Il décore tes lèvres

Pierre Gravagna

Du rouge seulement


Le rouge est le plus fort. C'est un combattant de l'intérieur, un marin qui navigue en suivant toujours ce chemin fait de veines et de larges artères dont les battements du cœur se nourrissent. Sans cesse, il traverse ta chair, la caresse chaudement, l'irrigue et la colore, la connaît mieux que moi. Il charrie aussi, comme le fleuve en cru, une incohérente récolte arrachée aux berges de la vie. Mille particules nourries de poisons et d'amour, d'autres chairs consommées, d'oxygène qui, le matin, fait le vent de la ville et, le soir, celui de la mer. Nourries aussi de tomates cerises, de fraises Tagada, de pommes d'amour, de mures sauvages dont la ronce vous pique pour que le rouge apparaisse. Mille globules qui parfois se prennent pour des blancs. Se multiplient pour que le noir domine. Mais, le sang reprend toujours le dessus, son battement commande. Il décore tes lèvres.

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