Introspection sur canapé

robinpclt

substance illicite à usage récréatif

Dés la première bouffée, je perdais toute la flaveur de mon corps et de mes sens. Pourtant confortablement installé sur un canapé, l'atmosphère devint désagréable alors qu'une vague de froid m'envahissait. Je tremblais. Toute représentation physique avait disparu, les objets n'étaient plus des repères. Pour un moment, je demeurais un esprit pur, une réflexion immaculée. Ma mémoire, dans une étrange acrobatie, se recroquevillait et se compressait. J'avais l'impression de n'avoir vécu que quelques heures à peine. Les souvenirs, dissemblables les uns des autres, se liaient entre eux, s'attiraient comme des aimants. Je m'apparaissais soudain comme une théorie du complot, une mascarade d'évènements hétérogènes conditionnées par un simple fait. Le mystique appellerait ça de la clairvoyance, un psy parlerait de trouble paranoïaque. J'essayai tant bien que mal de me concentrer sur la télévision, auprès du divertissement, afin d'éloigner cette introspection maladive cousue main. Le mouvement revenait vers moi. J'étais une analogie, une analyse mathématique de mes rancoeurs, de mes échecs et de mes dénis. Je redoutais la peur absolue, l'angoisse existentielle d'admettre la simplicité de mon identité. Contrairement à une sensation d'apaisement, où les doutes se taisent, mon être entier hurlait devant la durée raccourcie, comprimée en une pelote de laine. Je contrôlais les tremblement et j'attendais que ma vie s'étire de nouveau en reprenant son rôle dans l'espace. 

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