Un Amour qui n'est plus

Emile Ajar

J'aimais ta naïveté,
Ma foi je l'aime toujours, 
Pourquoi m'as tu quittée.
J'aimais ton insouciance, 
Celle de ta jeunesse, 
Celle de la Liberté.
J'aimais ta légèreté. 

Je me délectais de ton sourire charmeur,
De tes yeux malicieux,
De tes cheveux de geais,
De ta grande beauté, 
Car tu étais d'une beauté envoûtante, brute, hypnotisante.

Je me nourrissais de ta fougue, de ton énergie.  
Elles me donnaient la force pour continuer à vivre.
Moi, si jeune et si vieille à la fois. 
Je m'imprégnais, autant que faire se pouvait, 
De ta bonne humeur à toute épreuve, 
De ton plaisir de vivre contagieux, 
De la lueur vibrante qui brillait dans tes yeux. 
J'accueillais bras ouverts, 
Tes tristesses passagères 
Tes petits gros problèmes 
De jeune adulte face à la vie,   
Et mettais toute mon énergie
A régler le moindre de tes soucis, 
Refusant qu'un seul tracas 
Vienne crisper ne serait-ce qu'un instant, 
Ton sourire d'ange, d'or et d'argent.  

Nous étions bien intentionnés l'un envers l'autre.
Tu prenais soin de moi,
Comme un homme,
Toi qui aimais pour la première fois.
Sur toi j'ai pu me reposer,
Sur ton épaule j'ai réussi à pleurer.
Ta voix était frêle, tendre et réconfortante:
Comme une chanson,
Une mélodie venue de loin,
Un refrain entêtant,
Une berceuse apaisante.
C'était toi mon calmant.
Plus besoin de lutter,
Dans tes bras, je parvenais à me laisser aller.

Tu voulais avant tout me voir rire et sourire.
Tu y mettais ton énergie, débordante, et toute ta volonté.
Tu voulais mon bien,
Voilà en fait en un mot un bon résumé de la relation qui fut la nôtre.
Tendre, pure, en un sens passionnée.
Tu voulais mon bien.
Et crois moi oui ou non,
Plus j'ai à faire à la vie
Moins j'ai l'occasion de rencontrer des gens bien intentionnés.
Une bonté évidente se lisait sur ton visage, dans la puissance de ton regard.
Tu m'as émue, Mehdi.
Tu m'as touchée au plus profond de mon âme.
Et le souffle magique de ton cœur généreux
A semé dans mon âme les graines du renouveau.

J'ai appris de ta maturité par endroits surprenante,
J'ai savouré avec jouissance le bonheur d'avoir trouvé mon double, en un sens. J'ai bu ta joie de vivre,
Et j'ai mangé tes lèvres,
J'ai mordu dans ton cou,
Et j'ai gouté ta sève.

Entre nous, les mots ne comptaient pas.
C'était pour moi beaucoup,
Car c'est dans le silence
Que les amours se font,
Et que les impostures
Sont vite démasquées.

Les mots ne comptaient pas.
C'est nos regards qui disaient tout.
C'est la caresse de ta main fine
Comme l'aile brune d'un papillon
Qui dans le noir me murmurait
Des mots d'amour au goût sucré,
Et mon étreinte plus empressée
Qui te disait ma volupté
Et mon envie de nous aimer.

Car les mots ne comptaient pas.
Nous les bannissions, je les haïssais
Pourquoi les laisser venir ternir la pureté de notre communion silencieuse?
Rappelle toi,
Nos étreintes avaient le goût de l'éternité.
Le temps pour un moment alors se suspendait.
C'est la passion qui nous guidait,
L'instinct qui nous inspirait.

Je te laissais me regarder,
Admirer mon corps lascivement étendu sur le lit,  
Et t'entendre louer sa beauté,
Et t'écouter décrire,
Comment ses courbes t'envoutaient,
Comment son goût te régalait,
Comment sa candeur t'aveuglait,
Et sa douceur te ravissait.

Je te laissais m'aimer, m'admirer, m'idolâtrer.
J'y prenais un plaisir non feint,
Je me délectais de ces paroles salvatrices,
De ton plaisir grandissant,
A l'encolure du gouffre de mon âme.

Le ravissement pour moi était divin.
Ta maladresse, tes erreurs de débutant,
Tes yeux dans les miens,
Toujours, quoiqu'il arrive,
Et la sincérité de ta démarche.
Tout ça me prenait, là, au plus profond de moi.
Et dans ces moments je t'aimais,
Je t'aimais car tu te donnais à moi.
Entièrement, pleinement, sans retenue, sans mensonge aucun. En toute transparence, en toute vérité.
Avec cette douceur unique qui émanait de toi, et qui nous irradiait.


Je te laissais m'aimer, lentement, délicatement.
Ma fougue te surprenait, elle te désarçonnait.
Mais ma frustration était vite compensée par la façon unique que tu avais de m'aimer.
De baiser mes lèvres. De baiser mes seins. D'embrasser mon sourire et de presser mes reins. D'apprivoiser mon corps frémissant, petit à petit, jusqu'à le faire tien. Entièrement tien. De plonger ton regard dans le mien, encore, toujours, inlassablement. De protéger ma tête quand nos étreintes s'intensifiaient. De humer dans mon cou les perles de mon parfum. Et respirer ma peau. Et respirer ma peau. Et respirer ma peau. De naviguer des heures sur mon corps amoureux, et de te poser là, entre le creux des reins et l'avenir incertain. Et d'embrasser mon sexe et d'y glisser ta langue. De  caresser ma joue de tes longs cils taquins. De faire des essais ou de ne pas oser. Et de rester perplexe face à mes mains expertes.
J'étais sur un nuage, ou dans un arc-en-ciel.
Mon amour sous ton étreinte, je m'avouais vaincue.

Et puis tout s'est brisé.
Tout ça s'est terminé.
Mehdi je ne sais plus - l'ai je jamais su?- ce qu'est l'Amour - mais oui, je t'ai aimé.
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