Je veux dormir d’une balle dans le désert, ou dans le ressac d'une corde

romualdmartin

poésie contemporaine

Je traine des gens qui font saigner les fleurs
Je les traine dans un filet, sorti d'une ondée triste
Ils sont issus d'un jour de mauvaise pêche
Je suis chargé de pétrole ralentissant
Englué, mourant

Trouvez-moi des bois
Que j'y cri, que j'y dégueule
Ce que je suis
Le fioul de mes veines
Et que je m'arrache ma peau
Faites de cendres et de bois de cercueil
Que je puisse m'enfoncer le poing
Au plus profond de ma gorge
Que je m'attrape par le col
Et que je me sorte et me finisse
A coups de pieds dans un coin de nature

Je vais m'alléger le cœur en y mettant du plomb
Oter mes pieds du sol par la magie d'une corde
Dormir dans les bras de la fée en gélule

Faut que je tue, celui qui rampe dans ma tête
Le corrompu, le vicié, l'enculé qui travaille
A me rendre faible et source d'ennuis

Personne n'a eu les clés de cette prison
Celle ou les murs sang m'hurlent dessus
Celle où la porte même ouverte reste infranchissable
Celle où je suis mon tortionnaire
Mon sale copain de cellule m'expliquant au réveil
Qu'aucune évasion n'est possible

Je ne suis qu'un assassin, méritant cage et potence

Il faut m'extraire, aidez-moi si je n'en ai pas la force
Je vous donnerais l'adresse ou venir livrer les balles
Après un court voyage dans le coffre
Je n'opposerais pas de résistance

Mes genoux seront mon dernier lit
Et c'est la tête dans le sable et les yeux fermés
Que le monde se réveillera libéré

Et les fleurs pousseront mieux arrosées par le foutre
De ma dernière danse.

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