Je crois, mais pas en Dieu
Théo Accogli
Comment introduire ce sujet... Par une histoire peut être plus personnelle que ce qui suivra. Il se trouve que j'ai eu l'occasion de lire l'avis très tranché d'un croyant sur ceux qu'il appelle les athées, et cet avis se résume finalement en une phrase, "Pauvre de ces gens qui n'ont pas de Dieu, ils ne croient en rien."
Cette proposition me laisse un goût amer, elle décrit les non-croyants d'une manière très simple et à la fois chargée de sous entendus. Le mot rien est très fort, notre imaginaire serait alors constitué du vide absolu, nous serions des personnes incapables d'imaginer les choses que l'on ne s'explique, critiquant chacune avec entrain et fermées à toutes celles qui dépasseraient notre raison et notre raisonnement. En soit ce serait notre étroitesse d'esprit qui nous empêcherait de bien vouloir accepter l'idée qu'un Dieu existe.
Et c'est cette idée d'étroitesse d'esprit qui m'insupporte, c'est pourquoi j'aimerais ici développer ce qui me laisse penser qu'au contraire d'une étroitesse d'esprit c'est une ouverture très large d'esprit qui me permet de ne pas croire.
Et je commencerai par une phrase: l'ouverture d'esprit n'est pas une volonté poussant à considérer toutes les possibilités aussi absurdes soient-elles, mais à être disposé à appliquer strictement le même esprit critique sur toutes ces possibilités pour dégager une cohérence et une logique dans l'ensemble de choses que l'on croit comme possibles.
Bien sûr il est toujours beaucoup plus facile d'attribuer une grande ouverture d'esprit à quelqu'un qui partage notre avis, tandis qu'on catalogue rapidement comme fermé quelqu'un qui ne le partage pas. Alors si vous n'êtes pas d'accord avec moi, prenez quand même le temps de me lire, construisez ensuite votre argumentaire et je vous assure que j'aurai plaisir à le recevoir dans un débat constructif.
Tout d'abord je dois bien évidemment parler de ma position, étant de nature très curieuse et habité par la question "Pourquoi" comme tous les enfants, je ne m'en suis séparé depuis. Et déjà à l'époque percer les mystères de la vie, des étoiles, etc. étaient une source de curiosité, comme en témoignerait mon encyclopédie junior dont la page représentant le système solaire et celles concernant la vie d'une étoile me sont un souvenir indélébile.
C'est donc d'abord un passionné de science qui s'exprime, et ensuite un étudiant en biologie.
Et je vais toucher un point sensible, le créationnisme ou la théorie de l'évolution ? Vous savez déjà de quel côté je me trouve et le sujet n'est pas ici de débattre de quelle théorie est vraie. Non ici ce qui va m'intéresser c'est le fait que l'on soit traité de fou lorsque l'on ose penser que les minéraux aient pu faire naître la vie, car oui c'est une théorie avancée, qu'encore une fois je ne défendrai pas ici.
On m'a dit clairement une fois que je n'avais pas l'esprit ouvert, car comment imaginer que la vie ait pu apparaître de la matière abiotique ? Avez-vous idée de la chance infime qu'il y avait qu'une réaction aboutisse à ce résultat ?
Prenons un exemple très bien imagé de pourquoi je suis fou. Imaginez un pharmacien, qui aurait une étagère remplie de flacons, dans lesquels tous les composants pour faire un médicament sont présents, l'étagère se renverse, quel serait l'infime, la miraculeuse chance que par hasard une réaction aboutissant au médicament se produise dans un des flacons ? Aucune me direz-vous. Et vous avez bien raison.
Je suis donc fou ?
J'aimerais maintenant prendre divers points en considération, d'abord éliminons ce gros mot "hasard", une réaction chimique n'a jamais lieu par hasard, il y a des lois connues et tant d'autres sûrement encore à découvrir, mais je ne m'attarderai pas sur ce point, n'étant absolument pas spécialiste en la matière.
Maintenant il reste quand même peu de chances que les conditions nécessaires au bon déroulement de la réaction soient réunies en cet instant. Mais je pense que dans votre hâte vous avez oublié de relativiser, ce qu'il ne faut pas oublier de faire.
Pour reprendre l'exemple de la pharmacie, imaginez maintenant qu'un millions d'étagères se renversent toutes les secondes pendant plusieurs milliards d'années, est-il encore fou d'oser imaginer que l'une d'entre elle ait pu réunir les conditions nécessaires pour aboutir au médicament ? Ne serait-ce plutôt fou de refuser de l'envisager ?
Je citerai aussi un exemple personnel, pour bien appuyer sur la nécessité de relativiser. Un croyant me disais qu'il était émerveillé par le créateur parce que notre planète était parfaite telle qu'il l'avait crée, et en citant la probabilité ridiculement faible qu'une planète réunisse les conditions pour accueillir la vie, il m'a dit que je lui semblait fou de croire que cela soit dû au hasard. Une fois de plus ce n'est pas parce que je ne crois pas en Dieu que je crois au hasard...
Je lui ait donc expliqué que je le pensais parce que selon moi, ce n'est pas aussi fou que ça en à l'air quand les estimations donnent des milliards de milliards de planètes dans l'univers, la probabilité d'une planète réunissant les conditions pour la vie qu'il m'avait ainsi fièrement avancée se retournait contre lui, puisque relativisée au nombre des planètes, elle admettait que plusieurs centaine de milliers seraient habitées. Il m'a alors avoué que jusqu'à maintenant il pensait que notre système solaire était unique, et que seules les planètes qui le composent existaient, il avait donc toutes les raisons de penser qu'il était improbable que notre Terre n'ait pas été créée par une entité divine.
Si j'ai utilisé ces exemples c'est pour illustrer le fait que lorsque l'on me taxe de fermeture d'esprit, j'ai parfois le sentiment que c'est l'inverse qui se produit. Et si je puis encore insister, il faut toujours savoir relativiser.
On aime manipuler les chiffres, parce que les chiffres sont soit disant parlants, mais on peut en fait leur faire dire à peu près ce que l'on veut lorsqu'ils sont sortit de leur contexte, alors la prochaine fois que l'on utilise des chiffres pour convaincre, relativisez-les dans leur contexte propre avant d'en tirer une conclusion.
Si je me permets un autre exemple, vous voyez deux salles noires, seuls des lampes aux bouts de bras vous sont visibles. Dans une salle on compte deux fois plus de lampes, pouvez-vous en conclure qu'il y a deux fois plus de personnes dans cette salle ? Si vous ne voyez pas où je veux en venir, pensez qu'une personne peut tenir deux lampes. Et finalement nous avons le même nombre de personnes dans les deux salles. Nous avons relativisé.
Suis-je alors si fermé d'esprit ? J'estime que non, parce que bien que je ne croie pas en Dieu, je crois en bien des choses. Et si je ne crois pas en Dieu, c'est en partie parce que la réponse que cela apporte concernant l'histoire de la vie et de l'univers ne me satisfait pas.
Je me plais à imaginer toutes ces possibilités merveilleuses et vertigineuses qui s'offrent à nous. Est-on plus ou moins ouvert d'esprit s'il on croit que Dieu a créé l'univers ? Je ne saurais le dire, je tiens juste à défendre le fait que je crois en des scénarios possibles, qui me paraissent plus "sexy" de part le mystère qui les entourent encore.
Mais je vais maintenant arriver au point d'orgue de mon argumentaire, qui me servira aussi de conclusion. Si je pense faire preuve d'une large ouverture d'esprit, c'est d'abord parce que je suis disposé à écouter les réponses que l'on peut apporter à mes questions tout en gardant un esprit critique et en multipliant les points de vues pour me forger une opinion. Mais surtout parce que je suis disposé à accepter de ne pas savoir.
Cela risque de vous paraître idiot, mais prenez du recul à ce propos, je conçois que l'on ait pas l'explication à un phénomène. Pourquoi parler immédiatement de miracle ou de surnaturel ? Pourquoi ne pas simplement s'avouer que l'on n'est pas encore capable d'expliquer ce que l'on a vu, tout simplement parce que l'on a pas les connaissances nécessaires ?
Peut être qu'éviter d'attribuer systématiquement chaque conséquence à une cause mystique, car en vérité on ignore la cause, c'est justement faire preuve d'ouverture d'esprit. Assumer de dire "je ne sais pas" et même pour aller plus loin, parfois aimer le dire, c'est sûrement faire preuve de confiance en soi plus qu'il n'y paraît, mais aussi d'un esprit critique qui ne raisonne pas en hâte.
Alors est-ce que ne pas croire en Dieu c'est ne croire en rien ? Je répondrai non, je crois en beaucoup d'autres choses, certaines dont on ne s'explique pas encore les causes, mais que l'on saura peut être expliquer un jour. Et je préfère ne pas croire en Dieu, parce que cela me pousse à imaginer tant de choses qui nous rendent si petit et qui nous émerveillent.
J'aime ne pas croire en Dieu, parce que cela me permet d'être passionné par le monde qui m'entoure, regorgeant de questions auxquelles on ne peut qu'imaginer les réponses, et finalement se rendre compte avec plaisir que cela pourrait être une de ces réponses, ou même une à laquelle on n'avait songé. Et la seule réponse dont on soit sûr c'est que l'on ne connaît pas la bonne. On est in fine heureux de ne pas savoir.
Je ne veux convaincre personne de ne pas croire en Dieu, chacun ses convictions et je le respecte, je veux simplement mettre en évidence le fait que moi aussi je suis croyant et j'aimerais qu'on le respecte.
Excellent :)
· Il y a presque 9 ans ·Mieux vaut croire en du concret...
Mario Pippo
Merci :) !
· Il y a presque 9 ans ·... et savoir en douter.
Théo Accogli
Je doute même de votre réponse :)
· Il y a presque 9 ans ·Mario Pippo