Il neige

Alexandre Papazof

Une fois n'est pas coutume, c'est l'hiver et le duvet céleste se laisse tomber nonchalamment sur nos existences éphémères.

Il neige. 

Ça nous pendait au nez. 

On l'a  bien cherché, on avait qu'à pas déclencher l'hiver ce funeste 21 décembre dernier. 

Pourtant on était prévenus. 

L'année dernière ça nous a fait le même coup. 

Oh non, elle ne nous prend pas en traître, mais c'est quand même dégueulasse cette nonchalance arrogante avec laquelle tombent ces flocons, qui finissent par envelopper dans un manteau virginal tous nos ouvrages, nos constructions, notre puissance virile, tous les symptômes de la domination de l'homme sur son berceau. 

Il neige, y'en a que ça étonne ? 

Il neige et la lumière vient de partout. 

Il neige et les nuages s'allègent de leur fardeau. 

Il neige et les sensibles prennent ça pour un cadeau. 

Il neige dans ma tête et je n'y vois plus très clair. 

Il neige et tous mes sens sont désactivés, la vue, le toucher, l'odorat, le goût, l'ouïe. 

Il neige et en moi tout devient blanc. 

Lumineux. 

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