Sur le point de craquer en permanence.

chachalou

Je tiens encore debout.

 

Sens exacerbés, peine sur les bout des lèvres, entrailles à cran et prêtes à craquer, même un ostéopathe est foutu de le remarquer. Voir que je fais semblant d'aller bien. Voir que j'essaie de m'en sortir. Voir que je fais ce que je peux avec ce que j'ai, c'est à dire rien. Ma gorge est souvent nouée, mes rêves d'enfants me poussent encore au devant, j'ai des larmes enterrées dans mes tripes, des peines jamais loin, qui ne demandent qu'à sortir. Mais je les tue, mais je les terre, parce que cela fait des années que je vis dans cette misère, enchaînement de crises de nerf ou de larmes, de rires pétés ou de sourires en coin. Le trop-plein. Le truc qui déborde par tout côté ou tu ne peux rien faire, sinon t'asseoir dans un coin et attendre de craquer.

Puis t'attends, t'attends. T'es même plus foutue de pleurer, t'es même plus capable d'accepter ta tristesse, tu te persuades qu'il y a pire et que tout va bien. Que ce n'est pas comme ci t'avais tout perdu et tout enduré pendant des années consécutives. T'as fais semblant de ne rien voir, de ne rien comprendre, de ne même pas remarquer la tristesse dans tes pas.

Puis un jour, quelqu'un, un frère, un ami, un étranger... Quelqu'un vous fait remarquer ce que vous vous évertuez à enterrer. Ce que vous ne voulez pas voir, plus comprendre et plus remarquer. Car derrière les sourires se cachent des souffrances. Derrière l'amour, des déceptions immenses. Derrière le don et les offrandes, des attentions que nous-mêmes, l'on a jamais eu. Derrière les appels et les s'il-te-plaît, des appels à l'aide qu'on ne comprend jamais.

Puis t'es là, tu souris, tu rigoles et tu profites par moments de ta vie. Mais faut pas t'approcher de trop près où tu paniques. Mais faut pas te parler trop émotionnellement où ça t'énerves. Mais faut pas te gaver ou tu pars au quart de tours. A cran, c'est la définition même de la Souffrance. Etre à cran, à bout de nerfs, au bout du rouleau. Et continuer d'espérer et d'avancer, sans même savoir pourquoi, ni comment. On se dit que l'on va oublier les épreuves et c'est le cas. Mais s'il y a bien une chose que l'on oublie pas, c'est comment est-ce que l'on s'est sentie, dans ces moments-là. 

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