Je t’expliquerai quand tu seras plus grand
fredfrag
Quand j'étais enfant, ma mère me disais souvent que j'étais « spécial », que j'étais « différent ». Dans sa bouche, ça ne sonnait pas comme étant une bonne chose. Il faut toujours que tu fasses autrement que les autres, me reprenait-elle. Cette singularité qui s'est affirmée avec le temps, je l'avais d'abord gommée pour ensuite la cultiver avec ses excès à l'adolescence puis de manière plus mesurée à l'âge dit de la maturité. J'ai vraisemblablement une tendance à la désobéissance et des difficultés avec l'autorité quand les règles n'ont pas de sens à mon goût. Et pour ne rien arranger, je me suis souvent laissé entendre que je n'avais aucune vergogne. Comprenez par-là, un goût pour les défis les moins honorables et aucune timidité pour à donner en spectacle.
Mon père lisait les nouvelles dans la tribune locale, scandalisé par le prix du lait qui avait encore baissé. Il lâcha un instant son journal pour rassembler les miettes sur la table du déjeuner et les mettre dans son bol de café. Il était évident qu'il avait manqué dans son enfance et que désormais rien ne se perdait même si les affaires marchaient bien.