Jamais "d'eux" sans toi
Ana Elle (Cendrillon Des Routes)
[...] -Tu avais raison.
-Ah ? A propos de quoi ? s'interrogea t-elle.
-Tu avais raison, je crois que… je crois que j'ai peur.
-…
-Tu ne dis rien ? reprit-il.
- Les nouvelles choses font peur. Tout ce qui vaut le coup, fait peur.
-Et si ça ne se passe pas bien ?
-Tu ne le sauras pas, tant que tu n'auras pas essayé.
-Je crois que j'ai besoin de savoir pourquoi tu m'aimes.
-T'es sérieux là ?
-Oui. Tu sais que je ne suis pas très expansif, j'ai du mal à parler et je ne sais pas vraiment faire confiance aux gens ; alors oui, je sais que je t'aime bien mais, je ne sais pas si c'est assez, si c'est suffisant, et je me dis que si je sais pourquoi, j'aurais plus cette peur de t'entendre le dire. Que peut être, avec un peu de temps, de patience, je pourrais te répondre.
-Ah… Oui. Et bien… Je t'aime. Je t'aime parce que tu ne cherches pas une raison à qui tu es, tu ne cherche pas à t'excuser, tu es toi, avec tellement de sincérité. C'en est déconcertant ! Déconcertant et fascinant à la fois ! Et… je t'aime aussi parce que tu es charismatique, sensible, intelligent, et sexy à mourir. Parce que tu es mystérieux, et tu fais chier, ça me rend folle, parce que je ne sais jamais à quoi tu penses mais, c'est ça que j'aime et qui me fais t'aimer, cette manière que j'ai à te déchiffrer, et je n'y arrive jamais, alors je recommence, mais je n'y arrive toujours pas, alors je continue. Et, tiens ! Encore une autre raison : tu me donnes l'impression d'être une personne. J'veux dire, une vraie personne, parce que quand tu me regardes, il y a quelque chose de moi qui résonne. Tu n'as aucune idée de l'effet que tu me fais… comme tu n'as pas conscience que derrière ton physique et ta forteresse d'homme tu ressembles à un petit garçon. Et je sais que tu as horreur, horreur, que je te le dise, mais j'aime exactement ce pli de déni, qui se dessine juste ici, parce que je sais qu'au fond tu grandis. Et pourtant quand tu t'endors. Tu y ressemble à nouveau, un tout petit enfant, j'aime tant contempler ton corps qui s'abandonne et se détends. Quoi d'autre ? T'as manière de boire, absolument et parfaitement absurde, si bien qu'à chaque fois que je te vois en pleine action, je reste muette et traîné en fascination… Tu n'as pas non plus conscience de cette légère fossette qui mord ton visage, là, au côté gauche de ta bouche et tout près de ton œil, ni conscience qu'ils deviennent plus clairs quand tu me regardes. Vraiment. Et ce n'est pas tout, tu ne sais pas que tu me déterres du sommeil en pleine nuit et que peu importe, peu importe, peu importe mon état de fatigue, je ne pense qu'à toi, ton corps, et cette folle et furieuse envie ! Et ça me prends pas seulement dans le ventre, non, ça commence par la tête et ensuite, ensuite, ensuite ça me prends partout, c'est complètement fou ! Et ton rire... ton rire d'extraterrestre… non mais ? C'est quoi ce rire ? Tu le tiens d'où, de qui ? Il est tellement ridicule que j'en suis tombée amoureuse. Et putain, quand tu te moques de moi ça, ça m'agace ! Mais… ça me console avec mon côté « râleuse-emmerdeuse », parce que je me mets à rire aussi ! Tu as une telle capacité à mettre des couleurs dans ma vie… Et je t'aime aussi, parce que, quoi que j'ai pu faire ou pu dire, même si tu n'étais pas en accord avec moi, tu as écouté, et tu as été là, toujours, à chaque fois… et ça, ça… Alors oui, oui, oui je le répète encore une fois, c'est vrai que t'as des milliers de défauts qui pourrait me faire te détester, mais que tu sois attentif et généreux envers les autres, ça, c'est ça qui me fait t'aimer… Maintenant je… je pourrais te dire toutes les choses qui me fond t'aimer et pourquoi je t'aime je crois honnêtement que ça ne servirait à rien… Je ne suis pas en train de te dire que j'abandonne, tu me connais, je dois être la fille la plus patiente, la plus acharnée du monde, et après tout ce temps… Mais, ça, tout ça tout ce qu'on fait, ça ne sert à rien… ça ne sert à rien… parce que, au fond, tu sais déjà toutes ces choses… au fond, le plus important aujourd'hui, je crois que ce n'est pas pourquoi je t'aime, mais comment je t'aime.
C'est ce qu'on pourrait découvrir ensemble, si un jour tu acceptes, si tu m'acceptes telle que je suis, dans ta vie. Y'en à tellement ! Je t'aime de tellement de manières possibles, inimaginables et différentes à la fois… Et toutes ces possibilités, ces détours, ces murs, ces fossés, ces chemins, je ne sais pas toi, mais moi ça me donne vraiment, vraiment envie de les traverser. Mais je ne peux pas le faire si je suis toute seule…
Silence.
-Tu sais quand est-ce que j'ai su que je tombais amoureuse toi ? reprit-elle.
-La première fois où tu m'as vu ?
-Non, ça c'est la fois où j'ai su que j'étais dans la merde !
-Le jour où on a couché ensemble, alors ?
-Non plus… ça c'est le jour où j'ai compris que je voulais que tu me tiennes dans tes bras plus qu'une nuit… Non, le jour où j'ai su que je tombais amoureuse de toi, c'était ce jour là : au bord de la mer, après une longue nuit de folie, après ta gueule de bois et avoir prit soin de toi, c'était un matin, on s'est retrouvés devant un café, quelque chose avait changé. Tu t'es approché et tu m'as embrassé sur la joue. Notre regard s'est croisé. Il n'y avait plus que nous. Ça a duré très peu de temps, mais j'ai su, j'ai su que plus rien ne serait jamais comme avant.
-Pourquoi ?
-Ce regard… j'ai compris que je voulais le voir et le sentir sur moi, tous les autres jours après celui là…
-Embrasse-moi. [...]