Je veux 

My Martin

Vous ne me connaîtrez pas 

Louise Abbéma 

Étampes, Essonne,  1853 - Paris (9e), 1927        73 ans 

 

Peintre, graveuse, illustratrice, sculptrice 

 

Louise Catherine Léonie, fille unique 

du vicomte Émile-Léon Abbéma (1826-1915), administrateur de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, chef de gare de la station d'Étampes. Serait un descendant illégitime de Louis XV (?) 

 

et d'Henriette-Anne-Sophie d'Astoin (1826-1905) 

 

 

Choyée par ses parents, portée vers le dessin. Louise se forme (atelier de dames), auprès 

 

du peintre d'histoire Louis Devedeux   1820-1974. Orientaliste romantique 

 

Charles Chaplin (1825-1891) -temps bref. Courant académique, la femme, scènes de genre. Artiste officiel du Second Empire. Louise étudie en compagnie de  Mary Cassatt 1844-1926   peintre et graveuse américaine  et de Madeleine Lemaire 1845-1928  peintre, illustratrice et salonnière 

 

Jean-Jacques Henner (1829-1905). Nus féminins, chairs pâles, chevelure rousse. Poses alanguies 

 
Carolus-Duran (1837-1917). Portraits mondains d'élégantes ou d'enfants 

 

 

Au cours de ses années de formation, Louise rencontre Sarah Bernhardt, la célèbre tragédienne 

Forte personnalité. Sa devise, « je veux »     

 
1875. Premier succès à 23 ans. Portrait de Sarah Bernhardt. Ce tableau (disparu) va de pair avec le tableau (1876) de Georges Clairin (1843-1919. Orientaliste), représentant la tragédienne 

Louise Abbéma et Georges Clairin, portraitistes attitrés de Sarah 

 

Louise et Sarah, amantes. Liaison notoire 

 

 

1894, Théâtre de l'Odéon (6e), Près du Palais du Luxembourg. Georges Feydeau 1862-1921  et Maurice Desvallières. Comédie en trois actes, "Le Ruban" (1894). Acte II, scènes 7-8 

 

Le Docteur Paginet, ennemi de Louis Pasteur, négateur de l'existence des microbes est sur le point d'obtenir la Légion d'honneur. Il croit l'avoir obtenue effectivement, au point de la porter, alors que la décoration a été accordée à son épouse, pour une œuvre de charité 

Survient un journaliste myope, qui souhaite interviewer Madame Paginet, mais se retrouve en présence de Monsieur 

Le quiproquo burlesque qui s'ensuit est préparé par une allusion bouffonne à l'homosexualité de Louise Abbéma, amie intime de Sarah Bernhardt. Actrice en pleine gloire, elle dirige le théâtre de la Renaissance, puis le théâtre des Nations / théâtre Sarah-Bernhardt 

 

Le journaliste Rasanville, au docteur Paginet — Je vous demande pardon... je suis un peu myope... merci... (A part, écrivant:) « Madame Paginet est une grande personne, à la figure mâle et énergique. Les cheveux grisonnants sont coupés courts et rejetés en arrière ; la bouche et le regard, seuls, trahissent le sexe véritable de madame Paginet, mais le reste, gestes, port et costume, a l'allure plutôt masculine. »   

 

La pièce ne connaît pas le même succès que les autres vaudevilles de Feydeau, créés à la même époque -L'Hôtel du libre-échange, Le Dindon. La critique est fraîche. Après quarante-quatre représentations, la pièce quitte l'affiche 

 


 

Louise est une figure artistique de la vie mondaine parisienne. Elle fréquente la haute société et la bourgeoisie, obtient des commandes 

 

Louise se garde d'une étroite spécialisation. Œuvre profuse. Thèmes, techniques, supports 

Portraits mondains, panneaux décoratifs 

Paysages des stations balnéaires de Normandie, scènes de genre 

Illustrations, éventails, affiches, dessins publicitaires 

 

Fleurs et papillons 

Études de plantes, fleurs, motifs d'ornementation. Le dictionnaire de Louise 

Elle puise dans ce répertoire pour décorer la salle à manger de son appartement parisien 

1883 à 1908. Paris (9e) atelier, 47 Rue Laffitte 

 

Style spontané, humour, fantaisie. Louise est attentive aux courants novateurs de son époque -l'impressionnisme, le japonisme 

Sarah Bernhardt dans un jardin japonais, 1885 

 

Nombreux portraits     

Jeanne Samary (1879. Comédienne  1857-1890). Jules Claretie (romancier, dramaturge  1840-1913). Alexandre Falguière (sculpteur et peintre  1831-1900). Léo Delibes (1881. Compositeur   1836-1891) 

Ferdinand de Lesseps (1805-1894. Constructeur du canal de Suez). Jean-Jacques Henner, peintre 

 

1ᵉʳ mai 1893 au 30 octobre 1893. Chicago, Illinois. World's Columbian Exposition, exposition universelle. Woman's Building. Féministe, Louise fait partie de la délégation de femmes françaises artistes, présentées à l'exposition 

Portraits de Carolus-Duran, peintre. Charles Garnier (1825-1898 architecte de l'Opéra de Paris). Ces deux tableaux et les portraits de Sarah, sont exposés au Fine Arts Palace 

Sarah expose un buste en marbre de Louise (1878) 

 

 

Panneaux décoratifs. Eaux-fortes, aquarelles, pastels gouaches 

Louise décore le théâtre Sarah-Bernhardt / Théâtre de la Ville. 2 Place du Châtelet, Paris (4e)         

 

Sarah Bernhardt dans le rôle d'Adrienne Lecouvreur, vers 1884-1887   

Affiche pour La Sorcière, drame de Victorien Sardou  1904 

 

Panneaux du foyer du théâtre Sarah Bernhardt 

Gismonda, drame de Victorien Sardou  1894 

La Samaritaine, « évangile » en trois tableaux et en vers d'Edmond Rostand 1897 

 

 

Paris. Les panneaux décoratifs -sujets floraux   décorent les murs de l'Hôtel de Ville et de plusieurs mairies d'arrondissement -7e. 10e. 20e 

 

Louise travaille pour des revues. L'Art. La Gazette des Beaux-Arts 

Elle illustre des ouvrages. La Mer (1895), René Maizeroy, romancier   1856-1818 

 

Portrait du roi Pedro IV de Portugal, Dom Pedro I empereur du Brésil   1798-1834 

1868. Élias Robert   1821-1874, autre artiste étampois, est chargé de l'érection de la statue de l'empereur, à Lisbonne, Place Rossio 

 

Jusqu'en 1926. Louise expose régulièrement au Salon des Artistes Français 

 

1879. Critique élogieuse par Joris-Karl Huysmans  écrivain et critique d'art   1848-1907 

 

1881. Mention honorable pour ses panneaux décoratifs 

 

Salon de 1882, les panneaux des Quatre Saisons. Joris-Karl Huysmans, "L'Art Moderne" (1883)   

 

« […] Encore un peintre qui n'était pas le premier venu et qui s'effondre ! Nous allons pouvoir en dire autant de Mlle Abbéma qui tirait jadis de ses boîtes à couleurs de gais pétards. Les quatre saisons, représentées par quatre actrices, sont, comme concept, une niaiserie bien féminine, mais ce qui est pis encore, c'est l'exécution lâchée, l'impersonnalité de cette peinture molle et acide. » 

 

 

Au début du XXe siècle, Louise fréquente le salon de Madeleine Lemaire, peintre et illustratrice. 31 Rue Monceau (8e), adresse incontournable pour le Paris mondain de 1900. L'aristocratie du faubourg Saint-Germain, jeunes artistes, célébrités de la scène ou de la politique. "Chaudes tueries" 

 

Louise rencontre Robert de Montesquiou « poète et dandy insolent »  1855-1921. Liaison ? Montesquiou consacre un poème satirique à leur rencontre, "Abîme", publié à titre posthume 

 

Non, rien n'est absolu, disait un jour Catulle ; 

Le vice qui, chez nous, saphique s'intitule 

Et consiste à mettre elle à la place de lui, 

A des soirs de relâche et des matins d'ennui (...) 

Abîme, qui depuis des ans a le renom 

d'avoir une compagne au lieu d'un compagnon, (...) 

 

 

1900. Médaille de bronze à l'Exposition universelle 

 

Octobre-novembre 1906. Chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur -rare décoration pour une femme artiste 

 

Vers 1900, œuvre volée. Moulage en bronze à patine brune des mains de Sarah Bernhardt et de Louise Abbéma. Signature en creux des deux artistes. Cachet fonte Valsuani. Bronze longueur 31 cm, sur socle en marbre noir 

 

Sarah, quelques semaines avant sa mort. Dernière photo 

A Louise Abbéma son amie d'hier et d'aujourd'hui et bientôt de l'au-delà 

 

26 mars 1923. Insuffisance rénale aiguë. Décès de Sarah Bernhardt (1844-1923. 79 ans). Paris (17e), hôtel particulier, 56 Boulevard Pereire 

Sépulture au cimetière Père Lachaise (20e), 44ème division     

 

26 juillet 1927. Paris (9e). Décès de Louise Abbéma (1853-1927. 73 ans)     

Sépulture au cimetière du Montparnasse (14e), division 9   

 

*** 

 

"La Divine". "La Voix d'or" (Victor Hugo). "Monstre sacré" (Jean Cocteau) 

Sarah Bernhardt  1844-1923   

Rebelle, indisciplinée, tempérament explosif, indomptable énergie. Sa devise « Quand même ! » 

Enfant. « Je ferai toute ma vie exactement ce que je veux faire » 

 

Pension à Auteuil, éducation difficile. Puis six ans, chez les sœurs de Notre-Dame-de-Sion, à Versailles 

1859. Contre son gré, Sarah est inscrite au Conservatoire d'art dramatique de Paris (9e). Elle est admise, après une lecture inspirée de la fable "Les deux pigeons" (1678), de Jean de La Fontaine   

 

Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre. 

L'un d'eux s'ennuyant au logis 

Fut assez fou pour entreprendre 

Un voyage en lointain pays. (...) 

Ah ! si mon cœur osait encor se renflammer ! 

Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ? 

Ai-je passé le temps d'aimer ? 

 

 

« Je serai la plus grande actrice du monde » 

 

1862. Sarah est renvoyée de la Comédie-Française (gifle à Mademoiselle Nathalie) 

Sarah revient ultérieurement. Elle joue les grands rôles du répertoire -Junie, dans Britannicus (Racine). Andromaque (Racine). Zaïre (Voltaire). Phèdre (Racine). Doña Sol, dans Hernani (Victor Hugo) ... 

Elle reprend le rôle de la Reine, lorsqu'en 1879, Ruy Blas (de Victor Hugo) entre au répertoire de la Comédie-Française. Et des rôles modernes 

 

Fantasque, goûts morbides. Sarah s'entoure d'animaux exotiques 

 

Elle est  

comédienne 

 

mère d'un enfant illégitime. L'amour de sa vie. Son fils unique Maurice, qu'elle eut à 20 ans du Prince Henri de Ligne. Dramaturge et directeur de théâtre    1864-1928   

 

pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, infirmière 
 

fichée par la police -courtisane   23 mai 1874   

 

 

Tournée en Europe, Canada, États-Unis 1880-1881 

 

New York, « la Dame aux camélias » drame en cinq actes d'Alexandre Dumas fils     

 

1903. New Jersey, West Orange, comté d'Essex. Enregistrée chez Thomas Edison, Sarah Bernhardt déclame la tirade de l'aveu (29 vers) de Phèdre à Hippolyte. Tragédie classique en cinq actes (1677), de Jean Racine   

 

"Oui, Prince, je languis…" (Acte II, Scène 5) 

Oui, Prince, je languis, je brûle pour Thésée. 

Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers,                 

Volage adorateur de mille objets divers, 

Qui va du dieu des morts déshonorer la couche, 

Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche, 

Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi, 

Tel qu'on dépeint nos dieux, ou tel que je vous voi. (...) 

 

États-Unis. Sarah va à la rencontre d'ethnies amérindiennes   

 

1893. Paris. La comédienne prend la direction du théâtre de la Renaissance, fondé en 1838 par Victor Hugo et Alexandre Dumas. 20, Boulevard Saint-Martin (10e) 

Décembre 1898. Puis celle du théâtre des Nations, 2 Place du Châtelet (4e). Sarah le renomme à son nom. Durant 25 ans, elle anime le lieu. Elle écrit elle-même quelques pièces 

1917. Elle monte sa propre troupe 

 

Libre, indépendante, Sarah exploite son image 

1894-1906. Affaire Dreyfus. Sarah prend ouvertement le parti d'Émile Zola, article « J'accuse… ! » (journal L'Aurore n° 87, 13 janvier 1898) 

 

Années 1870. Sarah s'initie à la peinture auprès de Gustave Doré   illustrateur, caricaturiste, peintre, lithographe et sculpteur 
 

Formée par Mathieu-Meusnier (1824-1896) sculpteur et collectionneur. Sarah sculpte jusqu'à la fin de sa vie, 26 mars 1923. Une cinquantaine d'œuvres     
 

"Vous ne me connaîtrez pas" 

 

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