Journal aléatoire d'un alcoolique en sevrage

lafaille

jour n°6

Hier, après la promenade de Fout-Le-Camp, je me suis écroulé sur le canapé, épuisé d'avoir pu renifler l'odeur de l'alcool. Déprimé à souhait, je n'ai pu écrire une seule ligne, rien ne venait, à part les battements de cœur-tambour dans mon cerveau malade. Vers 16 heures, je me suis assoupi, et j'ai encore rêvé de ce foutu rongeur, prenant ma cervelle pour du gruyère. Une cervelle avec des trous. Réveil brutal à 18h04, la grosse truffe de Fout-Le-Camp posée sur mon oreiller, reniflements du chien quémandeur de croquettes. Respirations haletantes de l'animal loup devenu domestiqué, un héritage de ses ancêtres. Mon estomac commence à avoir lui aussi des demandes, 6ième jour que je ne bois plus, et c'est ma première tartine de fromage. Le ventre vide, la tête en compote, et le cœur solitaire, j'engouffre 4 tartines, je suis pire que Fout-Le-Camp, je mords le vide qui me sépare de mon dernier verre d'alcool. Je repense à cette dernière rencontre, il y a deux jours, et je me dis que ce chien est meilleur que les meilleurs des  docteurs. Il m'aide à m'affranchir du pire de moi-même, à ne pas sauter le pas, et à dévaler les marches jusqu'au tombeau. Foutu chien fidèle, foutue vie, le bonheur, la bonne heure, la bonne idée, le bon choix, au bout du compte le malheur revient vite au galop, il se précipite pour me murmurer que la vie en moi a disparu. Cette putain, la vie ! Royaume des imbéciles, lit souillé des intelligents.

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