IDK / Krakage

Alex De Querzen

CHAPITRE DE INTIMATE DIARY OF A KILLER / www.intimatediaryofakiller.com

 

Il est 15h45, on est vendredi, ça fait presque un mois que je touche le fond.

 

Ça, c’est le constat de départ.

 

Après…

 

Après, je crois que le moindre détail me soule, je prends la mouche à peine la vanne sortie, je réagis violemment à la moindre réflexion ou regard jugé « non-conforme ». Et la « non-conformité » pour moi et la conformité pour les gens…

 

Une journée type en ce moment ? Levé vers 8h30, douche, métro, je taffe comme un malade pendant 9h (plus ou moins deux heures de pause, glandouillage, « délires ») puis je rentre, je bouffe – si j’y pense, si j’ai faim, si j’ai envie de me préparer à manger - et je me fous sur mon ordi. Je ne fais rien de constructif (si ? ah oui, une image – now.here. – en une journée), je taffe même plus sur des trucs qui me motive, je me pieute vers 2 ou 3h du mat’…

 

Bah ouais.

 

Bizarrement, ça commence à se voir que je pète les plombs.

 

Des détails.

Des détails du genre mon boss qui me qualifie de « franc-tireur » (ça passe, j’aime ce terme), mon meilleur pote qui me demande de me calmer sous peine que je fasse un carnage ou un autre qui me demande si ça va, de manière sincère, non plus le délire habituel…

 

Et moi là-dedans ? ?

 

No sé. Je te rejoins mec : CHAIS PAS.

 

Ah si, j’sais : j’ai l’impression d’être dans un lac, noir, immense, sans rien où me raccrocher, à part un bateau pas si loin que ça (mais si loin en même temps) où se trouve le « clan ». Eux essaye de me choper, tandis que les emmerdes, les problèmes et les questions essayent de m’emmener vers le bas… J’ai la tête hors de l’eau. Pour combien de temps ?

 

Pourtant, je fais des efforts. Je me défoule sur mon clavier (je viens d’exploser le deuxième en moins de 2 semaines), sur moi (scarification au couteau sur les avant-bras ou soulagement de tête…), j’essaie d’être poli avec tout le monde, même si c’est trop dur et que j’ai envie de répondre « va te faire foutre » au lieu de « ok, j’m’en occupe… ».

 

Je ne sais pas quoi faire pour « être bien ». C’est même pas une question d’être bien ou pas en fait. Juste que je ne sais pas où je vais. L’impression de cumuler les conneries. Comme tu disais l’autre, être un padawan dans mes sentiments…

 

Pourquoi ?

 

Je ne sais pas. Je rends la vie impossible à mes potes, ma copine, mes collègues (bizarre de parler de collègues, non ?). Et à moi aussi. A croire que ça me plait de me morfondre dans ma merde… Je dois être fou. Ou con. A la limite, je préfèrerais le qualificatif de fou (la folie peut-être considérée comme du génie si on se démerde bien)…

 

Ma vie part en couille à cause de mon cerveau. Je suis avec quelqu’un qui m’aime. Et même ça ne me maintient pas la tête hors de l’eau ! Quand je regarde la situation entre cette fille et moi, j’ai l’impression que si ça continue, c’est elle qui va le plus souffrir. Qu’elle va se brûler à mon contact. Et – bizarrement – j’en ai pas envie. A croire que je veux vraiment être tout seul dans la merde. C’est dommage, ça pourrait marcher. Mais ça ne marchera pas. Pas maintenant. Pas envie. Pas envie de me menotter à quelqu’un, de devoir lui rendre des comptes. Même si c’est virtuellement, réellement, je dois dorénavant penser en terme de « nous » et non plus de « je ». Or, ce que je supporte moi, je n’ai pas envie de le partager… Trop sombre. Trop dangereux. Et cette fille trop… innocente ? Dommage. Really.

 

Je préfères mes potes. L’impression que pour eux, ils me laissent me démerder, m’enfoncer. Mais au moindre stress réel, ils sont là. Surtout toi ma poule…

Je ne cherche pas à m’excuser. Plutôt à essayer de me chercher. J’ai des trucs à faire personnellement (ouais, me suis pas encore fait de porn-star, faudrait que j’y songe…) et collectivement (l’asso bordel, que ça au moins, ça marche, que j’ai fait quelque chose de bien dans ma vie…). Alors, au cas où vous vous poseriez des questions : j’ai PAS envie d’en finir avec la vie.

 

Parce que, mine de rien, y’a des fois où le voile gris se déchire (un sourire échangé dans le métro, une vanne, un mail, une soirée avec vous…)

 

Mais là, en ce moment, le côté obscur de la force me démange.

 

A part ça ?

Euuuhhh…

 

Merci. Merci d’être là. Merci d’être comme vous êtes. Même si parfois (souvent pour certains) on se fight, ben… j’vous aime mes loutres.

 

Merde.

 

Je vire dans le sentimental.

 

Le seul truc que je sais, c’est que je ne sais presque plus rien.

Le seul truc que je veux, c’est me retrouver.

 

Alors pardon. Pardon de vous emmerder, de vous répondre « insolemment » (je sais pas ce que ça veut dire, mais c’est comme ça que l’on considère que je réponds au taf…)…

 

Mais j’vous jure que je vais faire de mon mieux pour m’en sortir.

Vite.

Sous peine de craquage complet.

 

Pourtant vous ne pouvez pas savoir comme ça fait du bien d’imaginer que vous explosez la tête de quelqu’un. Pas votre pire ennemi, non, même pas, sans aller jusque là : il vous suffit de prendre la première personne qui vous fait chier. Et vous lui fracassez le crâne contre le pylône, avec ses couilles à la hauteur de l’extincteur, que ça fasse bien mal. Ou que vous preniez la responsable de com’ et que vous lui fassiez rentrer son ordinateur dans son corps, forme moderne de piercing technologique.

 

Ah si vous savez ? ‘scusez moi, j’oublie parfois que je ne suis pas dieu. Ou Dieu. Tout dépend de votre religion… et surtout de votre façon de voir l’orthographe.

Je crois tout savoir, dès que ça ne me touche plus. Ou pas. Ou du moins, pas directement… ?

 

Je vous jure que j’ai essayé de faire quelque chose. Le docteur me l’avait dit. Maîtriser mes instincts. Contrôler mon cerveau. Essayer de penser au futur proche, et non plus immédiat.

Ça à marché. Ça avait toujours marché. Ça ne marche plus.

 

Je vais craquer.

Je le sais, je le sens.

Ça va être horrible.

Mais pas pour moi.

Pour eux.

Surtout pour eux.

Ils me conseillaient de me lâcher ? Je vais le faire… On va voir s’il valait pas mieux pour eux que l’ours reste dans sa tanière…

Je vais d’ailleurs écrire le plus fidèlement possible ce que je pense et ressens. Ce journal sera mon exutoire. Que la thérapie commence. Et qu’elle me soit utile, au nom du Tout Puissant.

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