Je vais le faire !

Jeudi 13 février 2020, dans la matinée 

Deux-Sèvres. Thouars, rue du docteur André-Colas 

Centre hospitalier du Nord Deux-Sèvres (CHNDS)  

Centre de psychothérapie 

Le parking 

Un patient, Joachim Laruelle (20 ans), porte un coup de couteau à une infirmière en psychiatrie, Élodie Multon  

La lame atteint une artère de l'abdomen 

Hémorragie interne  

Intervention des pompiers. La victime est transportée en hélicoptère à l'hôpital de Poitiers 

Bloc opératoire. Après-midi 

Élodie Multon (30 ans), mère de deux enfants, décède  

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Moins de dix minutes après l'agression, les forces de l'ordre interpellent Joachim, qui a lâché le couteau 

Il n'oppose aucune résistance 

S'allonge sur le sol  

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Vendredi 14 février 2020, tard dans la soirée. Joachim est placé en détention provisoire au centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, en Gironde  

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En fonction depuis plusieurs années, le psychiatre du centre, en charge de Joachim, est suspendu par la direction du Centre hospitalier nord Deux-Sèvres 

En raison de son attitude désinvolte après les faits -le soir du meurtre, il est parti en vacances  

Jeudi 14 octobre 2021. Le tribunal administratif de Poitiers (Vienne), annule cette sanction qui frappe le psychiatre de Thouars, indirectement mis en cause dans la mort de la soignante 

Les conditions d'une suspension en urgence du psychiatre n'étaient pas réunies 

En l'absence de situation exceptionnelle de crise et de danger imminents, mettant en péril la continuité du service et la sécurité des patients 

Le docteur T. ne reprend pas ses fonctions au centre de psychothérapie 

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12 décembre 2020. La mention "Morte pour le service de la Nation" sera retranscrite sur l'acte de décès d'Elodie Multon 

Décision prise par le ministère de la Santé et le ministère des armées 

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12 février 2021. Sur le monument aux morts de Saint-Martin-de-Sanzay (Deux-Sèvres), une plaque est fixée pour rappeler la mort d'Élodie Multon, domiciliée dans la commune 

Demandée par la maire, Valérie Guidal, la Légion d'honneur est remise par le ministre de la Santé, à la famille de l'infirmière 

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Samedi 13 février 2021. Nemat Jaafari, professeur à l'Université de Poitiers, psychiatre au Centre hospitalier Henri Laborit de Poitiers, vient rendre hommage à l'infirmière mortellement agressée à Thouars le 13 février 2020. Un an plus tôt 

En 1969, le service de psychiatrie de Thouars a été créé par le docteur Bernard Lafond 

À l'époque, la psychiatrie asilaire accueillait les patients souffrant de différentes pathologies. Le service disposait de trois médecins -une quinzaine de postes aurait été nécessaire 

Ainsi qu'en chirurgie, la psychiatrie a évolué, s'est spécialisée 

La personne déprimée et la personne délirante ne sont plus soignées dans le même service 

L'ouverture prochaine d'une nouvelle unité va permettre d'isoler pendant quelques jours, les malades atteints d'agitation aiguë 

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Centre pénitentiaire de Gradignan (Gironde). En détention provisoire depuis plus de quatre ans, Joachim (24 ans)   

« est angoissé, à l'approche d'un procès qu'il attend depuis longtemps. » 

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Mercredi 3 juillet 2024. Deux-Sèvres. Niort 

Palais de justice. Cour d'assises  

Trois jours d'audience 

Les débats sont menés par Anne Haye, président de la cour, entourée de deux juges et de six jurés citoyens 

Yeux hagards 

explications difficilement compréhensibles 

Joachim Laruelle (24 ans)  

encourt la réclusion criminelle à perpétuité (30 ans) 

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L'enfance de Joachim. Famille toxique 

Violence. Coups. Vexations 

Joachim est le dernier enfant d'une fratrie de trois 

Les parents se séparent 

Selon un expert à la barre. La mère maintient son fils dans un climat incestuel -aucune agression sexuelle physique n'est portée à l'enfant ou l'adolescent ; cependant, la victime est confrontée à la sexualité de l'adulte 

Joachim est placé. Succession de familles d'accueil 

Depuis son enfance, Joachim est psychotique  

Troubles du comportement. Joachim gère mal la frustration 

Pendant sa minorité, Joachim est confronté aux forces de l'ordre et à un juge des enfants, notamment en raison d'un épisode de violence avec couteau 

Cannabis. Alcool 

Accès de violence, une douzaine d'hospitalisations 

Depuis qu'il est majeur, le casier judiciaire de Joachim serait vierge 

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Thouars. Centre de psychothérapie  

Depuis le vendredi 24 janvier 2020, à sa demande, Joachim Laruelle (20 ans) est hospitalisé  

Jeudi 13 février 2020, matin. Le psychiatre reçoit l'un de ses patients, Joachim, en consultation 

Joachim veut sortir 

Mais le docteur T. envisage de le garder au centre. Mettre fin aux visites et à l'influence "délétère" -selon une infirmière- de son assistante familiale 

Une femme, aujourd'hui âgée de 59 ans, chez qui Joachim a été placé de ses 15 ans, jusqu'à ses 18 ans. Relations sexuelles  

Hospitalisation sous contrainte. Plus de visites de sa personne de confiance. Plus de portable. L'état mental de Joachim Laruelle impose des soins et une surveillance constante au centre 

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Le médecin. « J'ai brandi la menace d'une hospitalisation sous contrainte, parce que j'avais eu des retours dans ce sens de l'équipe infirmière. » 

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Jeudi 13 février 2020, après-midi. Joachim, dans la voiture de son assistante familiale ; tous les jours, elle passe le voir. Il fume une ou deux cigarettes 

Dans la voiture, un couteau pliant 

Élodie Multon, accompagnée d'une autre infirmière (27 ans), originaires de Parthenay. Elles viennent chercher Joachim, pour le ramener à sa chambre. Elles tapent sur la vitre, tentent de le raisonner  

Joachim sort du véhicule 

Coup de couteau 

Élodie Multon court jusqu'à l'entrée du centre de psychothérapie, dont le sas a été alors fermé 

Elle s'effondre 

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Joachim Laruelle comparaît  

pour assassinat -meurtre avec préméditation  

et tentative d'assassinat sur la seconde infirmière, qu'il a menacée 

Joachim Laruelle a toujours reconnu être l'auteur du coup de couteau mortel porté à Élodie Multon 

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Le fait que les victimes soient des personnes chargées d'une mission de service public n'est pas été retenu ; en l'occurrence, cette circonstance aggravante n'a pas d'impact, car l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité 

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Aux côtés de Mes Victoire Sirol et Marine Tomasini, Me Marilou Séval, défend Joachim 

« La question de la responsabilité pénale de Joachim Laruelle à l'époque des faits, va faire partie des débats. »  

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Missionnés par le juge d'instruction, des experts psychiatres posent un diagnostic sur l'état psychique de l'accusé 

Dr Alexia Delbreil (CHU de Poitiers), chargée de faire un bilan global. « Nous avons relevé des troubles de la personnalité liés à une forme de psychopathie. Le patient est intolérant à la frustration, présente une impulsivité très importante et une incapacité à respecter un cadre, des limites. » 

Malgré les conclusions de l'un des experts, relatives à « une possible altération du discernement », rien pour rendre Joachim pénalement irresponsable  

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L'attitude du docteur T. pose question 

Le jour même de l'agression, en fin d'après-midi, il part en vacances. Train pour Saumur, aéroport de Roissy. Il ne veut pas renoncer à son voyage en Afrique 

Un policier témoigne. Les policiers ont insisté pour que le médecin vienne effectuer sa déposition 

La présidente de la cour s'étonne. Selon la procédure, le psychiatre n'a pas raccompagné Joachim à sa chambre 

Le docteur T. assure n'avoir commis aucune faute 

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Dans ses plaidoiries, Me Lee Takhedmit, l'avocat pénaliste de la famille d'Élodie Multon, traite le psychiatre de "branquignol" 

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L'avocat. « Dans ce drame, il y a désormais deux orphelins. »  

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Le frère aîné d'Elodie, porte-parole d'une famille restée digne sur son banc, depuis deux jours. « On peut dire qu'Élodie avait une vie ordinaire, nous sommes issus d'une famille d'agriculteurs. Élodie avait trouvé sa voie dans la psychiatrie. Je ne vais pas m'étendre, on a fait notre deuil, mais c'est dur sans elle. Aujourd'hui, ses deux enfants ont 10 et 7 ans. »  

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L'avocat. « Dans ce dossier, je crois qu'on s'approche au plus près de la vérité,  

à la fois, concernant les faits  

à la fois, concernant les différentes responsabilités 

Au niveau pénal, c'est très simple, en réalité 

Un jeune homme se saisit d'un couteau et le plonge dans le ventre d'une infirmière, ce qui va causer son décès 

On peut imaginer que c'est un luxe de la part de la justice, de consacrer trois jours à une affaire comme celle-ci 

Mais il y a d'autres aspects, peut-être plus intéressants 

On s'aperçoit qu'à l'hôpital psychiatrique de Thouars, il y avait de graves difficultés, qui ont beaucoup contribué à ce qui s'est passé 

Même si le crime reste un geste individuel. » 

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« Je vais le faire ! Je vais le faire ! » 

Plusieurs fois, au cours des jours qui ont précédé l'agression, Joachim Laruelle menace de tuer une infirmière  

aussi, le jeudi 13 février 2020, le jour du meurtre  

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Aux côtés de Mes Victoire Sirol et Marine Tomasini, Me Marilou Séval défend Joachim  

Les avocates (barreau de Bordeaux) demandent l'indulgence des jurés 

Il convient de prendre en compte toutes les épreuves traversées par Joachim Laruelle, depuis son enfance  

Les avocates rejettent la préméditation  

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Pour l'avocate générale, il y a préméditation  

La magistrate requiert 30 ans de prison contre Joachim Laruelle  

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Vendredi 5 juillet 2024. 20 heures 15  

Joachim Laruelle est condamné à 25 ans de réclusion criminelle