Journal de Cross, Chapitre 14

[Nero] Black Word

J'espère que ce quatorzième chapitre vous plaira, l'histoire se poursuite et la suite pourrait bien vous surprendre. N'oubliez pas de la commenter et de la partager, merci à vous. =)


Mon cœur résonnait fort en moi, comme s'il s'apprêtait à exploser mon torse. Le bruit sourd que je venais d'entendre m'annonçait que le grand blond n'était plus. Ou du moins, était sur le point de l'être.

Les images de son grand-père, pendant ses derniers instants, me revinrent en mémoire. Lui aussi s'était étranglé dans sa toux sèche jusqu'à s'abandonner lourdement à la force de la gravité.

Lâchant précipitamment mon carnet, j'entrepris de libérer le passage que j'avais tant maintenu fermé. Ne prêtant plus le moindre soin à ces lieux ou à la discrétion. Quand j'ouvris finalement la porte, Arno s'étala de tout son long à mes pieds, me regardant d'un œil aussi brillant qu'une chandelle sur le point de s'éteindre. De sa bouche aux lèvres sèches, il me dit ses derniers mots avec une voix étranglée.

" Mec… mec… s'passe quoi ? … merde…"

Le silence s'abattit aussi soudainement sur ces lieux que lui s'étant abattu sur le sol. Un silence que j'avais laissé planer pendant quelques minutes.

Durant ce lapse de temps, j'en avais profité pour attendre, l'oreille tendue vers l'extérieur, guettant si l'un des habitants du village, un curieux de passage ou un camarade motard avait eût la curiosité de venir épier l'établissement abandonné.

Comme rien ne vint troubler les évènements, j'en conclus que tout ceci n'avait alerté personne. Ramassant mon carnet et m'équipant de mes gants, j'avais entamé le transport du corps dans la cave en évitant de l'abîmé, mais ce bougre pesait bien trop lourd pour que je puisse le déplacer autrement qu'en le traînant.

Après l'avoir étendu sur le sol, je l'examinais pour recueillir plus de détail sur sa mort. Ses muscles me semblaient être devenus raides quand j'exerçais une pression sur son ventre, et ses os plus cassant quand je faisais bouger ses bras ou ses jambes.

M'assaillant sur la dernière marche de l'escalier, je notais ses impressions supplémentaires.  Suite à cela, je remarquais enfin que mon estomac me rappela qu'il était temps de dîner.

Mais je ne pouvais pas laisser Arno et le bar ainsi.

Je commençais par emporter l'objet du crime. Remontant les marches de l'escalier et traversant la salle jusqu'à l'entrée, je refermais tant bien que mal la porte. Derrière le comptoir, je dissimulais le verre parmi les autres, avant de ressortir en prenant soin de stabiliser la porte d'entrée. Espérant au moins donner l'illusion que les lieux étaient toujours fermés.

A la maison, le dîner fut très calme, la télé allumée sur la chaîne des infos et mes parents faisant quelques commentaires. Ils me demandèrent rapidement ce que j'avais fait de ma journée, je répondis vaguement que j'avais profité du paysage, fait un peu d'exercice et discuté avec des gens. Mais je n'avais pas traîné pour finir mon repas et retourner dans ma chambre.

Le sommeil se fit désirer pendant un temps qui me sembla être une éternité. Je repensais à Arno étendu dans la cave, ainsi qu'à son grand père et au propriétaire du bar entassés dans le congélateur. Ce lieu était loin d'être sûr, en particulier quand un objet aussi dangereux que ce verre y attendait le premier assoiffé qui aurait le malheur de le boire.

Mais l'emmener avec moi aurait été tout aussi risqué, après tout je ne savais pas grand-chose des objets. Y-avait-il une méthode particulière pour s'en protéger ? Pour les expérimenter ? Ou encore les conserver ? Et comment les distinguer des autres ? Y avait-il une astuce notable ?

Cette femme et ces hommes ne m'avaient pas semblé être embarrassés de problèmes le jour où ils s'étaient emparés du miroir. Mais peut-être que chacun de ces objets étaient différent sur ce point. D'où venait-elle ?

La police avait été mis à l'écart et elle avait récupéré le miroir, cela laissait à penser qu'elle était chargée de récupérer cet objet depuis le début. Etait-ce son travail ? Cherchait-elle ce miroir précisément ? Ou devait-elle recueillir tous les objets possibles ? Et dans quel but ? Les étudier ? Les utiliser ? Les enterrer ? Les détruire?

Je n'en pouvais plus de réfléchir à tout cette histoire. Aucune réponse n'était à ma portée et les obtenir serait extrêmement compliqué. Sans m'en rendre compte, je finis par sombrer dans le sommeil.

Ce sommeil était comparable à une longue chute dans les ténèbres. L'impression de ne pas toucher terre, de flotter et de tomber en même temps. Je pouvais voir, mais il n'y avait rien à regarder, mis à part l'obscurité. A mon réveil, je ne me souvenais de rien d'autre.

Me tirant du lit avant le début du jour, comme si je cherchais à fuir ces questions qui m'étaient revenus en tête, je me rendis dans la salle de bain. Me passant de l'eau sur le visage, cherchant à calmer mes craintes. Réfléchissant seulement à un moyen pour contacter cette femme et son organisation.

Je n'avais rien trouvé sur internet et maintenant que trois cadavres se côtoyaient dans un lieu trop peu sécurisé, il me fallait agir vite. En y repensant, cette femme avait pu rapidement être mise au courant alors que seule la police avait été appelée. Elle devait avoir un contact. Mais m'adresser directement au poste du village serait bien trop risqué et bien trop frontal.

Marchant d'un pas traînant à travers la maison, perdu dans mes réflexions au point que cela soit insupportable. J'en étais arrivé à déambuler dans le garage pour trouver une idée, tel un artiste qui partirait pour de nouveaux horizons pour trouver l'inspiration.

Et, d'une façon surprenante, l'idée me vint. Heurtant au passage mon incrédulité comme une voiture se heurtant à un mur de plâtre.

 

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