Je veux devenir cavalier, comme mon père l'a été

My Martin

-

L'État de Bade, capitale Karlsruhe. Sous le règne de Louis Ier de Bavière (1825 - Nice, 1848)  

 

Bavière Nord. Nuremberg 

Architecture médiévale -fortifications, tours en pierre de l'Altstadt (la vieille ville) 

 

Quarante mille habitants, jolies maisons à colombages 

Bière, tavernes, notes de musique 

 

--- 

Lundi 26 mai 1828. Lundi de Pentecôte 

Au clocher, cinq heures sonnent  

Unschlittplatz (place du Suif) 

 

Georg Leonhard Weickmann et Jakob Beck, deux artisans bottiers, sortent de la taverne 

 

Rue de la Fosse-des-Ours. Un adolescent, d'une quinzaine d'années 

Blond, chevelure bouclée. Vêtu avec simplicité 

Les yeux inquiets 

Selon un procès-verbal, « un enfant de deux ou trois ans dans un corps d'adulte »  

 

Il titube. Il tend une enveloppe aux artisans 

 

--- 

Une lettre, adressée au commandant en chef du 4e escadron du 6e régiment de chevau-légers  

 

Un billet est joint 

 

--- 

Le capitaine Friedrich von Wessenig lit les courriers 

 

Le premier, en lettres gothiques. Fautes de grammaire, d'orthographe 

 

« Ce garçon m'a été confié en 1812, le 7 octobre. Je suis moi-même un pauvre journalier. J'ai moi-même dix enfants. J'ai moi-même assez de peine à me tirer d'affaire. Sa mère m'a confié l'enfant pour son éducation. »  

 

Le journalier a élevé l'enfant comme son fils, sans jamais le laisser sortir à l'extérieur 

« Un garçon qui voudrait servir fidèlement son roi et qui l'a demandé » 

 

L'adolescent a été conduit jusqu'à proximité de Nuremberg de nuit, par des chemins détournés  

Il ignore le nom du village d'où il vient, il ne saurait y retourner 

 

--- 

Le second billet, en lettres romaines, écrit par la mère de l'adolescent 

La date de naissance du jeune homme (30 avril 1812) est mentionnée. Il est baptisé 

« Si vous l'élevez, son père a été un chevau-léger. Quand il aura dix-sept ans, envoyez-le à Nuremberg au 6e régiment de chevau-légers. Là aussi son père a été. » 

 

Le capitaine von Wessenig interroge le garçon, en vain 

"Je veux devenir cavalier, comme mon père l'a été" 

 

Sur une feuille de papier, il écrit maladroitement ses nom et prénom 

Kaspar Hauser 

 

Mme von Wessenig lui fait servir un broc d'eau et un morceau de pain, qu'il mange avec plaisir 

Il repousse la viande et la chope de bière 

 

--- 

Le capitaine suspecte une supercherie. Il fait placer l'adolescent à l'isolement  

 

Convaincu de sa sincérité, Andreas Hiltel, son geôlier, le recueille dans son appartement de fonction 

 

--- 

Puis Jakob Friedrich Binder (1787-1856), le bourgmestre de Nuremberg 

Kaspar Hauser répète qu'il veut être cavalier, comme son père l'a été 

Il possède moins de cent mots usuels 

Il est habitué à la présence humaine 

La plante de ses pieds est lisse et douce, il n'a guère marché en dix-sept ans 

 

Il raconte. Il a été enfermé, maltraité 

Il a vécu dans un réduit sombre, dormi sur la terre battue ou la paille. Un homme vêtu de noir lui a appris à marcher, à écrire son nom 

Plus tard, l'homme l'a conduit en vue de Nuremberg et l'a abandonné, avec l'enveloppe  

 

--- 

Lettre anonyme adressée au bourgmestre 

L'adolescent a été victime d'une machination. Il appartient à une famille de premier plan 

 

Jakob Friedrich Binder recoupe les informations, établit la liste des familles princières susceptibles d'avoir dissimulé une naissance, une quinzaine d'années plus tôt 

 

 

*** 

 

 

Rumeurs 

Karlsruhe. Pour hériter du Grand-Duché de Bade, la famille morganatique du grand-duc Charles II Frédéric de Bade (1811-1818) aurait tenté d'éliminer le prince héritier, né le 29 septembre 1812 

16 octobre 1812. Il est décédé brutalement 

Il repose dans la crypte familiale de la collégiale Saint-Michel, à Pforzheim (à 25 km à l'est de Karlsruhe) 

 

--- 

La nuit où l'enfant a été donné pour mort, la comtesse Louise Caroline de Hochberg 1768-1820 l'aurait fait enlever, pour lui substituer l'enfant de l'un de ses ouvriers, drogué à en mourir 

La comtesse de Hochberg est la seconde épouse (1787) du margrave, ultérieurement grand-duc, Charles Ier de Bade 1738-1771 

 

Ses descendants (Léopold Ier, Guillaume de Bade) monteront sur le trône grand-ducal et régneront jusqu'en 1918 

 

--- 

Stéphanie de Beauharnais 1789-1860. La fille adoptive (1806) de Napoléon et de Joséphine de Beauharnais. En 1811, elle devient grande-duchesse à l'accession au trône de Charles II  

 

Ainsi, Kaspar Hauser serait le fils de Charles de Bade et de son épouse, Stéphanie de Beauharnais  

 

--- 

La grande-duchesse, Stéphanie de Beauharnais, qui a perdu son deuxième enfant au berceau en 1812, n'accorde aucun crédit à cette rumeur 

 

Cependant, elle aurait fait le voyage jusqu'en Bavière. Ansbach, le lieu de résidence de Kaspar Hauser (235 km à l'est de Karlsruhe)  

Elle l'aurait aperçu. Comme une ressemblance ?.. 

 

 

*** 

 

 

Le bourgmestre pensionne Georg Friedrich Daumer (1800-1875), professeur et philosophe. Versé en sciences occultes 

Hypersensibilité de Kaspar Hauser, qui s'apparenterait à des pouvoirs spéciaux ; il décèle chez le jeune homme la faculté de reconnaître les métaux à l'aveugle, « par captation d'influx »  

 

Georg Friedrich Daumer apprend à Kaspar Hauser

à se présenter, se tenir droit, se mouvoir, s'exprimer 

lire, écrire, jouer du clavecin 

 

--- 

11 juillet 1828. Lord Philip Henry Stanhope (1805-1875), aristocrate anglais, se passionne pour l'histoire de Kaspar Hauser. Il dépense de grosses sommes pour découvrir ses origines - hongroises, croit-il 

Il conduit Kaspar Hauser chez Anselm von Feuerbach 1775-1833, criminaliste 

 

Anselm von Feuerbach. « Je découvre l'origine probable de Kaspar Hauser, comme prince de la maison de Bade. »  

 

29 mai 1833. Alors qu'il se rend à Francfort, Anselm von Feuerbach (58 ans) décède  


Rumeurs

En raison de son plaidoyer en faveur de Kaspar Hauser, il aurait été empoisonné  

 

--- 

Samedi 17 octobre 1829 

Chez Georg Friedrich Daumer. Dans la cave, Kaspar Hauser (17 ans) inanimé, hagard. Blessé au front 

Il a perdu beaucoup de sang 

Il a été agressé par un homme masqué 

 

Une enquête est diligentée. Suivie en haut lieu 

Ordre du roi Louis Ier. « L'inconnu de Nuremberg » bénéficie d'une protection policière 

 

 

Kaspar Hauser chez Johann Christian Biberbach, conseiller municipal 

 

Samedi 3 avril 1830 

Kaspar Hauser (18 ans) est victime d'un attentat au pistolet 

Blessure superficielle à la tempe 

 

Les policiers sont dubitatifs 

 

--- 

Les relations avec la famille Biberbach se dégradent 

 

 

Pendant un an et demi, Kaspar Hauser, chez le baron Gottlieb von Tucher 

 

--- 

Lord Stanhope organise l'accueil de Kaspar Hauser auprès de l'instituteur Johann Georg Meyer, à Ansbach, à 40 km au sud-ouest de Nuremberg  

 

--- 

Samedi 14 décembre 1833 

Kaspar Hauser rentre chez Johann Georg Meyer 

Le souffle court, la chemise tachée de sang 

Il se trouvait dans le jardin de l''ancienne résidence des margraves d'Ansbach, le Hofgarten 

Il a été agressé. Un homme lui a tendu une bourse de velours puis lui a porté un coup de couteau 

Kaspar Hauser a une blessure au torse, à gauche 

 

--- 

Sur les lieux de l'agression, un policier retrouve la bourse. Elle contient un message. Les mots sont tracés au crayon, en écriture spéculaire (lisible avec un miroir) 

 

« [...] Je viens de la frontière de Bavière… près de la rivière… Je souhaite même vous dire aussi mon nom : M. L. Ö. »  

 

--- 

Lundi 16 décembre 1833. Fièvres infectieuses, complications hépatiques 

Kaspar Hauser (21 ans) décède des suites de son agression 

 

Pour le médecin qui l'a examiné, il s'est lui-même infligé sa blessure 


Signaler ce texte