Je me suis faite toute seule.

Je me suis construite seule, avec zéro modèle, juste mes bras, mes jambes, mon esprit, là pour faire du sport. J'ai tenté, j'ai osé et souvent même, je me suis ramassée. Convaincue de mes choix, forte tête et sûre de moi, je n'ai jamais baissé les bras ni même écouté ceux, qui n'avaient pas les mêmes intérêts. Non. J'ai toujours fais ce que je voulais et ce que je croyais juste. J'ai constamment porté mes valeurs sans les imposer à mes proches. Avec retenue et pudeur, j'ai fais ma vie ici mais ailleurs. Ailleurs, dans mon monde coloré où je passe des heures à jongler, à faire du roller et à chanter. Ici, dans mon foyer, près de mes proches, où personne n'a jamais vraiment rêvé. 

Oui, je me suis faite toute seule. Quelques règles imposées m'ont bien guidées parfois. Quelques devoirs, quelques leçons, quelques punitions. Mais la plus part du temps,  c'était seule que j'apprenais la Vie et que j'en profitai. J'ai donc eu mes premières expériences ratées dans le sport et assez tôt. 

J'ai failli me noyer. Je me suis prise un mur de crépis à vélo. J'ai sauté à plat ventre dans des orties en moyenne montagne. J'ai versé tout le sel sur mon poisson pané que j'ai ensuite mangé. Je suis tombée des cages de football relativement souvent. J'ai pris des coups pendant quelques unes de ces parties. Je me suis retrouvée en hauteur sans savoir comment des centaines de fois, coincée pour descendre. J'ai sauté dans les airs du haut des balançoires pendant dix ans, chaque été ou même en hiver lorsque je le pouvais. J'ai fais des roulades dans les prés et des conneries avec des garçons presque parfaits. J'ai appris à jongler en apprenant à rater. J'ai appris le roller en rattrapant mes chutes in extremis. J'ai tracé ma vie comme un garçon ou comme une fille en mal de routine. 

J'avais besoin d'adrénaline, de conneries, de découvertes sportives et de défis. La peur, le danger me faisait vibrer. En somme, oui, j'ai appris toute seule. Je me suis faite toute seule. Et aujourd'hui, j'en suis reconnaissante. 

Parce que je ne me laisserai pas avoir... Par mes Aînés...

Ceux qui croient me connaître.