre relation pour œuvrer à deux à entretenir cet amour. Mais si il n'y a aucun effort, aucun combat ; est-ce que cela vaut quelque chose ? C'est à mon sens l'association parfaite de l'amour véritable, du self control et du respect de l'autre. Avoir quelqu'un sur qui compter, qui nous connaît par cœur, qui comprend nos intentions en un simple regard, qui nous fait rire, qui nous soulage de nos douleurs et de nos peines, qui rend notre vie meilleure et fait de nous une meilleure personne : n'est-ce pas cela, le plus important ? Ne faut-il justement pas se battre pour ce qui compte le plus ? Pourquoi irais-je remplacer un diamant par un cristal sans valeur ? Il peut sembler briller bien plus fort dans un premier temps, mais lorsque le soleil disparaîtra, il ne restera qu'un bloc de minéral sans intérêt, et tout le reste de ma vie je ressentirai en moi le vide que le véritable joyau aura laissé. C'est lorsque la chose réellement précieuse est définitivement perdue qu'on la regrette. Ne serait-ce pas totalement idiot d'abandonner ce que j'ai, pour continuer à chercher ce que j'avais déjà ? Je refuse d'être de ceux qui jettent par la fenêtre le véritable amour pour satisfaire un cerveau drogué par un dealer appelé le 21ème siècle.

Signaler ce texte