Journal de Pandémie, semaine 4
Nenni Bahe
Lundi 6 avril
Mon père est philosophe à ses heures perdues. Je suis allée cet après-midi ravitailler mes parents sur leur colline, à deux mètres de distance comme il se doit. Un écart suffisant pour brimer les accolades et, on le souhaite de tous nos voeux, les virus, mais qui permet encore de jolies discussions. J'en retiens ceci : “Pourvu que cette période réapprenne à l'humain que le calme ne lui fait que du bien !”
Mardi 7 avril
Tellement plus de questions que de réponses. D'accord, ici notre courbe de contagion s'applatit, et s'installe dans la durée. Mais alors, quand sortirons-nous ? Sous quelles conditions ? Se dessine en trame de fond un bras de fer entre le monde sanitaire et le monde économique. Je fais partie de ceux qui pensent que notre système financier doit s'effondrer pour permettre l'émergence d'autre chose, plus respectueux de l'humain et du vivant dans sa globalité. Alors cette crise du Corona va-t-elle provoquer une prise de conscience qui nous aidera à négocier le virage ou au contraire, va-t-elle nous précipiter dans le mur ?
Mercredi 8 avril
Le temps continue à s'écouler, mais c'est comme s'il s'était décompartimenté, défragmenté. Alors que notre espace se rétrécit à la taille de nos habitats. On se croirait à l'intérieur d'une perturbation de l'espace-temps !
Jeudi 9 avril
Petite série de vidéo-consultations justfiant mon après-midi au Cabinet, vissée à mon PC et mon téléphone. Quelques aléas techniques, aussi, sinon ce ne serait pas moi !
Vendredi 10 avril
Je suis malade. Rien de médiatique ou donnant l'air de mettre ma vie en danger. Une gastro, une indigestion, quelque chose de ce goût-là. Je réalise le nombre de trucs que l'on fait, quand on a le luxe d'être en santé dans son confinement.
Samedi 11 avril
Dispute de couple. Toujours la même chose. L'inadaptation de l'un à l'autre, les souhaits pas perçus, les cris pas entendus. On se perd, mon homme, chaque jour un peu plus. On verra si, à la fin de ce temps dit confiné, il restera quelque chose à sauver. Mais il est sûr que le cas échéant il faudra s'y employer, et plutôt rapidement.
Dimanche 12 avril
Zoom-apéro des familles. Sympa, mais plutôt laborieux, on y perd quelques membres. Vivement que l'on puisse à nouveau tomber dans les bras les uns des autres : cela ne demande que des compétences sociales et non techniques.
Lundi 13 avril
C'est déjà ainsi après quelques jours de vacances. Un besoin viscéral d'évasion, de liberté; l'impression que le cocon familial ne cherche qu'à m'étouffer. Alors je m'évade, sur ma vélotte et son é-moteur peu performant, qui me permettent, en dosant savament mon effort et celui de ma mouture, de filer par les campagnes jusqu'aux confins du Mandement, et d'en revenir moulue, 30kms et 3 heures plus tard.
Je n'ai toujours pas résolu la question : S'accomplit-on mieux en faisant ce que l'on aime, ou avec ceux que l'on aime ? Car les deux ne se rejoignent que fugacement ...
Et oui : j'adore être perdue, plus ou moins dans la bonne direction !
Oui, chaleur ! Parfois mon esprit s'emballe, ne métabolise même pas ce qu'il vient d'écrire. D'autre fois, il dort tranquille pendant quelques semaines ! :))
· Il y a plus de 4 ans ·Nenni Bahe
J'aime bien la conclusion... vous devriez peut-être dire à votre esprit que le calme fait du bien... :)
· Il y a plus de 4 ans ·chaleur