Je t'aime tellement
mattprod67
1. plage Bords de mer - Ext/Jour
Le soleil se lève. Sur une longue plage de galets aux abords d'une ville, les services municipaux nettoient les lieux, un homme suivi par son chien fait son jogging. La ville se réveille peu à peu.
Le visage d'un homme endormi, est caressé par le soleil. Ses cheveux sont en bataille dansant dans le vent, au son du bruit des vagues. Une main féminine vient délicatement effleurer sa joue.
Voix féminine (off)(douce et quasiment inaudible)
Baptiste...
Baptiste
Rose ?
Baptiste esquisse un léger sourire. Il ouvre les yeux lentement.
Débraillé, mal rasé, il semble découvrir les lieux. Il est seul au milieu de cette plage de galets. Le cadavre d'une bouteille de vodka traine à ses pieds.
Baptiste se relève péniblement et tente de remettre son costume froissée en place.
Regardant une dernière fois les quelques vagues s'échouant sur le rivage, il se retourne et quitte la plage d'un pas lourd et incertain.
Arrivant au abords des remparts séparant la plage de la ville, il s'arrête devant un groupe de SDF endormis à l'abri du soleil. Il fouille sa poche de pantalon et laisse tomber quelques billets à leurs pieds.
Il sort une paire de lunettes de soleil qu'il place sur son visage et remonte les escaliers doucement quittant la plage et rejoignant le brouhaha de la ville.
2. Générique
3. grand hôtel : Salle de repos du personnel – INT/jour
Devant une grande glace et un lavabo, Baptiste fait sa toilette. Il est dans la salle de repos du personnel d'un hôtel.
Se passant un peu d'eau sur le visage, il ferme les yeux de fatigue.
Se baissant entièrement pour passer sa tête sous l'eau, une belle jeune femme d'une vingtaine d'année, derrière lui, le regarde en souriant. Baptiste relève la tête et l'aperçoit. A son tour il lui sourit.
Une porte s'ouvre.
Un homme d'une trentaine d'années fait irruption. Il porte un uniforme de réceptionniste d'hôtel de luxe.
Baptiste regarde à nouveau en direction de la jeune fille, mais celle-ci a disparu.
Réceptionniste (énervé)
Putain, Baptiste !
T'as vu l'heure. Martineau te cherche partout.
J'essaye de t'avoir depuis 8h00.
Baptiste enfile une chemise blanche brodée au nom de l'hôtel, ou figure un badge portant son nom. Il ne fait pas cas des remontrances de son collègue.
Réceptionniste(sur un ton amical)
...Tu vas finir par te faire virer.
Tu crois que Rose aurait voulu ça.
Ça la fera pas revenir...
Prenant par les épaules Baptiste pour lui faire face.
Réceptionniste
Ça ne la fera pas revenir. Faut réagir maintenant.
Bon Dieu, tu peux pas continuer comme ça...
Baptiste se dégage des bras de son collègue et feint un sourire.
Baptiste
Ne t'inquiètes pas, vas.
S'essuyant le visage avec une serviette, il sort de la salle en laissant son ami inquiet
4. grand hôtel : Hall de réception – Int/jour
Baptiste traverse le hall du grand hôtel où il travaille. De nombreux touristes et employés vaquent à leurs occupations.
Derrière le comptoir de la réception, le directeur de l'hôtel, monsieur Martineau - un homme d'une cinquantaine d'année à la moustache grisonnante et vêtu d' un élégant costume 3 pièces sombre - est en train de rendre des papiers à un couple de touristes.
Monsieur Martineau
… Voilà, vous souhaitant un agréable séjour parmi nous. Je fais monter vos bagages dans votre chambre.
Apercevant du coin de l'œil Baptiste, il lui fait signe de la main et l'appelle.
Monsieur Martineau
Baptiste ! Veuillez montrer à ces messieurs dames, leur chambre.
Il tend les clefs de la chambre à Baptiste. Son sourire à l'égard des touristes se transforme alors en un regard froid et méprisant à son encontre.
Baptiste
Bien entendu. Si vous voulez bien vous donnez la peine de me suivre.
Homme du couple de touristes
Avec plaisir jeune homme.
Les dirigeant alors vers l'ascenseur, Baptiste est interpellé à nouveau par son directeur.
Monsieur Martineau (d'un ton sec et sévère)
Baptiste, vous viendrez me voir à la fin de votre service. Nous avons à parler.
La cloche de l'ascenseur retentit, Les portes s'ouvrent. Les touristes rentrent à l'intérieur. Baptiste acquiesce et rentre à son tour dans l'ascenseur.
5. Appartement de Baptiste : hall d'entrée – int/jour
Un bruit de clefs retenti derrière la porte d'un appartement. C'est un appartement cossu. Le désordre ambiant et le courrier amoncelé sur une gondole montre que celui-ci n'est plus entretenu depuis un certain temps. Un Cadre affiche le bonheur passé de Baptiste et de Rose. Un téléphone-répondeur clignote et affiche deux messages.
La porte s'ouvre.
Baptiste apparaît portant un carton rempli d'affaires de bureau. On aperçoit sur le dessus du carton la chemise de l'hôtel ou est épinglé le badge portant son nom. Il pose le carton par terre, referme la porte, laisse tomber à terre sa veste, active le répondeur et se dirige vers la cuisine.
6. Appartement de Baptiste : Cuisine – int/jour
Baptiste rentre dans sa cuisine. Celle-ci est remplie de vaisselles sales et de bouteilles d'alcool vides.
Répondeur
Vous avez deux nouveaux messages.
Aujourd'hui à 8h35.
Il sort de la vodka de son congélateur. Il saisit un verre sale, qu'il nettoie rapidement en soufflant dedans et se sert un verre dedans. Il s'adosse au plan de travail et écoute son répondeur tout en sirotant avec soulagement sa boisson.
Répondeur (voix d'Alain)
Salut, C'est Alain, Il est plus de 8h00, et tu n'es toujours pas au boulot, Martineau est fou de rage, mec. Tu ferais bien de rappliquer au plus vite si tu veux garder ton job... Bon... rappelle-moi.
Aujourd'hui à 9h03 ...
Baptiste sourit et avale une autre gorgée de Vodka.
Répondeur (voix d'homme)
Bonjour Baptiste, … C'est Jean, …
Je dois passer chez toi cette après midi avec ma mère. Elle veut récupérer les affaires de Rose qui restent chez toi et …
Baptiste l'air surpris repose son verre sur le plan de travail et écoute attentivement la suite du message.
Répondeur (voix d'homme)
… le mieux serait que tu sois pas présent quant on passe. Tu n'a qu'à faire un tas près de la porte avec les affaires de ma sœur. On passera vers 15h00.
Baptiste regarde l'horloge de sa cuisine. Celle-ci indique 15h10. Il se précipite, alors, hors de sa cuisine.
7. Appartement de Baptiste : hall d'entrée – int/jour
Arrivant dans le hall d'entrée de son appartement, Baptiste saisit des clefs de voiture. Il ramasse par terre sa veste qu'il tente de remettre sur lui. Un bruit de clefs retenti derrière la porte. Baptiste reste alors immobile comme paralysé.
La porte s'ouvre. Le frère de Rose, un homme d'une trentaine d'années de forte corpulence et sa mère, une femme fine et fatiguée d'une soixantaine d'années, font alors face à Baptiste. Un silence lourd s'installe.
La Mère de Rose s'écroule soudainement et pousse un cri glacial d'effroi et de rage.
Mère de Rose (hystérique)
Fais le Partir ! Fais le partir !
Pris de panique, Le frère de Rose, se jette sur Baptiste lui assénant un violent coup de poing au visage.
Baptiste tombe au sol, saignant du nez. Il ne réagit pas.
Frère de Rose (avec dédain.)
Tu respectes rien !
Le frère de Rose, alors, comme pris d'une frénésie, relève Baptiste et le jette violemment dans le couloir de l'immeuble.
Baptiste s'écroule et glisse sur le carrelage du couloir.
Frère de Rose
Fous le camps saloperie ! C'est toi…
… C'est toi qui aurais du mourir ! Pas elle !
Il claque violemment la porte de l'appartement.
8. Couloir d'immeuble - int/jour
Baptiste à terre, seul à présent dans le couloir de l'immeuble, se passe la main sur le visage et regarde celle-ci couverte de son propre sang.
Voix féminine (off)
Baptiste ?
Il tourne la tête en direction de la voix.
9. Jardin villa ( Flash-back) – ext/nuit
Rose regarde Baptiste. Ils sont tout les deux assis à même l'herbe. Derrière eux, à quelques dizaine de mètres, sur la terrasse d'une villa illuminé, un groupe de personnes discutent et dansent au rythme d'une musique entrainante. Baptiste est plus jeune. Il est rasé et son visage n'est pas marqué par la fatigue ni par aucune trace de coup.
Rose
Baptiste ? Tu rêves à quoi ?
Baptiste
A toi...
Rose
M'ouais... C'est ce que j'aime chez toi. Tu n'es jamais vraiment là, avec moi...
Baptiste saisit dans ses bras Rose et l'embrasse passionnément. Il la regarde alors dans les yeux.
Baptiste
Je serai toujours avec toi Rose. Je te le promets.
(Il l'embrasse à nouveau.)
En fait, pour la première fois de ma vie, je me sens à ma place, comme si le fait d'être avec toi, n'importe où, m'était suffisant. C'est con hein ?
Rose (souriante et ironique)
Oui, c'est con...
Elle caresse le visage de Baptiste et l'embrasse délicatement.
Rose
On rentre, je commence à avoir froid.
10. cimetière – ext/jour
Dans un cimetière, sous un temps nuageux, un groupe de personnes se recueille devant la tombe de Rose.
Une pierre tombale indique l'année de naissance et de décès de Rose Cortes.
Peu à peu les gens quittent le cimetière, laissant seul Baptiste devant la pierre tombale.
Il se passe la main sur la bouche.
Baptiste (marmonnant)
Je ne peux pas vivre sans toi...
Il se met à pleurer. Une main féminine vient alors se poser sur son épaule.
Voix féminine (off)
Vous avez la carte du magasin ?
Baptiste (surpris et étonné)
Quoi ?
Baptiste, tourne la tête vers cette main inconnue posée sur lui.
11. Grande surface : Caisse enregistreuse – int/nuit
Dans une grande surface, une caissière d'une quarantaine d'année regarde avec impatience Baptiste. Sur le tapis de la caisse enregistreuse, on aperçoit une corde, une pioche, deux bouteilles de vodka, et un bouquet d'œillets multicolores.
Baptiste est hagard. Il est à nouveau mal rasé, son nez est cassé. Quelques taches de sang séchées maculent encore son visage et le haut de son tee shirt.
Caissière (Voyant que Baptiste ne lui répond pas.)
...
Cela vous fait un total 64,80€.
Vous voulez réglez comment?
Baptiste reprend ses esprits et sort son portefeuille de la poche arrière de son pantalon.
Baptiste
Je paye par carte.
Caissière (à la manière d'un automate)
Merci, vous pouvez faire votre code.
(Intriguée par l'attitude bizarre de Baptiste)
Et c'est pourquoi faire tout ça ? Si c'est pas indiscret ?
Composant son code de carte bleue, il regarde brièvement la caissière et esquisse un sourire.
Baptiste
Tenir une promesse...
12. grande surface : Parking - ext/nuit
Baptiste descend les allées du parking du supermarché, conduisant d'une main son caddie d'où dépasse ses achats, et de l'autre, une bouteille de vodka qu'il descend très rapidement.
Arrivée devant sa voiture, une berline des années 90, il vide le contenu de son caddie sur le siège passager avant. Il pousse négligemment le chariot sur la voie et rentre dans son véhicule. Démarrant le moteur avec peine, il recule brusquement et percute son ancien caddie. Des clients du magasin, présents sur le parking, sursautent et regardent médusés, la voiture s'en aller à vive allure.
13. Cimetière – ext/nuit
Dans un bruit de freinage bruyant, les phares de la voiture de Baptiste font irruption dans le cimetière. La lumière éclaire la tombe de Rose. On entend le grincement d'une vielle portière qui s'ouvre.
Baptiste descend du véhicule. Ivre, Il marche difficilement vers la tombe, continuant à avaler quelques gorgées d'une bouteille. Il tombe à genoux devant la pierre tombale.
Baptiste
Je suis désolé Rose...
J'ai essayé.
Il s'écroule sur la tombe et pleure.
Baptiste
Je peux pas vivre sans toi...
14. Voiture de baptiste – int/jour
Le visage de Baptiste est éclairé par le soleil. Ebloui, il se réveille péniblement. Il est au volant de sa voiture.
Il passe ses mains sur son visage. Elles sont couvertes de terre. Les éloignant de son visage, il les regarde avec interrogation.
Il tourne la tête vers la place passager du véhicule.
Le cadavre de Rose, couvert d'un peu de terre et en état de légère décomposition, est assis à ses côtés. Elle tient entre ses bras le bouquet d'œillets multicolores.
En état de choc, Baptiste ouvre précipitamment la portière de sa voiture. Affolé, il tombe à terre en voulant s'enfuir.
15. route de campagne – ext/Jour
Tombé à terre, hors de son véhicule. Il recule en rampant.
Baptiste respire très rapidement, comme essoufflé. Reprenant son calme, il se relève et regarde à nouveau le cadavre de Rose.
16. Voiture de baptiste – int/jour
Baptiste revient dans sa voiture. Durant quelques secondes, comme par timidité ou honte, il ne regarde pas Rose. Puis, il tourne lentement son visage vers elle. Il reste calme et serein.
Tendant doucement sa main vers le visage de Rose, Il caresse de ses doigts sa joue. Sa peau est pâle et craquelée à certains endroits.
Le corps mort de Rose glisse lentement vers lui.
Tout d'abord étonné de ce mouvement, il la regarde, puis s'approche d'elle. Ses lèvres effleurent les siennes. Il sert alors le corps inanimé contre lui.
Baptiste (au creux de l'oreille de Rose)
Je t'aime tellement.
Il l'embrasse.
Puis s'éloignant d'elle, il remet le corps de Rose en place sur son siège. Il passe son bras devant elle et saisit la ceinture de sécurité qu'il boucle avec précaution.
Il la regarde à nouveau et lui sourit.
La main de Baptiste tourne les clefs du moteur et démarre son véhicule.
17. Route de campagne – ext/Jour
La voiture rejoint la route qui s'étend à perte de vue. A mesure qu'ils s'éloignent vers l'horizon, le soleil brille de plus en plus, faisant disparaître la berline sous les effluves de chaleurs s'échappant du bitume brulant de la route.