Il fallait le dire avant.

donquirote

Improvisation - Texte divertissant pour vous et moi… Vandenieto (Le Donquirote). Première Partie ?

C'est marrant cette façon qu'ont les portes de se refermer derrière vous, je veux dire, sans que vous en eussiez la moindre intention… Enfin, vulgairement, un pas et "clap", fini. Vous êtes condamnés.

"Quoi ? Pourquoi condamné ? Je fais ce qu'il me plait après tout, et surtout, ce que je veux !"

Ah ! Vous et votre volonté ! Ne le prenez pas mal chers lecteurs mais... La marre de votre volonté ! Volonté ici, volonté là. Elle vous mènera loin votre volonté !

Le coulissement long de la porte se fait entendre, dehors à quelques mètres à peine, deux silhouettes se croisent, celle d'une femme de petite taille aux mocassins rouges ; dans l'ombre d'un géant habillé en costard trois pièces dont la vulgarité des retentissements lourds de ses talonnettes agacent fermement Donquirote. (Bien qu'il ne le sache pas encore...)

"Entrez, je vous en prie, c'est ouvert !"

Je leur dis un peu idiot de me trouver devant la porte.

Ils entrent ensemble.

Eh merde ! Pas encore une fois ! Davantage concentré sur l'éventuelle perte de mon énième portefeuille qu'à propos des raisons de ma forte densité sanguine ; et, voyant le videur du restaurant toujours à la causette avec la petite brunette de l'accueil, je prends la décision d'allumer une autre cigarette.

J'écrase le mégot puis je tourne en rond sur moi-même le temps de trouver où m'en débarrasser.

Ah, enfin. Il m'a vu le garde champêtre des amours d'un soir - me dis-je - forcé de constater que les restaurants à la mention "privé" ne sont jamais que des lieux où l'on entame un découchage des plus discrets.

J'entre.

"Merci !"

Un peu étonné qu'on lui lâche un mot, le type tourne l'œil puis reprend aussitôt sa discussion.

J'arrive au bar, la petite femme d'une cinquantaine d'année m'interroge.

"Un portefeuille ? Il est comment votre portefeuille ?" 

En cuir noir répondis-je, ç'a dû faire un choc. 

"Et votre nom ?", demandait-elle en sirotant une coupe de prosecco.

"Stan Leyton" lui dis-je.

Elle me regarde droitement, avalant non subtilement une gorgée de sa boisson.

"Ce n'est pas que je m'ennuie, mais je n'ai de toute façon jamais été attiré par les femmes plus saoules que moi, encore moins quand elles ont passé les cinquante ans... "

Elle soupire.

"On vous contactera si on trouve quoi que ce soit monsieur Leyton, en attendant, je peux vous offrir un verre ?"

J'accepte.

Une odeur fraîchement connue pointe le bout de son nez...

"Très bien, un Whisky on the...".

Instinctivement, je savais que c'était elle. Je l'avais croisé à l'entrée et elle avait délicatement attiré mon attention en pourtant ne rien faisant, du génie pour ainsi dire. Eh bien, elle venait de réitérer l'exploit par le simple fait de son odeur. Je ne l'avais jamais senti ailleurs - comme - je n'avais jamais ressenti cela d'ailleurs…

Coupure momentanée ou aussi communément appelée "bug mental" j'effectue à la seconde des faits dont je vous parle à une remise en question totale de mon existence.

"Whisky on the rocks" s'était transformé en un bourbier sans nom duquel je ne pourrais plus me dépêtrer, ç'avait dû donner quelque chose dans le genre :

"Whisky on the roo... Ahem, deux glaces s'il vous plait."

Cette même tonalité naïve, totalement découverte et ratée, de la première fois que tu dis "Je t'aime" ou que tu achètes des Marlboro Light au tabac et que tu portes un appareil dentaire.

On veut se reprendre en main après un échec, on hausse le ton, on pense avoir sauvé la mise, mais non... Il y a l'échec puis la reprise en main, cela fait deux actes, mais au total, on reste glissant. 

Je n'ai pas même vu son visage, elle me tient raide !

Le bruit de ses pas s'estompe peu à peu derrière moi mais son odeur, elle, reste.

C'était une vraie femme dont je venais de faire la connaissance subtile, elle ne le savait pas, mais on se rencontrerait bientôt de nouveau. Je porterai une écharpe rouge.









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