Journal de Cross, Chapitre 11

[Nero] Black Word

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Aujourd'hui, le soleil était caché derrière une couche de nuages gris clair. Nous étions encore en début d'après-midi, il devait être 13 heures et quelques, et à cet instant, un grand blond aussi sympathique qu'un piège à loup tenait fermement le col de mon blouson avec ses deux mains et me maintenait à environ dix centimètres au dessus du sol.

Les dents mâchonnant nerveusement un cure-dent, son regard planté dans le mien comme une lance me perçant le flanc, sa voix reflétait une colère que je ne comprenais pas.

"Je t'ai d'mandé qui t'es, connard !

- … Personne. Je passais par-là, je me baladais.

- Et qu'est-ce que tu fous là ?

- Je, j'ai… vu la porte et… Je me demandais ce qui se passait.

- C'est toi qui t'es installé là-haut, pas vrai ?

- Heu…

- REPOND !

- OUI. C'était tranquille comme endroit et il n'y avait jamais personne.

- Maintenant dis moi. Tu sais où est mon grand-père ?"

Son grand père. Est-ce que par le plus grand des hasards il parlait du vieux qui était venu ici hier ? Le doute n'était pas permis, mais s'il apprenait ce qu'il était devenu… ou pire encore, s'il apprenait ce qui m'impliquais dans cette affaire, la suite de cette histoire risquerait de mal se finir pour moi. Il me fallait sortir de cette impasse.

" Qui ça ?

- Mon grand-père ! Tu sais où il est ?"

Il semblait encore plus en colère que tout à l'heure et sa voix, ponctuée d'une haleine de cigarette, positionnait une rage palpable. Il devait vraiment tenir à son grand-père.

" Non !

- Me ment pas petite merde.

- Je ne sais même pas qui est votre grand-père.

- Je suis sur que tu te fous de moi."

Son poing était, en un éclair, venu entrer en collision avec mon estomac. La douleur me fit presque vomir mon déjeuner. Il me laissa m'écrouler sur le sol déjà jonché de poussière, avant que son pied ne vienne écraser la main que j'avais mis sur mon ventre.

J'avais mal. Terriblement mal. Cette situation me rappela à quel point je n'étais pas doué dans un combat physique. Plié en deux sur le sol, me cramponnant à moi-même, je le vis de toute sa hauteur me regarder.

" Alors ? Tu sais où est mon grand-père ?"

Vu ce dont il était capable pour obtenir une réponse, je n'osais imaginer ce qu'il me ferait s'il apprenait ce qui s'était passé la veille dans la cave.

" Mais j'en sais rien…"

Son pied revint d'un coup dire bonjour à mon système digestif, à travers ce que je devinais être une paire de rangers que je pouvais à présent voir de très près.

" Te fous pas de moi je t'ai dit. Je suis sûr que tu sais où il est."

J'avais mal, c'était horrible. Pour qui il se prenait pour me traiter ainsi ? Ce n'était qu'un grand con sans cervelle qui ne pensait qu'à jouer avec sa moto et pourrir l'existence du monde. Une nouvelle visite express de son pied dans mon ventre vint amplifier la douleur.

"Répond putain ! Où est mon grand-père ?

- … Je n'en sais ri… "

La douleur était insupportable. Le contenu de mon estomac venait de remonter dans ma bouche, s'étalant sur le sol, dans l'espace qui séparait mon visage de la chaussure qu'il n'avait pas encore utilisé contre moi. Mais je redoutais que cela change.

" Tu cherches à crever petite merde ?"

Il s'était accroupi et sa main venait d'empoigner mes cheveux, soulevant ma tête à hauteur de la sienne. Je sentais un fil de régurgitation couler sur le coin de mes lèvres pendant que la douleur me déchiquetait les entrailles.

Son regard haineux planté dans le mien comme une lame froide, il me présenta son autre poing à quelques centimètres de mon nez. Mon rythme cardiaque était affolé rien qu'à l'idée de ce qui pourrait arriver.

" J'te préviens. Si tu n'me dis pas ce que j'veux savoir, tu vas l'regretter."

J'avais mal, et jouer les ignorants n'allait finalement pas arranger les choses. Pour me débarrasser de lui, je n'avais plus vraiment de solution. Entre deux râles douloureux, je parvins à formuler une réponse.

"Ok mec. Tu veux savoir… où est ton grand-père ? Tu es passé dans la cave ?"

Les traits de son visage reflétaient brièvement son interrogation. Il n'avait manifestement pas cherché à cet endroit.

"La cave ? C'est là qu'il est ?

- Regarde bien."

Il lâcha ma tête qui retomba lourdement sur le plancher. Ses pas, soulevant des volutes de poussière, se dirigeaient vers l'entrée de l'escalier. Il semblait hésiter un instant, et se décida à descendre. C'était ma meilleure occasion pour appliquer le plan que je venais tout juste d'échafauder.

Me traînant jusqu'à la porte de la cave, toujours le bras contre le ventre, je le vis regarder à droite à gauche dans la pièce souterraine. Le plus discrètement possible, je refermais la porte et, d'une façon nettement moins discrète, je fis tomber un meuble sur l'entrée. Arrachant la poignée de la porte et détruisant les verres ainsi que les bouteilles qui étaient rangés dessus au passage.

Le bruit alerta immédiatement le jeune motard, qui remonta en trombe les marches et vint s'écraser sur la portière de bois, qui ne bougea pas grâce à l'étagère postée devant.

"Ouvre la porte !!"

Sa colère devait avoir atteint son paroxysme. Sans l'écouter, je pris tous ce qui pouvait sembler lourd pour fortifier mon rempart. D'autres meubles, des barils d'alcools, des chaises, des tables, …

"Qu'est-ce que tu fous putain ? Ouvre-moi cette porte avant que j'te tue !"

L'illogisme de sa phrase, dans cette situation, m'arracha un petit sourire. Une fois ma barricade terminée, je pris le temps de m'assoir en face de la porte, la voyant trembler par les assauts répétés de l'autre blond.

Je pus ainsi me remettre de la douleur qu'il m'avait causée et attendre qu'il s'épuise. Miraculeusement, malgré l'état déplorable qu'avait subit tout ce matériel, ma muraille improvisée tenait bon face à la rage de mon antagoniste actuel.

 

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