Journal de Cross, Chapitre 7
[Nero] Black Word
Chapitre 7 : Je m'étais levé avant le soleil, encore une fois. Mes questions, ma curiosité, mon envie d'en savoir davantage troublaient mon sommeil. Je sentais bien que cela ne m'apporterait que déconcentration. Je décidais donc de passer la journée dans le bar fermé, toujours en prenant garde de ne pas être vu, et de me reposer un peu. M'occupant en entretenant un peu les lieux et en réfléchissant sur mes notes.
Durant le début de l'après-midi, le silence de la campagne fut troublé par le passage bruyant d'un petit rassemblement de motos pilotées par des individus pas plus âgés que moi. Bien plus jeunes si je devais comparer notre intelligence.
Les observant discrètement par la fenêtre qui m'offrait une vue dégagée sur un petit parking, je voyais ces gens rire entre eux à des blagues stupides et à faire hurler les moteurs de leurs véhicules. Tous portant des blousons en cuir, assis sur des motos avec des filles, comme un énorme cliché de l'idée que l'on se fait d'une bande de voyous des années 70/80. L'un d'eux arriva malgré tout à se démarquer par ses cheveux blonds.
Cette vision devint rapidement ennuyeuse, l'étude de la stupidité d'un groupe d'individus n'avait rien d'intéressant. A part si ces derniers pouvaient m'aider pour mes expériences.
L'idée séduisante m'était venue assez rapidement, considérant ces personnes comme inutiles et sacrifiables. Mais encore fallait-il en faire venir un ici sans le moindre risque. Séparer l'un d'eux du groupe qu'ils formaient tous me semblais déjà difficilement possible.
Dans un soupir je retournais à mon bivouac et mes yeux se fermèrent. Me plongeant dans un demi-sommeil où mes pensées s'animèrent d'une sorte de vie fantomatique et illusoire.
Ce verre étrange au contenu aussi mortel qu'inconnu dansait devant moi, et je revoyais ces rats venir mourir autour. Rien d'original m'étais-je dis, c'est alors que je m'étais mis à imaginer ce verre dans un tout autre contexte, mais manquant d'imagination, ma première idée fut un petit bistro de campagne.
Une ambiance calme avec des gens qui discutent, des haussements de voix provoqués par des rires, rien de notable dans cette petite histoire. Et je me demandais comment ce lieu et cette soirée pourrait être détruit par un simple verre. Mais ce dernier, je l'avais retrouvé au côté d'un seul mort dans la cave. La vision de cette homme, seul, assit dans le fond de sa cave, buvant uniquement le contenu étrange de ce verre jusqu'à ce que mort s'ensuive, me vint. Accompagnée d'une question que je regrettais déjà de ne pas m'être posé avant : qu'arriverait-il exactement à un sujet s'il ne lui était possible de boire que ce fameux liquide ?
Je me mis dès lors à faire une liste de suppositions à l'avance démontées par le fait que, pour en être certain, je devais, et surtout je voulais, voir la réponse à cette question de mes propres yeux. A cet instant, seule la fatigue m'empêchait de me lever de mon lit de fortune.
Morphée m'enlaçait tendrement dans ses bras, pendant que mon cerveau était harcelé d'hypothèses, de questions, encore et encore, mais le sommeil eût finalement raison de moi et m'emmena en douceur dans le monde des songes.
Ce bruit me réveilla en sursaut, rapidement suivi par la collision entre l'arrière de mon crâne et le mur. M'efforçant à reprendre mon calme, je me levais et m'approchais le plus discrètement possible de l'escalier où j'entendis la voix ponctuée de toussotements d'un homme qui me semblait âgé, juré et appeler quelqu'un.
"Cacao. Viens là sale sac à puces."
De toute évidence, un résident de cette campagne venait de s'introduire tant bien que mal dans ce petit bar abandonné, probablement à la recherche de son animal domestique. Rapidement, mes pensées revinrent sur le fameux verre, et surtout sur l'endroit où je l'avais laissé. Dans de la cave.