JE ME SENS SI BIEN...

rocco-souffraulit

Je me sens si bien quand le téléphone sonne
Et qu’à l’autre bout il n’y a jamais personne
Sauf ma femme qui s’affole et qui marmonne
Pour logiquement me dire trois fois rien,
Sauf pour s’inquiéter que tout aille bien.
Je me sens si bien quand le dieu soleil rayonne
Sur la chair de poule d’une volaille aux hormones
Et qui manifestement n’interloque plus personne.
Ma peau frisonne dans le vent qui tourbillonne
Avec les abeilles et les chenilles qui papillonnent.
Je me sens si bien quand il tombe des cordes,
Qu’il neige des escargots, des grumeaux de pruneaux,
Je me sens si bien et je pèse mes mots.
Je me sens balancé vers toi,
Bouger une dernière fois,
Affamé pour suivre tes pas,
Enlacé pour t’avoir en moi,
Endiablé pour faire ma joie.
Le sens même de la naissance est d’exister
Alors je te baise les pieds ma dulcinée
Pour ceux qui oublient de te respecter
Car je suis ici, un homme en liberté.
Je me sens si bien avec cet enfant dans la cour,
Ses parents se faisant la cour pour faire l’amour,
Jouant au chat perché ou au ballon prisonnier
Pendant que l’élixir coule pour prolonger la lignée
Dans un lit fait pour éponger les coups de suées.
Je me sens si bien avec à la main un verre de vin,
Je sais que ça fait l’ensemble de mes voisins,
Pour une première gorgée, les valseuses à l’air,
Nu comme un vers de terre, les fenêtres ouvertes,
Prêt à me cacher sous le canapé en cas d’alerte.
Je me sens si bien, bercé entre le ciel et la mer
Comme un poisson dans l’eau, dans l’hémisphère
Entre l’enfance, l’homme pressé et puis l’enfer.
Je me sens si bien dans ce passage éclair.
Je me sens lancé avec toi,
Danser une dernière fois,
Lacé pour suivre tes pas
Enlacé pour t’avoir en moi,
Endiablé pour faire ma joie.
Le sens même de la naissance est d’exister
Alors je te baise les pieds ma dulcinée
Pour ceux qui oublient de te respecter
Car je suis ici, un homme en liberté.
Je me sens si bien dans cet état pavillonnaire
Qui abrite le feu de mon âme fragile éphémère,
Même au bord du gouffre je serais toujours derrière,
Pour regarder tomber de plus haut la tête la première
Ceux qui avancent, qui ne cessent de devenir fou
Dans ce royaume où le danger provient de partout.
Je me sens habile pour garer mon automobile,
Et titiller les nerfs usés, condamnés si fragiles
Des ours hurlant, immobile, pour le moindre mobile,
Parce que j’existe même si paumé dans la ville,
Je cherche ma route, ça me semble difficile
De ne pas gueuler et dire merde j’existe aussi,
Taper du poing pendant que d’autres s’enfuient,
Je me sens blême putain entouré de chiens,
Emblème qui me prend pour un moins que rien,
Qui me comparent à ce que je ne suis pas.
Je me sens balloté pourquoi,
Partir une dernière fois,
Emprisonné pour suivre tes pas
Emmuré pour t’avoir en moi,
Endiablé pour faire mon désarroi.
Le sens même de la naissance est d’en chier
Alors je t’écrase les pieds ma dulcinée
Pour ceux qui veulent de dévorer,
Car je suis un homme en liberté.

Rocco Souffraulit, Le 15/10/2010

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