Journal de Cross, Chapitre 18

[Nero] Black Word

Voici le chapitre 18, on approche de la fin. N'oubliez pas de partager cette histoire avec les gens que vous connaissez, c'est important. =) https://www.facebook.com/BlackWordPage/


Elle avait joint ses mains devant son visage, les coudes posés sur la table, et semblait observer chaque détail me concernant. Son regard calculateur passant comme un scanner sur mes gestes, les traits de mon visage ainsi que sur mes réactions.

J'étais tout de même surpris par le fait que mon vieux carnet avait été conservé pendant tant de temps, car une fois les notes copiées il ne devait plus avoir la moindre valeur. En y repensant, je m'étais rappelé que je n'avais eu aucune raison de me le procurer à l'époque.

Me tournant à présent vers mon interlocutrice, je tentais tant bien que mal de paraître calme et maîtrisé. Mais mon inquiétude devait être palpable, en particulier pour quelqu'un d'assidu comme devait l'être cette femme. Ses mains se rapprochèrent de la table lorsqu'elle prit la parole.

"Monsieur Cross, au nom du centre, je tiens à vous remercier et vous féliciter de nous avoir apporté cet objet. Nos informateurs avaient perdu sa trace après que notre agent de terrain ait eu un accident qui lui coûta la vie. Je ne sais pas encore si c'est une chance ou non, mais l'essentiel est que l'objet soit en notre possession. Et comme vous pouvez le voir, vos informations ont été conservées et prises en compte avec intérêt par le centre."

Elle avait annoncé cela avec un tel calme, sans une once de sentiment venant effleurer ses mots. Je me disais qu'elle devait avoir l'habitude de parler de la mort et autres sujets morbides.

"En ce qui vous concerne, mon avis reste mitigé. Vous avez fait preuve d'une grande audace et d'une belle ingéniosité pour en arriver où vous êtes actuellement. Maintenant, racontez-moi. Quel a été votre parcours ? Je ne parle pas de votre vie professionnelle, mais de ce qui vous a poussé à entrer en contact avec le centre et vous a amené en ces lieux. N'omettez aucun détail et soyez sincère je vous pris.

- Et bien, tout à commencé à l'approche de Noël, l'année dernière…"

Ma voix avez été un peu hésitante sur le début mais cela ne dura heureusement pas. Je lui racontais comment j'avais découvert le C.D.C sur le badge d'une femme que je lui décrivis avec le plus de détails qu'il m'était possible de me rappeler, suivit du peu de renseignements que j'avais pu trouver par la suite.

J'en vins à la chance que j'avais eu de trouver le verre et son liquide mortel, suivit par mes expériences. Je pensais éluder les deux morts que cela avait entrainés, mais elle en fit la remarque et me demanda mon observation sur la cause de leur décès. Je ne pus seulement lui apporter que les corps avaient tout deux atteints la rigidité plus rapidement que la normale, ce qui devait approuver ma théorie concernant le dessèchement que provoquait cette boisson.

Je conclus mon histoire en lui parlant de mon message peint sur le bitume et de la visite du jeune homme qui m'avait rapidement interrogé, avant de m'amener jusqu'à elle.

"Et durant toute cette période, vous n'avez parlé du centre à personne de votre entourage ? Un membre de votre famille ? Un ami ? Votre partenaire ?

- Personne.

- Vous teniez à garder cette découverte pour vous ?

- Entre autre. Mais également parce que je doute que quelqu'un aurait pu me croire, si tant est que quelqu'un m'écoute.

- Vous n'êtes pas du genre à parler beaucoup ?

- Disons que je n'ai pas un grand cercle de fréquentation.

- Mais vous y teniez à votre découverte. Vous avez souligné le fait que vous avez hurlé à notre employée, la femme portant le badge, que le miroir était votre découverte et qu'il vous appartenait.

- En effet. Vous ne trouvez pas cela légitime ? C'est moi qui avais commencé à observer les effets produits par ce miroir. Sans mes notes, cette femme, votre employée, ne se serait jamais intéressée à cet objet. Mes notes que vous avez également gardées pendant tout ce temps. Mais vous le savez déjà, non ?"

Elle laissa planer un moment de silence, durant lequel je compris qu'elle analysait ma réaction. Et je remarquais également qu'en revenant sur ce point de l'histoire, je m'étais rapproché d'elle avec un peu de colère sur le visage et les mains crispés, à plats sur la table. Je repris mon calme immédiatement.

"Vous semblez beaucoup tenir à votre découverte. Est-ce de l'arrogance ou autre chose ?

- … Après plusieurs années à vivre une vie sans intérêts, que vous ne parvenez pas à rendre plus captivante malgré vos efforts, et qu'un jour vous avez la chance d'accomplir quelque chose qui captive tout votre intérêt et votre ambition, laisseriez-vous passer cette chance ?"

Elle laissa encore s'écouler quelques secondes de silence, que je devinais être plus occupée à m'analyser qu'à réfléchir à une réponse, avant de reprendre la parole.

"Je vois. En effet je comprends votre réaction. Mais j'aimerais en savoir plus sur votre but. Que désirez-vous exactement de ces objets ? Et également de nous ?

- Et bien je ne sais pas exactement ce que vous faites des objets que vous récupérez, mais je suis persuadé que des expériences sont menées au sein de votre centre. Et j'aimerais en faire parti.

- Vous avez déduit cela par vous-même ?

- Exactement.

- Je vois. Votre objectif est donc d'assouvir votre curiosité.

- Sur ces objets surnaturels, maintenant que j'en ai découvert.

- Bien. Mais au risque de vous décevoir, je me dois de vous informer de certaines choses. Tout d'abord, même si je vous ai félicité pour votre entrée, sachez que vous êtes loin d'être le premier que l'on accueille ainsi. Et que pour la plupart, pour ne pas dire tous, ils ont connu le même chemin de sortie."

Son regard était devenu plus dur en disant cela, comme si elle était d'un seul coup passée du gentil au méchant flic. L'interrogatoire était fini et laissa place à l'exposition de la situation.

" Il faut que vous sachiez également que le miroir, ainsi que le verre, ne sont en rien vos découvertes. Ces objets avaient depuis longtemps été repérés par nos informateurs. Concernant le miroir, notre informateur n'avait fait qu'attendre une bonne opportunité pour le récupérer. Votre intervention ainsi que celle de vos parents, rapidement suivi de la police, lui fit prendre un retard considérable, mais vos notes furent un plus qui justifia cette contrainte.

Pour ce qui est du verre, notre employé, ce jeune homme qui vous a amené ici, fut envoyé à cause du manque de réponses de notre informateur. Il vous a observé pendant un moment avant de nous informer de votre message et de vous interroger. Sans cela, votre appel n'aurait mené à rien. En vérité, c'est le hasard que vous avez suivi et qui vous à mené entre les murs du centre."

Le silence qui suivit pesa lourdement sur moi. Dans cette optique, j'en vins à remettre en doute toutes les pensées que je pensais solide concernant cette histoire, alors que mon stress monta rapidement en grade et que ses yeux ne me quittèrent à aucun instant.

Alors que la confusion et la détresse auraient dû me submerger, je me rappelais un détail qu'elle avait signalé et qui, à mon sens, remettait en cause ses propos. Avec le peu de certitudes qui me restait, je vins abattre mes cartes face à elle.

"Vous avez souligné le fait que mes notes furent un plus pour vous, cela signifie que mes efforts n'ont pas été vains. Je me permettrais également de plus parler de chance que de hasard. J'ai eu une occasion et je ne me suis pas privé pour la prendre. Maintenant, si vous doutez encore de ma motivation pour entrer dans votre centre, vous n'avez qu'à me mettre à l'épreuve."

Le silence qui suivi fut plus tendu, surtout pour moi. Son regard était toujours aussi dur et j'espérais avoir dis ce qu'il fallait. J'espérais également que, si épreuve il allait y avoir, j'allais pouvoir être à la hauteur. Puis, suite une attente difficile, un petit sourire apparut sur son visage.

Elle rangea mes carnets dans sa mallette qu'elle referma, se leva calmement et de se redirigea vers la porte, me laissant dans l'attente d'une réponse. A l'instant où elle s'apprêtait à m'enfermer seul dans cette pièce, elle se tourna une dernière fois vers moi.

"Je vais devoir en référer avec tous les dirigeants, vous allez devoir patienter un moment. Mais quelque soit l'issue de notre réunion, sachez que votre seul chance de quitter un jour cet endroit commencera par votre engagement en tant qu'employé au sein du centre. Dans le cas contraire, vous risquez fort de connaitre le même sort que ce Arno et son grand père."


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