Il fût un temps ou j’étais libre
hayate
Il fût un temps ou j’étais libre. Un temps qui même si certains moments auraient put paraître compliqué ou dur, était de loin le plus agréable. Ce temps ? Un temps révolu. Une époque passée. Si lointaine, qu’elle n’existe plus qu’en rêve. Non pas dans l’espoir d’y retourner mais simplement de la voir s’éloigner de plus en plus, inévitablement.
Cela fait si longtemps que je suis enfermé là, j’ai tout oublié de moi, nom (si tant est que l’on me nomma un jour), souvenirs, apparence, j’en ai même perdu l’impression d’avoir déjà vécu ailleurs. Mes seuls réels souvenirs, les plus réalistes, ne sont que ceux qui se passent ici, c’est ma seul maison, mon seul passé et mon seul avenir.
Je vis dans une sorte de prison. A l’intérieur, il semblait que ceux qui m’avait enlevés avait voulu reconstituer une partie de là d’où je venais, chose qui m’avais frappé. Mais l’on pouvait nettement voir la supercherie et se douter qu’ils n’avaient pas vraiment du observer mon « chez moi ». Autours, des barreaux constitués d’un matériau qui m’étais inconnu, à la fois souple et résistant, m’empêchais de m’échapper. Au-delà de cette cage, tout était vaste et étrange. Toute sorte de choses que je ne pouvais identifier y était entreposé, des objets qui sont devenus aujourd’hui mon seul et unique paysage.
Je ne connaissais plus ni l’époque, ni le jour, je ne distinguais plus les journées des nuits. J’avais établit quelque repère grâce à ce qui m’entourais, ainsi j’avais fixé mon sommeil sur une étrange et aveuglante lumière qui s’allumait et s’éteignait doucement à intervalle régulier. Elle me rappelait la lumière du jour quand je pouvais encore la voir.
De tant à autres, quelques autres lueurs apparaissaient et des créatures allaient et venaient. Ces mêmes créatures qui m’avaient enlevé il y a de cela une éternité.
Je ne savais rien à leur sujet. Je n’ai gardé aucun souvenir de mon enlèvement, tout ce que je sais, c’est qu’elles m’ont privées de toute liberté. Elles étaient très différentes de moi, je veux dire physiquement. Déjà, ces Etres étaient très grand, beaucoup plus grand que moi en tout cas, ou peu être étais-ce moi qui fut trop petit, je ne sais plus. Tout ici était adapté à leur taille. Et puis morphologiquement, ils étaient différents, étrangement différents.
Au début, j’étais terrifié rien qu’a les voir je me souviens, la peur de l’inconnu comme on dit. Ils ne me faisaient rien pourtant, simplement me regardaient puis retournaient à leurs occupations que je ne comprenais pas d’ailleurs. Mais de longues années – serais-ce bien des années ? – ont passée et je n’ai plus peur, je ne suis plus impressionné par l’imposante carrure de ces êtres bien que je continue à me méfier et reculer lorsqu’ils s’approchent de moi, un reflexe peu être. Même étant mes ravisseurs il se trouva qu’ils soient les seuls à m’offrir une présence qui me permit de lutter contre la solitude dans laquelle ils m’avaient eux même plongé. J’ai essayé de parler avec eux mais ils possédaient un langage dont les sons différaient en tout point avec ceux de ma propre langue, jamais je n’arriverais à les reproduire, eux par contre arrivaient plus ou moins à imiter les miens. J’ai longuement tenté de créer des liens avec eux mais sauf les rares moments ou ils me regardaient quand je faisais quelque chose d’inhabituel – ce qui était vraiment très rare – ils ne me prêtaient pas attention, je faisais partie du décor et même dans ces rare cas ils reportaient très vite leurs regards ailleurs.
Je compris finalement ce qu’il adviendrait de moi. Je n’étais là que pour être vu, exposé ainsi aux yeux des leurs. Mais plus le temps filais et moins ils m’observaient. J’étais heureux, j’avais trouvé un but dans cette existence, je devais plaire. Et c’est alors que je fini par m’agiter et gesticuler dans cette cage afin d’attirer leurs regards, afin d’accomplir la seul tache qui m’incombais, la dernière, celle que je devais par tout les moyen pouvoir conserver pour ne pas sombrer dans l’oublie. Et comme je pouvais m’y attendre, ils se lassèrent de moi et me délaissèrent.
Qu’y a-t-il de pire que de mourir en sachant que rien n’y personne ne se souviendra de votre passage sur cette route qu’est la vie, que vous n’aurez jamais rien laissé gravé nul part en ce monde ? Peu de choses je suppose…
C’est alors que je sentis le vent et les nuages caresser mon visage et son bruit siffler dans mes ouïes. Ouvrant les yeux, n’apercevant que la surface lisse de la terre foulée par tant de créatures vivante à perte de vue, seul et avec les siens, volant au grès des vents, perdu dans le ciel a présent teinté des couleurs d’un magnifique soleil couchant…
Libre…
Je le fût autrefois.
Mais ce ne sont que souvenirs et poussières que je revis avant de m’éteindre à jamais…
Aujourd’hui je disparais. Mais demain, je sais que cette cage sera de nouveau occupée. Occupée par un petit être insignifiant comme je l’ai été à leurs yeux, n’étant là que pour combler un vide, le vide de leur esprit désireux à tout posséder…même ces choses qu’on appellerait plus communément : la vie.
FIN