Journal de Cross, Chapitre 5

[Nero] Black Word

Les événements semblent prendre une tournure surprenante. ;) Voici le cinquième chapitre, profitez en bien et n'hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez.


L'hiver n'était pas encore venir glacer le paysage, je décidais donc de m'offrir une longue promenade solitaire le long de routes goudronnées entre les champs de cultures agricoles. Tout cela était aussi ennuyeux qu'en métropole.

Mes pas m'avaient mené jusqu'au village du coin. Un rassemblement de maisons et de petits commerces aussi tranquille que le reste, avec de rares perturbations sonores venant d'un tracteur de passage ou d'une bande de jeunes en motos.

Mais dans cette errance, quelque chose attira ma curiosité. Un petit bistrot à la sortie de la ville qui semblait fermé depuis bien longtemps. Ma curiosité fut étrangement attirée par cet endroit insalubre.

Alors que la journée arrivait à son milieu d'après-midi et qu'aucun regard ne semblait rôder dans les alentours, je fis le tour du petit bâtiment, brisa le verre d'une fenêtre pour l'ouvrir et m'engouffra dans ce que je devinais être la réserve.

La saleté des lieux était encore modeste, contrairement à une odeur bien présente qui semblait vouloir me faire cracher ma bile à travers mon odorat. Un frigidaire entre-ouvert, de la nourriture oubliée, des bouteilles et des fûts submergés de poussière, ainsi que des meubles grinçants gorgés de moisis. Je poursuivis mes investigations jusqu'au coin de la pièce où se réunissaient une porte menant au bar, un escalier amenant à ce qui devait être le logement du propriétaire ainsi qu'un autre escalier pour se rendre à une cave.

Le bar en lui-même n'était pas bien grand. Un comptoir avec sa muraille de tabourets, des tables et des chaises dans une décoration qui aurait sans doute séduit les plus grands fans de football. Le dévolu de ma curiosité me fit descendre à la cave.

A première vue, rien de probant non plus. Un babyfoot abîmé, un flippeur éteint, des jeux de fléchettes, un congélateur. Je commençais déjà à désespérer, sentant l'envie de quitter cet endroit et de me noyer dans le sommeil en rentant à la maison. C'est là que, posant le pas sur la dernière marche de l'escalier en ciment, un tas de chair pourrit perça mes sens olfactifs et réussi à me plier en deux.

Choqué par cette odeur, l'acide suc gastrique de mon estomac me remonta dans la gorge jusqu'à se répandre sur le sol cimenté de la cave. Emportant avec elle mon dernier repas. Après m'être remis de cette surprise de mauvais goût, mes yeux virent l'étendu d'un corps pourrit, étendu contre le mur au fond de la cave.

A ses côtés se trouvait un verre de grande taille remplit à moitié par ce qui semblait être de l'eau. Je fus soudainement prit d'une envie de le boire, de laver le goût affreux de ma régurgitation qui me chatouillait la glotte. M'approchant lentement de l'objet, tendant le bras pour m'en emparer, un frisson tomba comme une eau glacée dans mon dos au moment de remarquer que, contrairement au contenu de tout l'établissement, ce verre n'était pas affecté par la poussière ambiante.

Mon esprit se mit à chauffer alors que la soif me dévorait les lèvres, mais la pensée d'avoir affaire à un objet aussi étrange et dangereux que le miroir, ainsi que de connaitre le même destin funèbre que ma grand-mère, me coupa toute envie.

Tout cela laissa rapidement place à l'exaltation. Je venais peut-être de mettre la main sur un objet rempli de secret, semblable à celui qui m'avait été retiré. Après tout ce temps à attendre, à espérer, à être déçu, toutes ces journées perdues pour du travail futile et des recherches infructueuses, je venais enfin d'obtenir un résultat prometteur. Il ne me restait plus qu'à en avoir le cœur net.

 

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