Interruption de programme
Johann Corbard
Une femme prépare une vidéo de rupture à l’attention d'un certain « Philip ».
Scène pouvant s'insérer dans un spectacle composé de plusieurs saynètes, ayant (par exemple) pour thème Le Couple.
Une des 24 scènes de vie publiées dans le recueil (Des)amours par ABSEditions.
Texte protégé par les droits d'auteur (SACD)
INTERRUPTION DE PROGRAMME
Caractéristiques
Durée approximative: 5 minutes
Distribution :
La femme : entre 30 et 40 ansDécor : Une chambre d'hôtel, dans un club-vacances :
Un caméscope à l’avant scène, qui servira à filmer la comédienne en temps réel
Un téléviseur relié au caméscope et situé derrière ou à côté de la femme. On y voit ce qu’elle filme.
Un objet posé sur le téléviseur (bibelot).
Costumes : Légers, évoquant les vacances au soleil et la détente.
Public: Adultes et adolescents.
Synopsis : Une femme prépare une vidéo de rupture à l’attention d'un certain « Philip ».
L’auteur peut être contacté par courriel à l’adresse suivante :
letheatrede@yahoo.com
La femme (assise, elle se filme): Philip... je t’envoie cette vidéo de l’hôtel où je suis descendue, suite à mon départ… J’avais besoin de mettre de la distance entre nous, tu dois t’en douter… Ces vacances au soleil me font un bien fou et m’ont beaucoup aidée à me ressourcer… Tout est fait ici pour que l'on se sente bien... Les jours passent comparables, mais tellement apaisants, partagés entre les activités proposées, la sieste réparatrice et les soirées animées... Je dois avouer que j'y prends un certain plaisir. Je ne croyais pas pouvoir m’amuser autant, si loin de toi… Sans toi… D’ailleurs, tu vas rire, ici, il y en a plein des comme toi… Tu le sais bien, c'est le genre d'endroit où l'on en trouve dans tous les coins, au bord de la piscine, dans la discothèque, au bar...
Ils s’imaginent tous plus beaux les uns que les autres. Et ils ne s'arrêtent jamais, cherchant constamment à attirer les regards sur eux. Affligeants, comme toi. Vous n’avez rien compris à ce qu’est une femme, ce qui la rend amoureuse.
(Un silence).
J’ai fait une rencontre… Je n’étais pas là pour ça, je n’ai rien vu venir… Je ne cherche pas à me justifier, je n’en ai pas besoin… Surtout vis-à-vis de toi… C’est fini entre nous, Philip, tu le sais bien... Il est si différent. Il a su prendre son temps, discrètement… Il m’a séduite, tout simplement… Et il m’a plu…
(Elle oriente le caméscope sur le téléviseur situé derrière elle).
Avec lui, je me sens de nouveau belle et rayonnante, comme tu peux le voir.
(Un silence).
Je te vois venir… Tu vas me dire qu’avec un tel nom, il n’est qu’un vulgaire séducteur d’hôtel qui illusionne de pauvres femmes en détresse. Peut-être, mais cela m’est égal. Il illumine mon séjour, il sait me faire rêver. Il est jeune et d'une telle beauté! Il me fait découvrir le monde entier, il a des antennes partout. Pas comme toi… Pas comme ceux que je croise au bar. Vous ne savez qu’attirer le regard avec toujours les mêmes idioties. Cela fonctionne un temps, lorsque l’on est naïve. Comme j’ai pu l’être. J’ai cru qu’en te sortant de cette vitrine où tu te montrais au plus offrant, tu saurais m’aimer, tu pourrais changer.
Mais tu ne pouvais pas t’améliorer. Je ne peux pas t'en blâmer. Tu as de l'âge, tu ne peux plus évoluer. Tu es déjà désuet.
(Un silence).
Ne va pas croire que je te le montre par provocation. Je voulais que tu le voies, voilà tout. Que tu comprennes ce qui me plait chez lui. Tiens, regarde (elle zoom sur l’objet de décoration posé sur le téléviseur). Il accepte même les petits cadeaux que je lui fais. Il sait sans doute que ces objets sont démodés, que cela fait ringard d’avoir ça sur soit. Mais il a cette politesse tellement plaisante de ne pas me le montrer.
Peut-être qu’il fait ça pour mieux m’abuser. Peu m’importe… Ce n’est pas grave, je savoure mon plaisir présent… Je lui ai même acheté une petite chaîne. Elle est magnifique... Sur le thème du voyage. Et elle lui va divinement bien.
(Elle cadre l’image sur elle avec le téléviseur en arrière plan)...
Toi, tu les brisais tous, mes cadeaux, en les laissant délibérément tomber.
Au début, je ne voulais rien voir, aveuglée que j’étais par ton… magnétisme. Quelle imbécile…
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letheatrede@yahoo.com