Journal aléatoire d'un alcoolique en sevrage

lafaille

Jour n°32

Quelle révolution ? Je tourne sur moi-même tel un fou en cage, moi aussi je fais la révolution, et bien coiffé en plus. J'ai toujours prêché la culture contre la nature, je suis un décadent, un hors-la-loi de bac à sable, un déchet.

Je me refuse à aider ma prochaine, à chaque fois ça sent l'arnaque avec les bonnes femmes. Je suis un marin sur la terre, et je ne prends plus de femmes sur mon navire, elles portent malheur, sorcières !

Cette nuit, un chat est passé par la fenêtre, non il ne s'est pas suicidé, il est venu me voir dans mon plumard. Vous allez me dire que venir me voir équivaut au suicide, je vous vois venir, vous voulez me faire tomber, vous ne pouvez pas, je suis déjà un survivant. Ou déjà mort, c'est vous qui voyez. Je m'en tape comme de l'an 40.

Fout-Le-Camp et Reviens ont un nouveau copain, et mes rats de laboratoire aussi, ils vont peut-être arrêter de me bouffer le ciboulot, cannibales ! Elle a bon dos la nature. Ce matin, bientôt midi, je donne du lait au chat, des croquettes aux loulous, ils inversent leur gamelle, vous croyez que ça m'amuse, vous vous foutez de ma gueule, ils font la loi maintenant, ah je vous jure heureusement que je vous aime, vous êtes gâtés pourris jusqu'aux os. Ils me le rendent bien. Sans eux, l'alcool coulerait de nouveau dans mes veines. Ils me donnent la force de continuer, continuer quoi ? Je ne sais pas, et je ne sais même pas si cela a de l'importance, on va tous crever, alors on fait moins les malins ? Oui je parle à des personnes imaginaires, elles sont beaucoup moins encombrantes que les vraies gens. Allez hop je me sauve, j'ai un rendez-vous.

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