Monsieur Paul

_

- 6 - J'ai plus envie ...

_

Fin du chapitre précédent ;

_

   Puis il me dit . "Ah ! Scrib vous venez de citer Jésus il faut que je vous demande, selon vous Jésus avait-il une prostate ? "

    Alors lui dis-je ; " Procédons par ordre, l'on commence par quoi le suicide ou la prostate de Jésus ? "

______________

   -   Non non non, stop ! je n'ai plus envie de parler.

  -  Mais c'est vous qui m'avez entrepris sur vos idées de suicide et la prostate de Jésus ..

   - Oui mais j'ai plus envie.

   J'ai plus envie ... Il me fait penser à l'enfant qui veut aller aux toilettes toute de suite qui n'y va plus que l'on questionne tu devais aller faire pipi et qui répond j'ai plus envie, donc monsieur Paul n'a plus envie de faire pipi.

   Alors nous rentrons et le retour avec monsieur Paul a été assez pénible. Il brillait par son mutisme, le dos courbé, les mains derrière le dos, genre penseur de Rodin, ou Victor Hugo s'en allant se recueillir sur la tombe de sa fille, le regard fixé sur la pointe de ses souliers non cirés.

  Quand  même lui ai-je dit, vous pensez vraiment au suicide ou est-ce une clause de style, une formule pour appeler les compassions, un exutoire, le dire pour évacuer et vous prémunir ? ...

  - ....

   Il me renvoyait la balle en ne me répondant pas.

 -   Mais alors si vous pensez vraiment suicide vous imaginez quoi, vous vous ouvrez les veines, vous sautez d'un pont ? du cinquantième étage de la Tour Montparnasse ?

  -   Elle en a cinquante neuf !

  -  Sans doute mais le résultat sera le même ... vous vous tirez une balle dans la tête, vous ouvrez le robinet du gaz, vous vous plantez dans un pylône à deux cents à l'heure ? Vous vous mettez la tête dans un sac plastique, vous avalez un verre d'eau de javel je vous mets en garde, ça brûle ... ?

   Monsieur Paul redressa la tête, se tourna vers moi .

   -   Vous avez de l'imagination Scrib, l'on dirait que la question vous intéresse presqu' autant que moi.. Mais vous avez dû y penser vous-même pour énumérer tant de modes de faire "

     On n'est pas obligé de tout se raconter, puis c'est l'histoire de sa vie ce n'est pas la mienne.

  Nous poursuivîmes notre marche, nous dûmes nous séparer, nous nous serrâmes la main, nous nous quittâmes. Sans un mot, à peine le regard. Nous n'avions pas évoqué la prostate de Jésus. 

                                                       µµµ

_

   A suivre

_