Journal aléatoire d'un alcoolique en sevrage
lafaille
Le trop de sommeil me fait dire des bêtises, je n'ai pas eu affaire à la milice féministe, non, mais à ma pauvre vieille voisine Alberte, elle voulait simplement du sucre.
_Vous avez une sale mine !
Je n'ai pas répondu, pas le temps pour les banalités. Je lui ai ramené du sucre et j'ai claqué la porte. De toute façon, être aimable avec les femmes ne m'a jamais aidé. Au contraire.
Je me demande pourquoi tant de jolies femmes se promènent main dans la main avec des bœufs de la pire espèce, je n'ai jamais compris. Aucun goût et après elles osent militer. Cultive-toi, apprends femme et après tu viendras me parler. Il ne suffit pas de remuer son cul dans un beau jean ou de laisser ses poils pousser pour faire la révolution. Au final, deux types de femme que tout semble opposer dans leur manière d'être et qui se retrouveront dans leur lutte acharnée sur le même terrain glissant : la cuisine intégrée ou comment faire la révolution dans le néant.
Le cerveau me joue des tours, il dicte ma conduite de con, je ne supporte plus l'abstinence, et cette frustration qui touche mes organes vitaux se transforme en haine de la cause. De la cause première, celle pourquoi je suis devenue alcoolique : la femme. Fout-Le-Camp roupille, il est vieux, et plus il avance dans son âge, plus il se fout de tout. Il est devenu sage. Rien ne l'atteint à part mon absence, c'est si beau. Une vraie relation. Rien à voir avec ces relations causant ma perte à chaque fois que mon cœur s'est emballé pour la belle. L'amour, un grand mot, de grands maux, la merde à tous les étages de mon être. Et Suzanne qui rapplique, cette vieille alcoolique qui me fut fatale. C'est en l'observant au comptoir, après un passage à l'hosto, que j'ai décidé de m'abstenir, mais combien de temps vais-je tenir ? Elle me fait mal rien qu'en la regardant Suzanne, elle qui était si belle, belle mais femme, synonyme de danger pour mon pauvre cœur de mal foutu. Deux alcooliques en mal d'amour, c'est presque un pléonasme, deux négations de l'être dans le néant des heures passées à boire, et à se voir ivre dans les yeux de l'autre, comme une reconnaissance dans le pire. Une reconnaissance tout de même.
Viens Fout-Le-Camp, on va voir si j'y suis.