Jean, le comédien

Mickaël Garnier

Jean, jeune homme plein de ressources, aidé par Pedro, un directeur artistique, trouve le moyen de s'en sortir, après un accident de la route.

Jean, le comédien

26 janvier 2018, Jean, un jeune homme de 17 ans, sort énervé de sa chambre d'hôpital. Pour se calmer, il décide de se balader dans les couloirs de l'établissement, où il croise Fatou, l'infirmière qui s'occupe régulièrement de lui. Le voyant de mauvaise humeur, elle l'attrape par le bras, en lui demandant ce qu'il se passait. 


Il l'a repousse, en lui disant qu'elle ne pouvait pas comprendre et poursuit son chemin. Quelques minutes plus tard, s'étant légèrement calmé, il décide de retourner dans sa chambre. Comme son coma lui causait des problèmes de mémoire, le jeune homme s'était perdu dans l'enceinte du CHU. Au fil de ses recherches, il se retrouve à l'accueil de l'hôpital. 


À l'accueil, il y avait aussi Pedro qui attendait avec sa fille, la consultation chez le pédiatre.

À l'accueil, il y avait aussi Pedro qui attendait avec sa fille pour avoir une consultation chez le pédiatre.


C'est à cet instant que Jean eut l'idée de monter tant bien que mal sur une table, pour attirer l'attention en criant :" VENEZ TOUS, ÉCOUTEZ-MOI".

Pedro, intrigué par l'intervention du jeune homme, se dirigea vers le jeune, avec sa fille  dans les bras. Beaucoup de personnes se rassemblèrent devant Jean.


L'adolescent commença son speech en disant :" J'ai un problème, depuis que je suis sorti du coma il y a quelques mois, mes parents n'arrêtent pas de s'engueuler ? Comment pourrais- je faire pour leur faire comprendre qu'il faut qu'ils arrêtent de le faire devant moi ? " Il ajouta que quand il essaie de leur dire simplement, ses parents ne l'écoutent pas.


Jean donna la parole à une dame qui lui a répondu : " Vous avez qu'à leur écrire une lettre !" Jean rétorqua : "depuis que je suis sorti du coma, je dois réapprendre à lire et écrire". Epris d'humour, il ajouta : " Vous vous rendez compte, j'ai l'âge d'être en terminal et j'ai le niveau d'un enfant de grande section !".


Pedro, le spectateur et premier fan de l'ado, laissa échapper un rire. Une petite main se leva, c'était celle d'une petite fille, qui lui souffla l'idée de les emmener dans un lieu qu'il adore et de réessayer de leur dire calmement."


Jean, toujours sur la table, répond que ce serait une très bonne idée, si ce lieu favori n'était pas une cachette de l'hôpital, dans laquelle il se réfugie quand il se ne sent pas bien. Il surenchérit en disant :" Si je leur montre ma cachette, ça n'en sera plus une et je n'ai pas spécialement envie de les voir s'y disputer".


D'autres personnes lui donnèrent des billes, d'ailleurs quelques-unes lui paraissaient intéressantes, d'autre un peu moins. A la fin de son intervention, il propose à ses spectateurs de faire connaissance. Mais avant cela, il fit la remarque : ”Ici, il y a trois types de personnes ! Les gens qui viennent consulter, ceux qui les accompagnent et ceux qui courent partout".


Jean en regardant tout autour de lui, dit, toujours d'un ton blagueur :" La preuve, vous en voyez des soignants ici ? Bah non, parce qu'ils ne sont pas aussi nombreux que dans les films ou séries que l'on voit à la télé".


Pedro resta bouche bée devant le jeune homme qui se donnait en spectacle.


L'ado, continua en interrogeant une personne dans l'assemblée ; "vous monsieur, vous êtes là pourquoi ? " Celui-ci répond: " pour un rendez-vous chez l'anesthésiste". Jean demanda "y a-t-il quelqu'un d'autre qui à un rendez-vous chez l'anesthésiste ?". Une dame se manifeste. Jean dirigea l'homme vers la dame en lui disant : "ca vous fait déjà un point commun, c'est un bon début". Ce qu'il était loin d'imaginer, c'est que grâce à lui, les deux individus avaient vécu un vrai coup de foudre. 


Il invita chacun à faire de même, avant de descendre de la table et d'essayer de retrouver son chemin. Pedro, qui avait mis sa fille sur ses épaules, le rattrape et se présente : "salut, je viens de t'écouter, tu m'as bien fait rire, je m'appelle Pedro et je suis directeur artistique d'une troupe de théâtre, ça te dirait de faire des essais ? On cherche un nouveau comédien et tu m'as semblé intéressant et à l'aise pour prendre la parole en public".


Mais le garçon, ayant des problèmes de mémoire, commence à avoir des doutes sur le fait que ce soit une bonne idée. Mais, il faut dire que cette proposition ne lui semble pas si inintéressante que ça. Il lui répond :"Je ne sais pas si c'est une bonne idée pour l'instant, mais est-ce que je pourrais avoir un moyen de vous contacter quand j'aurais pris ma décision ?”. Le directeur artistique lui tend un bout de papier sur lequel il avait écrit son numéro de téléphone. 


En arrivant, dans sa chambre, avec l'aide d'un aide soignant, il constate que seule sa mère qui était inquiète, était présente. Son père le cherchait partout dans le bâtiment. Il s'asseya sur son lit sans rien dire, il n'a plus envie de parler à qui que ce soit. 


Son père entre à son tour dans la chambre en disant : "je ne l'ai pas trouvé " puis en levant la tête, il vit son fils. Il se mit en colère :" MAIS PUTAIN T'ÉTAIS OÙ ? JE T'AI CHERCHÉ PARTOUT".


Jean excédé lui a répondu : "Tout l'hôpital sait où j'étais ! Maintenant sortez, je ne veux pas vous voir tant que vous ne serez pas capable de vous parler sans vous engueuler".


Avant d'oublier, il prit son carnet, que son psychologue lui avait donné quelques semaines auparavant, pour y insérer le numéro de téléphone qu'il venait de récupérer. En dessous, il y écrivait P E D R O tout seul sans être aidé. 


Quelques jours après, il parla de Pedro à Fatou. En réalité, il n'arrête pas de penser à sa proposition. Elle lui répond que faire du théâtre, ça serait bien pour faire travailler sa mémoire, mais qu'il ne fallait pas qu'il aille trop vite non plus, car les médecins risquent de ne pas être d'accord pour lui accorder des sorties et que ça risquait de lui mettre une pression monstrueuse. 


Mais jean n'en n'as que faire des conseils des médecins. Il attend que Fatou parte, prend son tel et téléphone à Pedro. De son côté, le directeur avait commencé à parler de l'adolescent à la directrice de la troupe de théâtre, Christine, qui semblait dubitative à l'idée d'engager un jeune comateux. 


7 février 2018, sur scène, un texte à la main, Jean commença son essai pour le rôle d'un jeune paysan. Il y avait donc dans les gradins, deux casteurs : Pedro, le directeur artistique, Christine la directrice de la troupe.


Jean entra dans la peau de son personnage sans trop de difficultés. Cependant le jeune homme, ayant des difficultés pour lire, décide d'improviser, pour donner la réplique à Christian l'un des comédiens. 


Après une longue délibération, Pedro et Christian convainquirent Christine de le prendre.


À son retour à l'hosto, Fatou l'attendait de pied ferme avec le Dr Berrotte, son neurologue. Il avait prévenu l'infirmière de son absence, mais pas le médecin, avec qui il avait rendez-vous. Après avoir poussé une soufflante et parler des résultats des derniers tests, le docteur lui demande comment se sont passés les essais. 


Jean raconta toute sa matinée dans les moindres détails et conclut par : "Et ce sera pas la dernière fois que j'irai dans cette salle de spectacle".


Plusieurs jours après, Pedro rend visite à son protégé, à l'hôpital. Au fils de la discussion, le jeune de 17 ans, se livre sur son accident :

- ” Il y a 9 mois et demi, j'ai eu un accident, j'ai été renversé par une voiture. Le choc à été tellement violent, que j'y ai perdu mes deux jambes, dit-il en remontant son pantalon, puis enchaîna en regardant Pedro, est-ce que je peux dire que je suis mi-homme, mi-robot ?". 

“Je sais pas trop quoi te répondre, à part que t'as une force de vivre qui m'épate!” lui répond son ami. Tu prends tout avec une de ces légèretés...". Jean lui rétorque qu'il n'a pas tellement le choix, car il devra vivre toute sa vie avec, puis il demande au directeur artistique de regarder dans sa table de chevet, car il y a un article de journal qui va l'aider à comprendre ce qu'il s'est passé le jour de l'accident. 

Mais en ouvrant le tiroir de la table de chevet, Pedro tombe sur le carnet de jean. Il commence par lire cet article, dans lequel il était écrit :  


“Ce samedi, vers 16h, un jeune homme de 16 ans a été percuté par une voiture roulant à vive allure, près de l'église du village de Moussey. L'adolescent, est entre la vie et la mort et à été transporté, par le samu, au CHU de Troyes pour être mis dans le coma. La seule victime de l'accident se réveillera amputé de ses deux jambes, l'une des deux à cause de trop nombreuses fractures et la deuxième dû à la  section de son membre lors du choc”. 


Une fois, sa lecture finie, et voyant Jean qui avait fini par s'endormir, Pedro s'asseya sur la chaise et prit le carnet, il tomba pile sur la page de son numéro de téléphone et nota les efforts du jeune pour noter son prénom. En tournant la page, il voit la photo de Tito dans le film Inséparables, il s'avère que Pedro connaît très bien l'acteur en question, mais il garda ça pour lui.

A son réveil, Jean explique que lorsque le psychologue lui à demander d'essayer de se souvenir d'un film ou d'un acteur et qu'il a eu un flash. Il explique aussi que c'est Fatou qui l'a aidée à remonter jusqu'à la séquence du film d'où provient la photo. 


Plus tard, voyant Jean se rendormir, Pedro pensa qu'il était temps pour lui de partir pour le laisser se reposer. Mais avant, il nota l'heure et la date des premières répétitions sur un bout de papier, mis en évidence sur sa table de chevet.


15 février 2018, Jean, quelque peu stressé, vit les autres membres de la troupe sur le trottoir du théâtre. De loin, il reconnaît Christian et Christine. Quelques secondes après, apparaît, sortant de l'établissement, celui qui l'a embarqué dans l'aventure. Il commence par rebrousser chemin en se disant qu'il ne serait pas à la hauteur. Mais Christian, d'environ 15 ans son aîné, lui court après et lui demande : "T'as le trac ?". “Non, pas du tout; répond Jean, j'adore faire les cent pas avant de rencontrer de nouvelles personnes". 


Christian, prit son nouveau collègue par l'épaule en l'emmenant voir ses premiers partenaires de jeu, et leur dit : "Je vous présente le gamin, dont on n'a pas arrêté de vous parler, c'est lui qui va remplacer Arthur dans le rôle du paysan".


Tous se présentèrent, chacun leur tour  : " Salut, moi, c'est Cécile, dans la pièce, je suis celle qui mène la RÉVOLUTION" dit-elle en hurlant. "Salut, bienvenue, je suis Lucie, ne fait pas attention à Cécile, on se demande si elle n'est pas comme son personnage, c'est-à-dire folle. Je me permets de dire ça, car c'est mon amie".


Cécile qui avait tout entendu de ce que venait de dire Lucie, répond à sa pote : "Roh et puis tant que tu y es dit lui que j'ai une entreprise multinationale dans la tête aussi”. Jean se mit à rire en se demandant où il était tombé.


Au tout début de la répétition, Jean appris par Christine, que sa première représentation aurait lieu seulement trois jours après, et ce, malgré les tentatives de Pedro pour repousser cette échéance. La directrice de la troupe, qui n'était toujours pas favorable à l'arrivée du Jeune homme, ne voulait pas, malgré l'insistance de Pedro, repousser cette date.


Comme il s'agissait de la première répétition, personne ne voyait d'inconvénient à ce que Jean répète avec son texte, le seul bémol est que seul Pedro, savait pour ces problèmes de lecture et le jeune homme ne voulait pas que cela se sache d'avantage. Les deux hommes, 

élabore un stratagème, pour couvrir l'adolescent. C'est ainsi que Pedro se mit dans la peau du souffleur pour lui souffler les répliques.


Personne, sauf Christian, ne s'est aperçu du subterfuge. A l'issue de la première matinée, le comédien demande à Jean de lui expliquer, mais le jeune ne voulait pas que chacun des comédiens ne s'apitoie sur son sort, alors il nia les faits. 


L'après-midi même Jean avait des rendez-vous pour des tests de santé. En sortant de son bureau, le docteur Berrotte surprend Jean entrain d'essayer de réécrire dans son carnet.


“Mr Perez, c'est à votre tour” dit le médecin, d'un air enjoué, ce qui fit sursauter l'adolescent. 

Une fois installé, le spécialiste repris :"J'étais perplexe à l'idée que tu fasses du théâtre, mais au moins ça te motive plus que les exercices du psychologue, Dr Thomas, c'est déjà ça. Et sinon, je sais que t'es en colère contre tes parents, les as-tu revu ?"


"Non" lui a-t-il répondu : "Ce n'est pas le moment, ils pourraient tout faire capoter". Le médecin lui demande pourquoi il pense ça. Jean répond que quand il les voit, ils s'engueulent, et qu'il en a marre. Mine de rien, le dr Berrote fait dévier la conversation sur les résultats des derniers tests :" Jean, t'es parents, il va bien falloir que tu les revois, d'autant plus que t'auras des nouvelles à leur annoncer".


"Des bonnes j'espère " s'exclame le jeune homme. " T'en connais déjà la moitié nan ? " répond le médecin en montrant les écritures dans le carnet.


Un large sourire se dessine sur le visage du patient. "Vous ne me moquez pas de moi! dit Jean, J'écris toujours mal et pour la lecture ça reste compliqué". " Je ne me moque pas, ça reste compliqué, c'est vrai, mais selon le Dr Thomas et ce que j'ai pu voir, t'es en bonne voie. Et pour ta mémoire ça donne quoi ?".


L'adolescent explique :"Bah pour ce qui est d'avant l'accident, j'ai quelques flashs, mais c'est tout. Cette nuit, je me suis réveillé en sursaut, car j'ai revu le moment où j'ai été percuté et j'ai entendu deux personnes qui semblaient affolées. Par contre depuis mon coma, je me rappelle de mieux en mieux des choses, même si souvent ça reste un peu catastrophique”, dit-il en rigolant. 


En sortant du bureau, le jeune patient revient vers le médecin, joyeux et fier de lui, et dit : "Docteur, j'ai oublié de vous dire, j'ai réussi à parler et montrer mes prothèses à quelqu'un".D'un air taquin, le médecin lui répond :" Et tu ne me crois toujours pas quand je te dis que tu vas de mieux en mieux. Allez à vendredi". Jean part pour voir le docteur Thomas, mais sur le chemin il se dit " A vendredi, comment ça A vendredi, j'ai rendez-vous vendredi?"


Dans les couloirs de l'hôpital, il croise Fatou et lui demande :"Salut Fatou, dit moi, j'ai rendez vous avec le dr Berrote vendredi ?" Elle lui répond : "Tout ce que je sais, c'est que si tu ne te dépêches pas maintenant, ton psy va t'attendre" En réalité, elle savait que le neurologue avait appris par Pedro, que la première avait  lieu le vendredi suivant et comptait aller le voir en spectacle.


Le Jour-J arriva et Jean ne se sentait pas du tout prêt. Il avait toujours des trous de mémoire et pratiquement personne ne le savait. Il tenta d'en parler à Pedro, qui lui-même n'avait pas une minute pour lui tellement, il était occupé. Jean avait l'impression d'être seul et débordé d'émotion, il était à la fois stressé et en même temps heureux de commencer.


Pendant la préparation, entre l'habillage et le maquillage, il vit ses parents par la fenêtre. Ils étaient en train d'attendre dans la file  accompagnés par le docteur Berrote. Jean laissa échapper un :" Oh merde!". Ce qui intrigua Cécile qui était en train de se faire maquiller dans la même pièce. "Pourquoi, oh merde ?" Demanda-t-elle.


"Euh bah y a mes darons, j'espère qu'ils ne vont pas foutre le bordel" dit-il d'un air gêné. Cécile se leva pris Jean dans ses bras et tenta, comme elle pouvait de le rassurer en lui disant que s'ils se faisaient remarquer, c'est eux qui se seraient ridiculisés tous seuls.


Une demie-heure plus tard, les rideaux se lèvent. Les premières scènes se déroulent parfaitement. Mais Jean ayant des problèmes pour s'orienter ne trouvait plus la scène, sur son chemin, il croise Christian qui l'embarque en le prenant par le bras et lui dit :"La scène, c'est par là !, en montrant avec sa main. Sur scène, tu suis Cécile et tu as juste à répéter ce qu'elle dit compris ?"


Jean acquiesce et arrive sur les planches un peu en retard par rapport aux autres personnages qui jouaient avec lui la scène de la révolte. Pour que cela passe bien, il improvise une excuse et explique:" Désolé Cheffe, en parlant de Cécile, j'ai oublié de passer à l'heure d'hiver !". "En plein mois de février, c'est plus un oublie là. Du coup, tu devrais rester sur ce fuseau horaire, tu devrais être à l'heure pour nos rendez-vous cet été !" rétorque Cécile. Un rire général se fit entendre dans la salle, les deux comédiens venaient de rattraper la scène.


Profitant de la chute imprévue d'un autre acteur, la comédienne fit une apparte et s'adressa aux spectateurs :" Vous voyez l'équipe avec laquelle je travaille, bah dite-vous qu'on est pas prêt de la gagner notre guerre contre le roi".


Quelques scènes après, le paysan devait remonter sur scène et surprendre une conversation entre deux autres personnages, mais rebelote, ses soucis le reprennent, il ne se souvenait plus du moment où il devait monter sur scène. Personne ne le trouvait, car il avait eu la très bonne idée de s'asseoir devant les premières rangées, en attendant son tour. Pedro, qui par chance, faisait une nouvelle fois souffleur, le voit et lui fait signe de se lever et lui signal qu'il devrait être sur scène. Jean commence à s'énerver intérieurement.


Pour sauver la scène, Pedro eut l'idée de demander aux techniciens lumière de mettre un projecteur sur le comédien. Afin qu'il soit intégré à la scène. A la fin de cette partie, le jeune homme devait sortir, énervé. Il décida donc de courir entre les spectateurs.


À quelques minutes de la fin de la représentation, il croise Lucile dans les coulisses. Elle était en train de répéter seule. Elle dit à Jean :" dans 3 min, à la fin de cette musique on monte tous sur scène, pour la scène finale, t'oublie pas !". Jean répond timidement :" J'y serai" mais il n'osa pas demander à la comédienne de l'emmener jusqu'à la scène, il n'a pas envie qu'elle se doute de quelque chose. 


Quand la musique s'arrête, toute la troupe est sur les planches, sauf Jean. Cécile qui devait, pour présenter chaque comédien, faire la revue des troupes appelle le jeune paysan. Lucile,  Lucile, part le chercher en disant au public :" Il est pas possible celui-là!". Elle le trouve dans les coulisses, l'attrape par l'oreille et l'emmène sur scène en l'engueulant. 


Lucile le pousse, il fait quelques pas où il manque de tomber, et l'actrice dit:" Le voilà Cheffe". Cécile ajoute :" Et voici, le nouveau membre de la troupe, Jean dans le rôle du paysan". Malgré les loupés, le public n'y a vu que du feu et lui réserve un tonnerre d'applaudissements. Le jeune homme, malgré son énervement interne, se sentait quelque peu rassuré.


A la sortie du théâtre, il croise sur le trottoir, le docteur Berrote qui avait pressenti que le néo acteur était énervé. Il voulait le voir pour le calmer et lui avait demandé pourquoi. Ce à quoi Jean lui avait répondu d'un ton sec :"J'suis pas énervé!". "Ça se voit ! répond le neurologue. Si t'as eu des problèmes durant le spectacle, c'est normal...". Jean le coupe et lui dit :" Nan c'est pas normal" et part en courant. Sur sa route, il croise son père à qui il lui à fait un regard noir, sans s'arrêter.


Il rentra dans la salle de spectacle, pour trouver Christine. Il en profita pour lui dire ses quatre vérités : "Je m'excuse pour tout ce bordel, mais par contre ce que comprend pas, c'est pourquoi tu n'as pas fait en sorte que je me sente à l'aise ici, à contrario des autres personnes" Il continua son discours tandis que Christine souriait de plus en plus bêtement, ce qui avait le don de l'agacer de plus en plus.

En repartant, il surprit un morceau de conversation entre Pedro et Christine.


Christine demanda à Pedro : "Pourquoi tu veux à tout prix qu'il reste avec nous ?". Et Pedro de répondre :" Parce qu'il me fait rire, et qu'il a sa place".


Le jeune homme ne mit pas longtemps à comprendre sur qui il pouvait compter, même si au fond de lui, il le savait déjà. Il retourne voir son médecin et lui demande s'il peut le ramener à l'hôpital, car il aimerait bien profiter du chemin en voiture pour lui parler.


Sur la route,  Jean posa une question au médecin : " Pourquoi être venu avec mes parents ?". "Pour que tu leur parles" répond-il. Avec un sourire jusqu'aux oreilles, il dit : "Loupéééé [Rires] nan, mais plus sérieusement, ils s'engueulent tout le temps à cause de l'accident, je peux jamais en placer une et c'est à moi de leur parler ?".


Le docteur Berrote, ne savait pas quoi répondre et par chance Jean changea lui même de sujet et demanda :" Est-ce que vous croyez que je devrais tout leur dire, aux comédiens, vu  ce qu'il s'est passé ce soir dans les coulisses et sur scène ?”. “Je crois que t'es le seul à réellement le savoir. Mais je pense que oui, tu devrais " dit le médecin.


Le lendemain comme tous les matins, Fatou, l'avait emmenée au théâtre. Mais ce jour-là, il était arrivé plus tôt que les autres. Avec l'aide de son infirmière, il trouva la scène, il s'asseyait sur le bord avec son carnet dans les mains puis Fatou repartit travailler.


Il resta comme ça, jusqu'à l'arrivée de la troupe. Il leur demanda de se mettre dans les gradins et leur dit : " Pour ce qu'il s'est passé hier soir, je vous dois des excuses et des explications. Je vais commencer par les explications. Il y a 9 mois, j'ai eu un accident de la route, j'ai été renversé par une voiture. Depuis, j'ai fait 6 mois de coma et si vous êtes bons en calcul, vous avez compris que ça fait seulement 3 mois que je m'en suis réveillé, et y'a quelque temps j'ai rencontré Pedro qui m'a fait intégrer la troupe. Depuis le coma, j'ai des difficultés pour retrouver la mémoire, mais le peu de texte que j'ai me permet de la faire fonctionner. J'ai aussi des problèmes pour lire et écrire, c'est pour ça que je mets beaucoup plus de temps que vous tous pour m'imprégner du texte et pour le réécrire, d'autant plus que je n'ai pas vraiment eu le temps. Le soir, à l'hôpital, je réécris tout ce dont je me rappelle, dans un carnet. J'ai aussi des problèmes pour m'orienter, d'où (en regardant Christian) le fait que tu ais dû me guider jusqu' à la scène. J'ai aussi des difficultés pour me repérer dans le temps, mais grâce à toi Lucile, je sais que 3 min équivaut au temps d'une chanson. J'ai amené avec moi mon carnet qui me permet de me souvenir de tout, là, vous voyez que j'ai vraiment essayé de réécrire tout ce que j'ai appris pendant les répétitions. Et la cerise sur le gâteau, il se relève et transforme son pantalon avec un ciseaux qu'il avait ramené de l'hôpital et dit : "Et oui, j'suis un estropié. Donc maintenant vous savez tout, et je m'excuse pour tous les désagréments, j'espère que vous me pardonnerez ”. Christian ajoute : “T'es un sacré bonhomme toi !” Ce qui fît sourire Jean.


Avant que ne commence la répétition, Cécile et Lucile sont allées prendre l'ado dans leurs bras. Quand Christine qui n'était pas présente lors des explications cria :" JEAN, PEDRO DANS MON BUREAU, MAINTENANT"


Tous les deux se regardèrent en rigolant et en se demandant ce qu'elle leur voulait. Puis le jeune homme dit aux filles :" Si on n'est pas de retour dans 10 min, appeler les flics".


Au bout de quelques minutes, les deux hommes resortirent du bureau avec un grand sourire et des larmes aux yeux, tellement ils rigolaient. Ils venaient de la sécher sur place. En effet, quand Christine, a dit au garçon qu'il n'avait plus sa place dans la pièce suite au fiasco de la veille, il lui a répondu :" La seule personne qui, aujourd'hui croit encore que je n'ai pas ma place, c'est toi, les autres viennent de me prouver le contraire. Et puis c'est toi la mal-aimée ici, tu gueules tout le temps, t'en fais jamais des erreurs toi ? Nan t'es miss parfaite, c'est vrai". Elle ne savait quoi répondre, du coup elle s'est tourné vers Pedro pour lui poser un ultimatum : "C'est soit il part, soit je pars". Ce à quoi, le directeur artistique lui a répondu : "S'il part, je pars avec lui, il n'est pas question de le laisser seul, et puis je pense qu'on ne serait pas les seuls à partir et que tu risquerais de te retrouver toute seule au bout d'un moment, donc autant ne pas perdre de temps".


Surpris, les comédiens de la troupe se sont posé des questions quand ils ont vu Pedro et Jean sortir du bureau en rigolant et surtout en voyant Christine claquer la porte.


Pedro dit :" Bon bah Christian, on va pouvoir faire des entretiens d'embauche pour une nouvelle directrice de la troupe".


Cécile lâcha un gros :"NAAAAN", ce qui fit rire tout le monde, avant de reprendre par :" Nan, mais d'habitude, c'est elle qui faisait partir les nouveaux, comment t'as fait Jean pour que ce soit elle cette fois?". "Ola vaut mieux pour toi que tu ne saches pas. Mais saches que j'ai été bien aidé" dit-il en lançant un regard complice à Pedro.


Durant l'après-midi, Jean avait encore un rendez-vous avec le docteur Berrote. Au moment d'entrer, avant même de dire bonjour Jean dit : "Docteur, vous devinerez jamais ce qu'il s'est passé ce matin". "Alors d'abord Bonjour" dit le médecin, rassuré de voir Jean de bonne humeur après la répète.


"Oui, excusez-moi, Bonjour docteur" dit-il. "Bon alors, que s'est-il passé ?" demande le Dr Berrote. Jean répondait : "Pour résumer, j'ai parlé, ils ont tous compris et le meilleur dans tout ça, la directrice a été fortement invité, par Pedro, à démissionner, parce qu'elle ne me soutenait pas comme lui m'aide. Je crois que j'ai trouvé une nouvelle famille".


"En parlant de famille, dit le spécialiste, tu sais ce que je pense ?". "Oui", répond-il d'un ton désespéré. "Fait pas cette tête-là, faudra bien que tu leur parles un jour " remarque le médecin. Jean regarde le doc et demande ;" Vous pourriez être là? Ça me rassurerait et est-ce que ca pourrait être ailleurs qu'à l'hôpital ? Ici, ce n'est pas top pour parler".


16 h, le samedi suivant, au café du coin. Jean et Dr Berrote attendaient les parents quand le jeune homme dit d'un air inquiet :" Doc, je ne sais pas comment leur parler". Le neurologue compréhensif , propose:" Tu veux que je prépare le terrain ? ". Jean de répondre : "Oui, ça m'aiderait, merci doc". "Arrête de m'appeler doc ! Je n'aime pas ce surnom" affirme le médecin. "D'accord, doc " taquine l'ado.


Les parents arrivèrent, s'installent et à peine après les salutations, le docteur commence :" Bon, je vous demande de simplement écouter votre fils, il a quelques choses d'important à vous dire et de ne surtout pas le couper même si vous n'êtes pas d'accord".


Jean prit une grande respiration et enchaîna :" Je m'excuse de ne pas avoir voulu vous parler, mais c'est la seule solution que j'ai trouvée pour vous faire réagir. À chaque fois que vous veniez, vous vous engueuliez, c'était intenable. Apparemment, aujourd'hui, on a de la chance, pas de dispute. Ensuite, je fais du théâtre, ça vous le savez déjà, et que vous le vouliez ou non je continuerais, j'adore ça, de plus j'aimerais devenir comédien. Le doc (en rigolant) pourra vous le dire ça m'aidera pour ma mémoire, et pour me faire accepter comme je suis. En somme, vous arrêtez de vous disputer devant moi, entre vous, je m'en fous, mais pas devant moi. Ensuite, je fais du théâtre et vous n'aurez pas le dernier mot sur ça ".


Sa mère se lève et fit un câlin à son fils en s'excusant. Son père, n'étant pas du genre à extérioriser ses sentiments et dit juste : "je comprends".


Le soir même, la deuxième représentation avait lieu et tout se passa comme sur des roulettes puisque non seulement les comédiens connaissaient les problèmes de l'adolescent et se sont tous adaptés. Ils avaient adapté les quelques scènes du jeune homme comme elles avaient été jouées la veille, car ils les trouvaient beaucoup plus drôles. 


Dans le public, il y avait une personne de marque, l'acteur dont Jean s'était souvenu. À la fin de la représentation, Pedro fit les présentations, ce qui provoque un déclic chez le jeune homme, qui était un peu secoué par tous ces flashs soudain. II en tombe dans les pommes, rattrapés in extremis par l'acteur de la photo.  Ils mis plusieurs jours à se remettre de tout ces flashs. 


10 ans plus tard, assis au premier rang d'une salle de spectacle, Pedro qui était devenu son producteur, Fatou, Cécile, Lucile, Christian, le Doc Berrote et surtout les parents de Jean. Ils venaient voir la première du nouveau spectacle du jeune homme qu'ils avaient connu. Un One man show retraçant toutes cette période, de l'accident, jusqu'à sa deuxième représentation. Il commença assis sur le bord de la scène, feuilletant les pages du carnet, comme il l'avait fait à l'époque. Ce soir-là, le spectacle avait cartonné et tous se retrouvaient à la sortie du théâtre pour finir la soirée ensemble.


Signaler ce texte