ILOVEMAKONNEN - ILOVEMAKONNEN EP
Alice Grenon
“Got the club goin' up, on a tuesday / Got yo girl in the cut and she choosy”. Une fois ce refrain entendu, il est enregistré. Impossible de le sortir de sa tête, c'est un truc aussi cool qu'invivable. La faute à Drake ? Plutôt celle d'iLoveMakonnen !
On est allés tâter son EP.
Makonnen Sheran aka iLoveMakonnen est originaire d'Atlanta. Pour l'instant, les gens le connaissent surtout grâce à Tuesday sur laquelle Drake a généreusement posé quelques mots, lui apposant le tampon de la street credibility. L'histoire oubliera que sans l'attendre, Makonnen avait déjà bien buché et pondu quelque chose comme au moins 4 mixtapes, m'enfin...
iLoveMakonnen me fait aimer le R'n'B, précisément car ça n'en est pas ; du moins pas dans le sens que l'on connait habituellement. Certes, ce sont des instrus hip-hop plus groovy que la normale, et certes il chante par-dessus.
Mais dans la réalité, difficile de le comparer à ses compères du genre. Il a une tessiture incroyable et passe de l'extrêmement grave au sacrément aigu en plein milieu de ses chansons. Autrement dit : il fait couplet ET refrain LUI-MÊME et avec DEUX voix différentes. À l'écoute ça ne choque pas, mais quand on commence à y réfléchir… sans parler de son phrasé trainant, pâteux, je m'en foutiste au possible, comme un petit choriste au sortir d'un afterwork bien arrosé, qui s'amuse à faire des vocalises.
L'ensemble est soutenu par des instrus de pure trap créées par les petits génies MetroBoomin ou Sonny Digital, le tout créant un son nouveau, sorte de bedroom hip-hop, à mi-chemin entre The Weeknd et Future, un peu plus dansant que le premier, un peu moins festif que le second, et somme toute bien plus expérimental et novateur.
Du profond et entêtant Too Much au presque désespéré Sarah, en passant I Don't Sell Molly No More, ou les vocalises s'effacent pour laisser un flow plus linéaire mais toujours ironique, comparable à celui de Schoolboy Q; ou encore sur Meant To Be, où il se fait plus chantant, sautillant, iLoveMakonnen nous gratifie d'un quasi sans faute, si ce n'est Exclusive, qui conclut un EP hors du commun par une once de banalité quelque peu malvenue.
On lui pardonne pour celle-ci.