Jour de chance

     «Les vendredis 13 ça porte malheur mon cul, grommelait Léon, c'est la superstition qui porte malheur!»

          Les gars éclatèrent tous de rire au comptoir, fallait dire que Léon c'était le roi du proverbe, il en trouvait un nouveau tout les jours. Les gars disaient qu'il aurait du bosser au journal, à s'occuper du proverbe du jour sur la dernière page, entre l'horoscope et la météo...

          Léon paya son café et retourna au turbin. Il aperçu une piécette qui gisait sur le trottoir entre un vieux chouingome et un mégot. Il se baissa pour la ramasser, content de faire la nique au vendredi 13 en ayant de la chance en ce jour maudit, aussi infime soit-elle. Au même instant sur le trottoir d'en face, un chat noir qu'un chien avait effrayé, se réfugiât en haut d'une échelle, y surprenant un peintre qui lâchât son pinceau. Le type qui allait passer sous l'échelle, pas plus mou qu'un autre, eut le réflexe de se déporter vers la chaussée, forçant la voiture qui arrivait à faire une embardée la conduisant vers le trottoir opposé.

          Le pare choc ne para rien du tout et Léon fut écrasé.