Journal aléatoire d'un alcoolique en sevrage
lafaille
C'est fou ce que les gens peuvent jeter. On pourrait nourrir la planète avec tout ce gâchis. Nous courons vers le pire, à chaque moment de notre existence où nous nous sentons en vie, nous nous acharnons à vouloir plus, encore plus. Jusqu'à la catastrophe. Une catastrophe étonnement poétique, la perte de l'homme dans son combat quotidien à devenir… mort. Il lutte le pauvre homme, et désespérément, incurable, cherche le sens dans sa quête frénétique du bonheur absolu. Malheureux que cet homme qui se sait mortel à chaque mouvement de sa poitrine, il respire il respire, et il sait que c'est en vain, que son passage sur terre ne changera rien au cours de l'Histoire. Voilà que l'envie de boire me reprend, le délicieux liquide anéantirait peut-être pour quelques minutes cette vision du monde chaotique, extrêmement lucide, cette lucidité qui conduit certains d'entre nous au geste fatal.
Je vais prendre l'air, le soleil me fera sûrement du bien, viens Reviens, Fout-Le-Camp, ils sont encore passés où ces foutus cabots. La malle, ah non impossible, je ne peux tenir sans eux. Ah les voilà, vous étiez où ? Comme s'ils allaient me répondre. La lumière blanche m'aveugle, je plisse les paupières, puis je regarde le ciel, les toutous explorent les jardins, reniflent la merde, et sautillent comme des rois à quatre pattes, heureux les chiens. Ils ne perdent rien de l'humanité, mais rien du tout. Je renifle la merde avec eux, en attendant quelque chose ou quelqu'un qui pourrait tomber du ciel, rien ne vient. Je repense à S A N D R I N E et à sa folle envie des yaourts, elle m'a quand même bien emmerdé celle-là. Des yaourts, et encore des yaourts. Même pendant l'amour. Quel gâchis que cette existence suspendue à celle des femmes. Les femmes, mon sujet de prédilection. Les femmes, la cause de mon alcoolisme. Les femmes, la cause de mon ennui. Les femmes, la cause de ma folie. Les femmes, la cause de tous mes malheurs. Putain d'Eve, salope ! Et conne comme sa bite celle-là. Oui, figurez-vous qu'Eve était une femme transsexuelle. L'histoire du monde a commencé sur un malentendu, une erreur de jugement, fatale la femme qui mangea la pomme. Une pomme sucrée des contes de fée, empoisonnement total de l'humanité, pourrie dans l'œuf cette humanité, les rats me bouffent encore la cervelle, putain de migraines qui me reprennent, c'est sûrement l'envie d'alcool. Allez venez les loulous, on rentre manger le pourri de l'humanité.