je ferme les yeux

Guillaume Vincent Simon

Le ciel dehors est blanc, je me vois le transpercer, le transcender, voler des ailes de cires que mon orgueil m'a donné. Je me rapproche incessamment de cette lumière blanche, pure et vierge. Je me rapproche, je sens le vent qui me pousse vers cette forme incroyablement lumineuse, j'ai mal aux yeux. 

Je suis en lévitation, je suis dans l'air, je suis l'air, je ne me sens plus vibrer, je me sens vivre, je ne suis plus matière, je suis l'air, je me sens partir loin, en gaz, je me vois fumer, je me vois me livrer à cette tentative de désincarnation. 

Mon sang coule dans le ruisseau de mon bras, mon sang vient, mon sang se répand. 

Mon oeil se fixe et scrute le plafond dont les moulures suintent comme si on les avait graissé, graissé de l'orgueil de ma vie qui comme mon sang se vide, qui comme mon corps se déconstitue. 

Les arbres sont comme des enfants complices, ils accompagnent ma descente au ciel, ma descente vers un ailleurs. les arbres jouent aussi, leurs feuilles rigolent en voyant que je pleure. 

Le vent saccage tout. 

Il n'y a d'ailleurs que là on ne veut pas être, il n'y a de chez soi que là on ne veut plus être, il n'y a de soit que ce dans quoi on ne veut plus croire. 

je ne suis moi que parce que je tiens encore à ce que j'étais par un minuscule fil de soie gris, un minuscule lien que mon orgueil vénal a limé petit à petit. 

Je suis celui que je ne voudrais plus jamais être, une vapeur tubéreuse et limpide au centre d'un cendrier encore plein, des mégots que j'aurai écrasé. 

La pluie nettoie tout.

Mon café fume encore, moi je scrute le plafond, je suis sur mon canapé, blanc, mon bras est rouge, je ne pleure plus, je n'ai plus mal, je suis simplement. 

Mon coeur se presse de battre pour que je puisse vivre, mon cerveau sécrète de l'endorphine pour que je puisse encore croire que je vis, mais je ne suis plus, simplement.

Je veux être une bulle de champagne dans une flûte en cristal,

Une touche de Piano usée à force de taper dessus,

Un banc où personne ne s'assoie,

Je ne veux plus être,

Je crois, 

Je ferme les yeux, 

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