I can't fly.

oriana

Ce soir là, vers minuit, trempée de sueur dans sa chambre d'hôpital, elle avait hurlé.

Ses cils noirs comme ses cheveux étaient gras, abîmés et fatigués.

Elle était fatiguée de voir son sang couler dans un tube rouge. Ce qui rendait la décoration blanche de la pièce encore plus glauque.

Elle était mal. Autant intérieurement que physiquement. Sa peau pâle montrait qu'elle rejoindrait bientôt un autre monde. Un autre monde.

Elle avait toujours été la jeune fille, dansante, qui souriait et vivait toute seule. Ses proches étaient trop riches, des pièces dans les yeux, pour voir les ailes d'un ange.

C'était un petit ange, aux ailes et à la liberté bien plus grande que l'humanité. Aujourd'hui elle était attachée par des crocs de fers partout sur ses membres.

Elle avait été violée, salie, torturée. Alors qu'elle était belle sous la lune, une ombre l'a emportée au vent, dans son coffre, et l'a emmené.

Ce soir là, elle avait été déchiquetée. On lui avait fendu la peau du dos, de manière à retirer ses plumes.

Sur son sein gauche, sur le cœur, une lame avait déposé "I can't fly". 

Elle avait hurlé, repoussé le mal, avait fini dans un hôpital.

Ses cris montrent qu'elle n'a pas laissé quiconque s'approcher de son âme. 

Elle n'a pas lâché une seule larme. Ses dents ont troué sa chair.

Projetée dans les murs, volant dans l'air, elle croyait danser.

On lui a arraché le corps. Des cris.

Les anges sont assez forts pour continuer d'aimer la vie.

Même si ce soir-là, son cœur est parti pour un autre monde.

Les ombres resteront hors de la blancheur.

Ses ailes n'ont pas été arrachées.

Car elle est belle.

Elle peut voler de bien autres manières. Car les anges qui ont apprit revoleront encore.

Elle pardonnera.


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