I- Differents

maunnie-

Là-bas, dans le fin fond du territoire germanique, elle cherchait. Sans ménagement, elle tentait de trouver cette plante. Celle qui avait des vertus dignes des pouvoirs du Dieu Hygie. Il lui fallait à tout prix. Une vie était en jeu et elle ne laisserait pas cette personne l'Abandonnée. Elle se levait et époussetait sa longue jupe bordeaux. Elle mit correctement son foulard sur la tête et prit son panier tout en continuant sa chasse.Là-bas, dans le fin fond du territoire germanique, elle cherchait. Sans ménagement, elle tentait de trouver cette plante. Celle qui avait des vertus dignes des pouvoirs du Dieu Hygie. Il lui fallait à tout prix. Une vie était en jeu et elle ne laisserait pas cette personne l'Abandonnée. Elle se levait et époussetait sa longue jupe bordeaux. Elle mit correctement son foulard sur la tête et prit son panier tout en continuant sa chasse.


Le soleil dans le ciel descendait peu à peu, mais la jeune femme était toujours dans ce bois, à la recherche de cette plante, elle n'en pouvait plus. Les paumes de ses mains étaient écorchées de part et d'autre. Le bas de sa jupe était arraché de façon aléatoire. La fatigue, de plus en plus présente, creusait ses yeux par des cernes sombres.


Épuisée, ses jambes lourdes s'emmêlèrent dans une racine. Elle tombait face contre sol, dans un bruit sourd. Ses avant-bras furent ouverts de long en large par les fines épines du buisson dans lequel elle venait de s'effondrer. Grimaçant de douleur, elle essayait de se remettre debout, mais ses membres ne répondaient pas. À bout de forces, elle arrêtait tous efforts inutiles. Le temps passait et le soleil se couchait. La nuit tombait dans la vallée germanique.


Se revigorant, elle tentait de se soulever sous la douleur encore présente de ses jambes. Rampant pour sortir de cette sylve. Elle réussit à se mettre sur ses deux jambes et regarda son environnement.


Un temps brumeux entourait le loch. La surface de l'eau se troublait. Une tête apparut brièvement, puis laissait sa place à des ondulations qui se propageaient le long de la surface de l'eau. Un corps humain perçait alors, le brouillard. Le tonnerre retentit et en un éclair, elle aperçut le visage de l'homme. Un grand brun aux cheveux mouillés. Un corps d'Apollon parfaitement taillé. Un visage aux traits si fins que l'on aurait pu le confondre avec une femme. Son corps ruisselait de délicates gouttes d'eau. Quelques algues marines lui recouvraient le corps.


De monstrueux maux de tête happèrent l'esprit de la jeune femme et elle tomba de nouveau sol. Sa vision se troubla, mais elle resta assez consciente, malgré son épuisement par la chasse qui l'avait affaiblie. Sa vie se finissait peut-être là. Elle était une des plus jeunes et des plus belles du village, il se nommait Héloïse. Elle sentit une chose froide se coller à son corps maintenant inerte. Elle hurla. Son cri resta coincé dans sa gorge. Rien ne sortit. Elle sentit des gouttes lui tomber sur le visage et dans le cou, ainsi que des bras l'attirant contre une chose humide. C'était un lui. Elle allait trépasser. Être dévoré. Comme dans la légende.


« Les ondines, ondins dévorent les villageois qui s'égarent près des lochs, leur territoire de chasses. ».




Le temps passait et la jeune femme ne se réveillait toujours pas. L'endroit, où elle se situait, était différent de celui où elle avait perdu connaissance. Le brouillard l'encerclait et sa vision était réduite. Allongée sur un sol humide, ses yeux s'ouvrirent, petit à petit. Elle se redressa et détailla son environnement. Il n'y avait rien aux alentours. Seul ce voile blanchâtre cachait le paysage. Bougeant légèrement, ses pieds rencontrèrent une fraîcheur glaciale. Instantanément, elle les ramena à elle. Ce toucher provoqua à la surface, des ondulations qui se propagèrent sur l'eau limpide. Rampant lentement sur le sol, elle se déplaça. Rencontrant, la rive, elle se rendit compte, que son corps avait été déposé sur une roche plate, au milieu du Loch.


Elle se pencha et regarda son reflet dans l'eau. L'eau gondolait. Une présence était là. Mais une seule et même question lui tournait en boucle dans la tête : Qui l'avait emmené ici ?
Sa réponse ne fut cependant pas immédiate. Du bout de ses doigts, elle toucha l'étendue de l'eau à sa portée. Étrangement, une résistance se fit sentir. Elle leva, doucement et lentement son doigt et une main sortit de l'eau. Au fur et à mesure, qu'elle retirait sa main, un corps apparu.


Intriguée par cette créature qui lui était inconnue, elle se pencha au-dessus de l'avant-bras, mais celui-ci, s'enfonça dans l'eau. Trop curieuse, elle mit son visage au centre des ondulations et avec son nez, toucha le centre. La même chose s'y produit. Il y eut de la résistance et, peu à peu, un autre visage apparut. Nez contre nez, les yeux dans les yeux, la créature sortit de l'eau. Impressionnée par celle-ci, la jeune femme tomba sur les fesses, en ayant toujours le contact visuel et physique. La créature était en position dominante sur la jeune femme. Elle le savait, c'étaient ceux de la légende. De ce mythe, les ondines et les ondins, beaucoup plus rares. Elle allait mourir de ses mains, elle en avait pleinement conscience, mais pour une raison inconnue, elle ne le craignait guère. Au contraire .Son regard était noir. Aussi, sombre et grand que le néant. Il avait en ses yeux une intensité rare et captivante. Elle ne pouvait défaire ses yeux des siens, c'était excessif de lui demandé.


Intrigué, par cette jeune femme, il passa, appréhendant le toucher, sa main sur sa joue. Un frisson parcourut, l'échine de la femme qu'elle se laissa faire. Prenant, peu à peu, confiance en ce toucher, il continua et dessina tendrement ses traits fins. Ses yeux, ses sourcils, son nez et ses lèvres. Il s'arrêta sur celle-ci et interchangea les regards de ses lèvres à ses yeux. Il y dessina leurs contours, progressivement et chèrement.
Les bouches, légèrement, entrent ouvertes, les yeux mi-clos et pleins de désirs, les deux amants se rapprochèrent, graduellement, jusqu'à s'effleurer frugalement, du bout de leurs lèvres. Ils bravaient l'interdit. Ils étaient dans le vice.
Le prédateur et la proie, n'était-ce pas un péché contre la chaîne alimentaire ? Ils ne le savaient pas.


Se laissant aller à un rapide plaisir d'un jour, les deux êtres se réunirent enfin, après tant d'attentes. Les yeux fermés, leur âme féline et sauvage prit le dessus. Tous deux se délectaient d'un tel hédonisme.


Mais la nature première revint toujours et cet ondin n'y échapperait pas, non plus. Il l'attira à lui et se laissa incessamment tomber dans les flots avec elle.


« Les ondines, ondins noient pour ceux et celles, dont la cour ne peut oublier, s'étant interdit de vivre heureux. ».




Elle était de nouveau là. Endormie contre la sylve dans laquelle, elle l'avait aperçu la première fois. N'était-ce qu'un triste songe ou alors la douce réalité ? Elle se le demandait. Se réveillant, doucement, elle détailla une nouvelle fois le paysage. Il n'y avait plus cet épais voile blanc, bloquant sa vue. Non, le soleil brillait de tour son éclat sur l'eau calme du Loch. Elle se leva et prit son panier. La plante y était placée à l'intérieur. Était-ce son œuvre ? Elle ne le savait pas. Jetant un dernier regard vers l'horizon, elle se retourna et partit.


Une tête sortit de l'eau. Son regard en disait long et sa tristesse aussi.


-Adieu, Héloïse.


La pluie s'abattit sur toute la contrée germanique comme leur amour éphémère : ils étaient tombés amoureux en déjouant les prévisions.


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